Messages - Kodeni
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« le: 19 Novembre 2023 à 14h19 »
NEWS
Cette version du chapitre 29 est une version rééditée de la publication originale du 30 avril 2012. Bonne relecture aux lecteurs les plus fidèles, et bonne découverte pour les nouveaux.
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« le: 6 Novembre 2023 à 13h33 »
Chapitre 84
Dans une des ailes réservées aux familles bourgeoises du Walhalla, à l’intérieur de ses appartements, Bedra de Edel, émerge doucement de cette nuit agréable, qu’elle a passé emmitouflée dans ses draps. Malgré le réveil, elle paraît toujours aussi séduisante. Ses longs cheveux blonds soyeux et à peine dépeignés, ne gâchent en rien cette beauté que chaque homme rêve d’avoir à ses côtés au matin.
Ses yeux améthyste se tournent instinctivement de l’autre côté du lit, celui-ci est hélas déjà vide en ce matin du 23 mars 1987. Très vite, son futur époux la rassure. Couvert de sa God Rob, casque sous le bras, Syd de Mizar admire le paysage depuis la grande fenêtre où il s’est posté : « Bientôt tu continueras à passer d’aussi agréables nuits que celle qui vient de s’écouler. » Sa promise se penche légèrement et admire un temps moins capricieux que d’ordinaire. Hormis quelques flocons qui voltigent dans un vent relativement calme, le ciel paraît clément en ce jour à Asgard. _ « Odin bénit déjà sa Majesté Hilda d’entreprendre notre conquête du Sanctuaire. _ Alors c’est toi que la Princesse de Polaris a choisi ? _ Oui. Je dois me rendre au Sanctuaire jauger la puissance des Saints qui protègent Athéna et, accessoirement, ramener sa tête si la tâche n’est pas trop ardue. » L’engouement du Guerrier Divin n’est pas partagé par la belle des neiges : « Je suis surprise que tu prennes plaisir à ôter la vie d’une déesse qui nous a toujours été présentée comme alliée à Odin. » Bien plus impulsif avec elle depuis qu’il a découvert sa liaison avec Bud, le God Warrior de Zeta s’emporte : « Parce qu’une divinité qui nous condamne à vivre ici dans ces conditions, est une alliée pour toi ?! Bien sûr, en restant au chaud à profiter des trophées de chasse de nos serviteurs, tu ne dois pas te rendre compte de la rudesse d’une vie ordinaire dans ces contrées ! Demande à Thor ce qu’il en pense. Interroge-le sur le nombre d’enfants morts le mois dernier à cause des conditions de vie déplorables ici ! » Discrète, effrayée, Bedra se contente de murmurer : « Je suis simplement surprise qu’Hilda accepte soudainement de faire appel à la violence. Elle et sa s½ur abhorrent toute forme de haine. D’ailleurs, en parlant d’elle, où est Freya ? Que pense-t-elle de tout ceci ? Et le Seigneur Sigmund ? On dit que son frère fut nommé à sa place God Warrior ! » Préférant s’épargner de longues explications, le second de Siegfried choisit de taire la mise au cachot de la cadette de Polaris. Il fixe son casque sur son crâne et déclare : « Qu’importe les moyens. Les Asgardiens souffrent depuis trop longtemps. Hilda me fait l’honneur d’être son messager. Il est convenu que je parte dès le lever du soleil. Je reviendrai victorieux au nom de notre futur mariage. Sous peu, tu épouseras un prestigieux Guerrier Divin sous le soleil grec. » Il emprunte la sortie sans plus poser un regard sur la jeune femme qui cajole son corps nu dans ses draps.
C’est lorsque son regard désespéré fuit vers l’horizon, qu’elle distingue au coin de la fenêtre une apparence similaire à celle de son fiancé. Toutefois, sa God Rob est d’une couleur plus laiteuse que celle de Syd. Un mélange de nostalgie, de gratitude et de soulagement se bouscule dans son c½ur quand elle réalise qu’il s’agit de Bud, son amant interdit, ombre éternelle de son premier amour. D’un léger hochement de la tête, son premier geste à son égard depuis des mois qu’ils ne se sont plus vus, Bud d’Alcor fait comprendre depuis l’extérieur qu’il veillera sur son jumeau…
Au même moment, à Blue Graad, à l’intérieur du palais, le nouveau roi traverse les couloirs en prenant le soin de renvoyer à chaque homme le salut qui lui est adressé. En tenue officielle, une longue cape blanche maintenue par des épaulettes d’acier bleues couvrant sa soutane immaculée, Alexer inspecte son palais. Sa promenade le conduit dans une chambre magnifiquement décorée. De longs morceaux de tulle rose sont accrochés par chaque extrémité au plafond, tandis qu’une dizaine de tableaux habillent les murs. _ « Cette touche féminine fait de cette pièce un lieu de dépaysement, déclare-t-il à l’occupante. » Assise devant son bureau, maniant la plume, sa s½ur recoiffe ses cheveux couleur de blé, afin d’être plus présentable devant son frère. _ « Il est vrai que ces pierres blanchies par le froid nous rappellent chaque jour la rudesse de notre contrée. Lorsque je m’enferme ici, je voyage quelque peu, lui répond-elle. » Le Blue Warrior surplombe sa s½ur pour chercher à lire ce qu’elle rédige. _ « Ecris-tu à l’Asgardien dont tu t’es énamourée ? _ En effet. Comme Utgarda, le messager, n’a pu partir hier en raison de la tempête, j’en profite pour écrire à Surt un courrier plus long que d’ordinaire. _ Il est vrai que le froid s’est levé beaucoup plus vite qu’à l’accoutumée. Peut-être devrais-je profiter de la présence d’Utgarda pour proposer une rencontre entre Hilda de Polaris et notre royaume ? Peut-être serait-ce l’occasion d’aborder d’éventuelles fiançailles entre Surt et toi ? » Aussitôt, sa s½ur lui bondit dans les bras. _ « Est-ce vrai ?! Tu accepterais ?! _ Comment pourrais-je refuser quelque chose à ma s½ur bien-aimée ? Et puis, je n’ai actuellement aucune épouse, aucune descendance. S’il m’arrive quelque chose, ce sera à toi de prendre le trône. » Alors qu’il prend congé, Natassia le serre chaleureusement dans ses bras : « Ne parle pas de malheurs voyons. »
En sortant de la pièce, Alexer retrouve son escorte personnelle, composée de Rung et Ullr. Sentant la fatigue le gagner, Alexer demeure songeur après son échange avec sa s½ur : « J’ai bien peur hélas que le malheur ne se soit déjà produit. Jamais dans toute l’histoire de Blue Graad une nouvelle vague de froid n’était tombée si vite. Ce signe n’est pas anodin. Le messager d’Asgard ne peut repartir dans de telles conditions et je ne peux me rendre à Asgard chercher des réponses. Je ne peux pas abandonner une nouvelle fois mon peuple. Cette situation m’inquiète quand même. Qu’est-ce qui se passe sur Terre ? Je sens les cosmos des Asgardiens s’accroîtrent jusqu’ici. » Il progresse finalement jusqu’aux portes du palais que deux gardes lui ouvrent à peine, la morsure du froid venant immédiatement souffler les torches du couloir.
Habitué à ce froid ravageur, lui qui a vécu dans les ruines positionnées plus loin durant ses années d’exil, Alexer entame une approche vers son ancien quartier général aujourd’hui abandonné. D’un signe de la tête, il laisse Rung et Ullr aux remparts du palais. Seul, à bonne distance, dissimulé par les épaisses bourrasques neigeuses, Utgarda, l’hôte d’Asgard, garde un ½il sur le Roi de Blue Graad. Bien qu’alliés désormais, l’Asgardien demeure attentif aux agissements des Blue Warriors.
Avec dépit, Alexer part faire le tour de ce camp de fortune où sont encore restés quelques fourrures et amphores vides, vestiges de la présence passée des renégats qu’il avait réunis. _ « Maintenant, mes hommes qui ont survécu ne font plus qu’un avec l’armée de Blue Graad. Pfft… L’armée… Une simple cohorte de vingt hommes. Heureusement que la paix est revenue. Mais pour combien de temps. » Il s’arrête devant ce qui était sa couche et se remémore quelques instants passés avec Ksénia : « Je t’ai toujours cru de bon conseil. N’ayant que toi auprès de moi, j’ai suivi tes recommandations. A quel prix ?! Mon père est mort et j’ai failli détruire ma nation. J’ai affaibli l’armée des Blue Warriors en perdant Midgard. Et pourquoi ? Quels intérêts pouvais-tu bien servir ? Je t’aimais et ton image reste gravée dans ma mémoire. Seulement, Ksénia, te reverrai-je un jour ? » Comme pour lui répondre, un tourbillon de flocons se forme sur le sol de la demeure où la neige réussit à tomber par les brèches dans le toit. De façon similaire aux différentes apparitions de Ksénia par le passé, le phénomène libère une pression cosmique intense. Penaud, ne sachant que faire, hésitant entre sentiment de colère et soulagement à l’idée de revoir enfin celle qui a occupé ses pensées ces dernières années, Alexer sert les poings, bras tendus le long de son corps. Peu à peu, la neige fond le long de cette silhouette qui se forme. Puis, tout autour, le parterre de glace devient une véritable marre qui inonde Alexer jusqu’aux chevilles. Très vite, Alexer comprend que ce n’est pas son ange, qu’il soit gardien ou démoniaque, qui vient à lui. Lorsque le blizzard passe à travers lui, il se change en un courant d’air chaud qui vient fouetter le visage du Sibérien et l’empêcher de parfaitement distinguer cet homme aux cheveux mi-longs, à la couleur du soleil couchant. Coiffé d’un diadème aux mêmes couleurs sombres et célestes que celles du reste de sa protection, l’inconnu présente des liens évidents avec la Grèce tant l’étole qui passe par-dessus son épaule gauche et dessous la ceinture de son armure pour former une jupette donne un style antique. Déçu, Alexer grommelle : « Je croyais qu’il s’agissait de mon ange. » D’une voix calme et posée, l’inconnu qui porte un cristal à chaque oreille confirme : « Mais je suis un Ange. Idaios, l’Ange qui vient de l’Olympe pour te donner la mort. » Face à l’annonce du rang de l’intrus, Alexer recule d’un pas, devinant le niveau de l’Olympien : « L’Olympe ?! Je ne comprends pas ? Quel sacrilège ai-je commis ? » Idaios ferme les yeux et s’avance avec suffisance : « Celui de fouler cette Terre. » Sans crier garde, l’ennemi balance un coup de pied, dont le talon fend par surprise la pommette droite du souverain. N’ayant pas le choix, ce dernier se ressaisit et balance une droite face à laquelle se baisse Idaios. Alexer espère le coincer contre le sol, alors il tente une gauche mais, cette fois-ci, très vite et très simplement, l’Ange saute au dessus de lui et à même le temps de le frapper avec son pied derrière la nuque en retombant derrière son dos. Quand Alexer se retourne pour tenter de l’attraper et l’étreindre, l’Ange effectue un salto dans les airs pour retomber le genou en premier sur le sommet du crâne d’Alexer et le faire tomber dans les flaques de neiges fondues…
Concomitamment, en Grèce, le soleil printanier passe aux travers les diverses brèches faîtes par le temps sur les pierres de la demeure du Bélier. Il se reflète sur les armures d’or des cinq Saints réunis chez Mû. Chaque Saint, Aiolia pour Pégase, Mû pour le Dragon, Milo pour le Cygne, Aldebaran pour Andromède et Shaka pour le Phénix, a à ses pieds les morceaux des armures des chevaliers de bronze qui ont risqués leurs vies pour Athéna. Brisant le silence qu’ils se sont imposés en se figeant devant le résultat de leurs affrontements contre les protecteurs de la Déesse de la Sagesse, Mû demande : « Vous êtes prêts ? Allons-y ! » Sans hésiter, Aiolia et Milo s’ouvrent les veines pour baigner de leur sang les Cloths meurtries.
Se soutenant les uns, les autres, conformément à l’invitation de Shaka la veille, Seiya, Shiryu, Hyoga, Shun et Ikki les rejoignent. _ « Aiolia ! Que faîtes-vous, demande Seiya ? » Impassible, Mû s’adresse au Saint du Dragon. _ « Shiryu, tu dois te souvenir du moment où j’ai régénéré l’armure de Seiya. _ Comme l’armure de Seiya d’alors, nos armures seraient-elles mortes ? _ Oui, les armures ne sont pas de simples protections. Elles sont vivantes. Pour les ressusciter, il faut leur sacrifier une vie. _ Je me souviens qu’il faut la moitié du sang d’un corps humain pour ça, réagit Hyoga. _ Mais l’être humain meurt s’il perd plus d’un tiers de son sang, complète Ikki. _ Vous allez donc ressusciter nos armures au péril de vos vies, s’inquiète Shun ? _ C’est naturel, déclare fermement Aiolia. Vous avez surmonté des épreuves inimaginables pour sauver Athéna. Vous avez accompli notre devoir de Saint d’or. Si nous pouvons nous acquitter ainsi de notre dette, notre honneur sera sauf. » Convaincu et reconnaissant, Seiya admire son aîné : « Aiolia ! » Milo développe : « Nous vous reconnaissons comme les vrais chevaliers protecteurs d’Athéna. » Suivi par Shaka et Mû, Aldebaran offre son sang en approuvant les propos du Scorpion : « Tout à fait ! » En quelques secondes, l’aura dorée des Saints d’or inonde les morceaux de bronze grâce au sang dans lequel ils baignent…
Pendant ce temps, à Blue Graad, dans les ruines à la frontière de la cité, Alexer balance tous les enchaînements possibles sans parvenir à ne serait-ce que frôler l’envoyé d’Héphaïstos. Lassé d’esquiver avec facilité, l’Ange le cogne à sa pommette fendue avec plus de puissance dans sa jambe que tout à l’heure. Alexer passe à travers un mur et choit dans la poudreuse. Défiguré, l’os sous son ½il droit probablement fracturé, il interroge son adversaire. _ « Cette façon d’apparaître tout à l’heure… Elle ne m’est pas inconnue. Ksénia… Tu la connais n’est-ce pas ? Il s’agit d’un Ange de l’Olympe c’est ça ? _ Tu veux sans doute parler d’Helénê ? Oui, il s’agit d’un Ange. L’Ange le plus puissant d’entre nous d’ailleurs. _ J’ai donc été un pion de l’Olympe, grimace le Sibérien. _ Bien évidemment. Comment pourrait-il en être autrement ? Vous vivez sous l’égide des dieux. _ Ils se sont servis de moi pour organiser je ne sais quelle manigance ?! _ N’est-ce pas un honneur d’avoir été choisi par les dieux pour mener leurs desseins, demande sincèrement Idaios ? » En guise de réponse, le Blue Warrior écarte les bras et fait venir à lui son armure. _ « Certainement pas quand il ne s’agit pas de ma déesse ! D’Athéna ! _ Vous êtes si particuliers les humains. Nous parlons des dieux de l’Olympe, pas d’une vulgaire réincarnation qui a choisi de mener une existence faite de souffrance. » Galvanisé par le revêtement de son armure au bleu métallisé, le chevalier de glace accroît son cosmos afin de lancer une bille de cosmo énergie bleutée : « Voilà ce que j’en fais de ta vulgaire réincarnation ! Blue Impulse ! » La bille devient un réel orbe autour duquel gravite des anneaux de glace. La déferlante polaire fonce sur l’Ange qui n’esquisse même pas la moindre réaction. Au moment d’être heurté, il ralentit le mouvement glacial et le laisse danser devant lui : « Je suis stupéfait. Pas par ta technique mais par ta réaction bien sûr. Tu oses lever ta main sur le messager des dieux que je suis. Mais l’affront le plus grave, c’est cette offense même que tu fais aux dieux en refusant de mourir. Comment peut-on ignorer les règles de ces entités supérieures ? » Alexer continue d’injecter son cosmos dans son arcane immobilisé, afin de faire pencher la balance. _ « Et le libre arbitre ? _ Le libre arbitre, demande Idaios ? _ Que fais-tu du libre arbitre ? L’homme a toujours su s’émanciper, afin d’avoir droit à sa liberté. Tout ce qu’il a crée, il l’a bâti à la force de ses convictions, de son c½ur et de ses mains. _ Et que fais-tu de tous les cadeaux des dieux ? Le feu de Prométhée, les… _ Mensonges ! Mensonges de tes dieux qui ne supportent pas l’autonomie des hommes ! Pires, qui jalousent leurs vies faites de passions ! » Toujours aussi inexpressif, l’Ange déploie autour de lui sa cosmo énergie : « Je vois qu’il est inutile de chercher à convaincre un fou. Voilà donc ce qu’a engendré la faiblesse d’Athéna. Je refusais de croire à cela jusqu’ici. Il aura fallu que j’accepte cette mission sur Terre pour réaliser à quel point ce monde que nos maîtres vous ont offerts est corrompu. Vois donc ce que je fais de ton libre arbitre. » Tout à coup, comme s’il suffit pour lui de claquer des doigts, l’Ange change les anneaux de glace en anneaux de lave. Le c½ur de froid devient semblable à du magma en fusion. Le parterre givré devient une immense terre volcanique. La neige s’est changée en braises sur des kilomètres à la ronde, menaçant presque le palais et les habitants qui l’entourent. Des éruptions transpercent le sol et dévorent la neige pour laisser paraître un sol rocailleux qui n’avait pas été déshabillé depuis des millénaires. Au milieu de l’enfer de feu, Alexer tombe à genoux, déstabilisé par le choc des températures. La sueur lui coule dans les yeux et il manque de justesse d’être emporté par son orbe désormais enflammé, lorsque celui-ci lui est retourné. En roulant sur le sol, il est ébouillanté par la vapeur d’un jaillissement de lave. Et lorsqu’il réussit tant bien que mal à se relever, il encaisse une droite en plein visage. Reculant de quelques pas, il pare un enchaînement de droites et de gauches puis saute dans les airs pour s’extirper de ce corps à corps et de l’atmosphère suffocante. Malheureusement, à peine la distance prise, il remarque son adversaire dans son dos. Avec lui, par le biais de son cosmos, il semble avoir attiré une immense vague de lave : « Vulcanus Gash. » L’onde frappe Alexer sur toute la largeur de l’abdomen en lui fendant son armure. Le magma s’infiltre par la brèche, comme pour ronger le Blue Warrior dont le corps se tortille dans tous les sens avant de convulser et d’imploser. Les épaulettes, la ceinture et tous les ornements de sa Cloth volent en morceaux, tandis que son corps s’échoue sur le parterre boueux…
A cet instant, au Walhalla, strictement bardé de sa God Rob, Siegfried arpente les allées du temple sur la demande d’Héraclès que Hilda a fait mandater. Pas à pas, il progresse dans les appartements de l’impériale splendeur où le quitte le soldat qu’elle congédie une fois qu’il a accompli son devoir. Droit, tenant son casque sous le bras, le Guerrier Divin d’Alpha s’agenouille, en attendant que sa souveraine se présente depuis la pièce d’à-côté pour lui rendre les hommages qu’il lui doit. Durant la longue attente, il détaille les éléments qui composent le logis privé de la représentante d’Odin. Contre un mur, un tableau d’elle et de ses défunts parents tenant le nourrisson que Freya était. Sur celui d’en face, une immense glace renvoie l’image idyllique d’une famille heureuse. Les tapisseries sont propres, claires, illuminées par quelques bougies posées sur les commodes où trônent quelques corbeilles de fruits.
C’est alors que le timbre noble de l’aînée des de Polaris assure : « Ces fruits viennent de la dernière cargaison du Port du Destin en Crète… » Toujours à l’affût, Siegfried est pris pour la première fois au dépourvu en n’ayant pas senti venir celle qu’il aime. Sa surprise n’en est que plus grande lorsqu’il découvre ses longues jambes nues dépasser d’un peignoir noir en satin, les cheveux encore humides, un verre de vin à la main. Sa stupéfaction ne permet à aucun son sortant de la bouche d’Hilda d’atteindre son cerveau : « … et nous boirons de ce délicieux vin français sur les côtes où il a été réalisé lorsque Syd reviendra. » L’évocation de son ami ramène l’Asgardien à lui, après que l’aristocrate lui tend une coupe de ce fameux vin. En se relevant, convaincu que la tâche ne sera pas aussi aisée que l’entend son interlocutrice, Siegfried grimace en trempant ses lèvres, se gâchant le plaisir de goûter à l’arome onctueux. Surpris d’être reçu dans de telles conditions et, surtout, de découvrir pour la première fois la régente d’Asgard dans cette tenue, il emprunte un ton assez sec : « Ensuite ? Que ferons-nous une fois le Sanctuaire vaincu ? Ne faudra-t-il plus prier Odin sur ses terres ? J’imagine que c’est pour évoquer ce sujet que vous m’avez fait appeler ? » Venant tapoter de ses doigts fins contre le métal froid de la God Rob de Siegfried, Hilda toise avec un intérêt suspect les yeux gênés de l’athlétique Guerrier Divin : « Nous érigerons à Odin une statue sur les ruines du Sanctuaire. Sa reconnaissance n’en sera que plus grande… » A mesure que sa bouche s’ouvre, elle ne parle plus, mais susurre en approchant son visage de celui de Siegfried : « … et mon envie de plaisirs n’en sera encore que plus insatiable. » Sans se soucier des sentiments qu’il lui porte, sans même exprimer la moindre allusion à leur nuit respectivement passée avec Thétis, alors que cette incartade a tant nui à leur relation, elle l’embrasse à pleine bouche. Glissant ardemment sa langue contre la sienne, elle laisse le léger tissu qui la couvre s’ouvrir, pour lui offrir les prémices du plaisir dès lors que sa peau se colle contre l’armature solide et ferme qui couvre Siegfried. Désarmé, le Guerrier Divin laisse son verre lui échapper et se briser sur un tapis blanc immédiatement imprégné de l’élixir écarlate.
Confus, l’homme de bonne famille commence à se défaire de l’emprise passionnée de l’instigatrice de la nouvelle Guerre Sainte. Seulement, confirmant le changement brutal de comportement de l’ecclésiaste, celle-ci laisse volontairement son verre choir en rigolant crapuleusement. Elle s’empare des mains de son général et les lui glisse entre ses jambes : « Ne t’en fait pas. Lyfia s’occupera de ça. » Cette indifférence oblige l’intéressé à fuir l’étreinte. Il recule jusqu’à la porte le visage médusé. Perdu, ne trouvant plus en celle qui a bercé ses plus tendres rêves le charme et l’élégance qui faisait d’elle son unique projet, Siegfried a les mains ouvertes vers le ciel, comme démuni : « Je suis désolé Majesté mais je ne peux pas. Tellement de choses se sont produites entre nous et… Autour de nous, que je ne sais pas comment je dois réagir. » Coi, Hilda regagne vite de sa suffisance. Dissimulant ses attributs les plus charmants, elle plisse les yeux en pointant la sortie du doigt : « Tu apprendras que je n’autorise aucune traîtrise. Je n’accorde aucune seconde chance. Désormais, nos relations seront donc celle d’un fidèle général obéissant aux instructions militaires de son royaume. Sur ce terrain, tâche de te distinguer, car je n’attendrai plus rien de toi en cas d’échec là aussi. » Davantage meurtri que depuis le moment où Thétis est rentrée dans leurs vies, le Guerrier Divin garde pour lui ses états d’âme. Il se courbe devant l’autorité incarnée par sa bien-aimée et prend congé…
A Blue Graad, étendu inconscient sur le sol, Alexer est menacé par la progression du magma. L’avancée de la lave commence à avaler ses pieds, heureusement protégés par son armure. La chaleur insoutenable le ramène à lui. Immédiatement, le Sibérien roule sur le sol pour fuir la coulée ardente.
La tête lui tourne encore après le choc reçu. Ses sens s’amenuisent, diminués par son adversaire et troublés par le piège de lave qui l’entoure. C’est lorsqu’il comprend à peine les mots de l’ennemi et qu’il ne parvient plus à localiser leur provenance qu’il réalise à quel point l’Entaille de Vulcain lui a été fatale. _ « Tu es toujours vivant. » Alors qu’il manque de chuter en se retournant trop vite dans la direction de l’Ange, Alexer assure malgré tout : « Il en faudra plus pour me tuer. » D’un simple revers de bras, Idaios dirige un souffle rutilant qui oblige Alexer à prendre de nouveau les airs pour s’en extirper et mieux respirer.
Aussitôt, Idaios déploie grâce à son cosmos des ailes blanches dans son dos et le rejoint, comptant le prendre à revers comme auparavant : « Vulcanus Gash. » Cette fois-ci, alors qu’il prenait de la hauteur, Idaios ne parvient pas à surplomber Alexer. En effet, le Blue Warrior a cette fois sauté bien plus haut. Il cherche dans l’altitude le froid dominant de la contrée en sortant du brasier de l’Olympien. Alexer déploie ses pleins pouvoirs et réussit à l’oppresser avec son cosmos de glace. Les plumes épaisses et soyeuses gèlent d’abord puis se brisent en milliers de morceaux cristallins. Déséquilibré, Idaios libère son arcane à quelques centimètres à côté de sa cible qui a tout le loisir de contre-attaquer : « Blue Impulse ! » L’Orbe Bleue englobe Idaios avant une puissante implosion qui renvoie Alexer à l’intérieur de l’enfer volcanique.
Essoufflé, de nouveau affaibli par la température ambiante, il s’étonne de voir le sol continuer à s’ouvrir et à libérer son plasma. Très vite, les yeux presque clos, il fixe les airs, là où s’est produit l’onde de choc. Un épais brouillard humide voile sa vision. Toutefois, le ton suffisant de l’Ange lui permet de comprendre : « Comment peux-tu espérer avec un tel cosmos geler la lave de mon maître ? Même un Saint d’or, la caste la plus puissante parmi les hommes, n’y parviendrait pas. » Alors qu’il est parvenu à contrer Idaios, Alexer n’a pas libéré suffisamment de force pour l’abattre. Déterminé, il reprend malgré tout sa garde : « Dans ce cas, je surpasserai le niveau d’un chevalier d’or. Je créerai un froid suffisamment puissant pour geler ton volcan. » Sincère et stupéfait par l’abnégation de cet adversaire qu’il ne comprend pas, l’Ange lui propose une fois de plus de renoncer tandis qu’il regagne le sol : « Ne préfères-tu pas arrêter là ? Je ne doute pas de tes capacités qui sont au-delà d’un humain normal. Mais là tu es face à un Olympien. Des descendants d’enfants de dieux. Entend raison et ce soir je prierai nos dieux pour ton pardon. » En guise de réponse, Alexer arrive pied gauche en avant. Idaios se baisse pour l’éviter, mais est surpris par l’autre jambe qui le reprend de volée en plein visage. L’Ange lui rend la pareille. D’un mouvement acrobatique dans les airs, son pied droit le cogne en plein menton. Dorénavant trop affaibli pour ressentir encore la douleur, Alexer parvient d’un geste désespéré à lui décocher une droite en plein abdomen, suivi d’une gauche en plein nez. Il retente l’expérience mais cette fois-ci le guerrier d’Héphaïstos est plus prompt. Il lui bloque le bras et le devance coude en avant en plein buste. En regardant le roi s’écraser dans le sol devenu marécageux, Idaios se tient instinctivement son nez qui saigne : « Alors qu’il est plus mort que vif, il est parvenu à me surprendre. Pas que sa vitesse était illisible pour moi. Simplement qu’elle surpassait celle déployée jusqu’à présent. Et non pas seulement ses mouvements. Leur puissance aussi était différente. Il se relève chaque fois plus fort. »
Comme pour donner raison à son opposant, Alexer bondit par surprise alors qu’il semblait inconscient : « Blue Impulse ! » Comme s’il s’agissait d’une simple boule de neige, Idaios balaie l’assaut d’un mouvement de bras et riposte avec sa jambe. Cette fois-ci, le Blue Warrior la bloque avec sa main et balance sa jambe en direction du visage ennemi. Idaios s’en saisit et le renvoie au loin. Heureusement, à quelques mètres d’un chemin de lave, Alexer se ressaisit. Cependant, Idaios apparaît devant lui et lui serre chaque poignet pour l’empêcher de réagir. Il lui enfonce d’abord son genou dans l’estomac, fissurant un peu plus sa Cloth, puis enchaîne en levant sa jambe en plein visage. Déterminé à ne pas laisser le fidèle à Athéna cueillir une seconde chance de le surprendre, Idaios annihile toute possibilité pour Alexer de reprendre sa garde. De nouveau devant lui, il frappe genou contre poitrine suivi d’une droite qui lui explose l’arcade sourcilière gauche. Envoyé au tapis, Alexer se reprend en pleine chute et finit quand même par toucher la fierté de l’Olympien en lui égratignant la mâchoire d’une faible droite.
Chacun observe un minimum de distance avant de reprendre le combat. Alexer utilise son cosmos pour répondre à l’aide reçue à distance qui l’a revigoré et qu’il devine provenir de ses hommes. _ « Rung ?! Ullr ?! Ce soutien que j’ai ressenti, c’étaient vos cosmo énergies n’est-ce pas ? _ Roi Alexer, répond Ullr, tenez-bon, nous arrivons prestement ! _ Surtout pas, peste Alexer ! La neige fond à vue d’½il. Bientôt les remparts de la cité seront cernés de lave. J’ai besoin que vous utilisiez votre cosmos pour repousser sa progression. _ Mais, commence Rung… _ Il n’y a pas de mais Rung, l’interrompt Alexer ! Si j’échoue, vous demeurerez le dernier rempart de Blue Graad ! » De son côté, toujours aussi inexpressif, le guerrier aux cheveux et à la peau dorée, libère de nouvelles ailes dans son dos, pendant que son cosmos fait accroître les tremblements de terre. Face à lui, l’aura bleutée d’Alexer peine à se faire respecter. Pourtant, le Sibérien n’abdique pas : « Il est impressionnant. Après la Guerre Sainte contre Asgard, je n’ai cessé de poursuivre mon entraînement dans le but d’être un allié de poids pour Athéna. Au fur et à mesure du combat, je suis monté en puissance, jusqu’à porter l’ultime cosmos dans chacun de mes mouvements. Hélas cela n’a pas été suffisant. Je dois pousser mon froid à aller au-delà. Créer un froid semblable à celui qui a scellé cette cité sous-marine que j’ai sous ma surveillance. Atlantis a été séparée il y a plus de deux cents ans du reste du royaume de Poséidon, grâce à la libération d’un cosmos de glace porté à son paroxysme. Il faut que je trouve au fond de moi la source du zéro absolu… »
Soudain, une colonne de magma jaillit depuis le sol éventré, juste devant les yeux d’Alexer. Idaios réengage les hostilités. Ebouillanté, Alexer perd tout réflexe d’autodéfense et Idaios a tout le loisir d’apparaître derrière lui pour le cogner derrière la nuque avec son genou. Alexer essaie de réagir mais sa gauche est trop molle. Idaios lui frappe le dessus de l’avant bras, brisant sa Cloth et ses os avant de lui fracturer le nez avec sa jambe gauche. Enfin, Idaios estime pouvoir mettre un terme à cette bataille. L’émanation de lave présente tout autour d’eux se réunit devant l’Ange qui dégage sa cosmo énergie : « Vulcanus Gash. » Incapable d’effectuer le moindre geste, Alexer se laisse complètement submerger par la déferlante volcanique. Sa Cloth éclate peu à peu, ses orifices crachent du feu tandis que sa peau noircie…
En Grèce, au Sanctuaire, dans la maison du Bélier, au terme de quelques heures, une fois remis du sang qu’il a perdu, Mû achève de faire parler ses outils. Avec le soutien des siens, le représentant de Jamir donne le dernier coup de forge nécessaire à la finition de la dernière Cloth, celle du Dragon. Nouvelles, resplendissantes, débordantes de puissance, les armures de bronze sont désormais achevées et d’elles-mêmes viennent trouver leurs propriétaires. _ « Ce sont nos nouvelles armures, arrive Shiryu ? » Hyoga n’en revient pas : « C’est… » _ « Elles regorgent de vitalité, se montre plus loquace Ikki ! _ C’est extraordinaire, s’émerveille Shun ! _ Mû… Les amis ! Ces Cloths dégagent même vos vies. Mon corps… Non, tout mon être, est désormais entièrement rétabli, complète Seiya. »
Discret depuis le début, Shaka réagit alors : « Dans ce cas, vous savez ce qu’il vous reste à faire. Un étrange danger guette Athéna, vous avez pu le découvrir hier soir. » Seiya dresse son poing : « Oui, nous rentrons de ce pas au Japon. » Il est suivi de Hyoga : « Maintenant que nous sommes remis, grâce à l’expérience de nos combats, il nous suffit de nous déplacer par nos propres moyens pour arriver en moins de deux. » Joignant le geste à la parole, les Saints de bronze quitte le Sanctuaire avec facilité à une vitesse à mi-chemin entre celle du son et de la lumière.
Souriants, les Saints d’or se séparent avec amabilité. _ « Tu quittes ta maison Mû, l’interroge Aldebaran ? _ Oui. Avant de partir pour le Japon, Kiki m’a parlé de Saül, le forgeron du Sanctuaire. C’est un Saint de bronze talentueux dans la confection d’armes. Et apparemment, il mérite qu’on s’intéresse à lui. » Déjà au loin, Shaka déclare : « Ce sera donc à toi Aldebaran d’être le premier rempart pendant quelques heures si un intrus venait à passer ici. » Taquin, Milo balance « Ça risque d’être compliqué ! Ça fait un moment que notre Taureau a la tête dans les nuages depuis qu’il profite de ses permissions pour fréquenter Europe à Rodorio ! » Très querelleur avec le Scorpion, le Lion le tire par le bras pour l’aider à fuir les éventuels foudres d’Aldebaran : « Je pense qu’il vaut mieux que tu prennes un peu d’avance car si Aldebaran te met la main dessus… »
Depuis tout le domaine, le peuple peut observer cinq étoiles filantes passer au-dessus de leurs têtes en plein jour. Tirant sur son fouet pendant qu’elle administre quelques ordres à ses troupes, June cache son chagrin : « Alors tu t’éloignes encore de moi. Quand pourrons-nous nous retrouver tous les deux, heureux et en paix, Shun ? »
En même temps, à Blue Graad, un micro climat de cendres et de souffre neutralise puis anéantit les efforts de la nature. Le cataclysme sibérien est effacé par cette manifestation volcanique inédite.
Inconscient, sur le toit d’une ruine qu’il occupait le temps de son exil, Alexer ne réalise pas que les vestiges de la cité qui lui servait de quartier général fondent dans la lave qui gicle des entrailles de la terre. Au beau milieu d’une rivière magmatique, comme sur un îlot peu à peu englouti, quelques battements de cils signent le réveil d’Alexer. Sa première réaction est une grimace. Elle le poursuit à chaque mouvement. Sa peau craquelée par le magma éclate dès qu’il contracte un membre. Sa langue n’est que braise dans sa bouche et ses yeux ne voit plus que l’incandescence des premiers remparts de la cité submergés. Ses oreilles n’entendent que le crépitement du feu et l’éclat des roches et des briques. Ses narines n’arrivent plus à aspirer l’air bouillant, elles ne recrachent que des flammes. Peu à peu dépourvu de ses sens, il ressent le mouvement de la charpente sur laquelle il attend la mort : « J’ai l’impression d’être désormais au milieu d’une mer de lave. » Le frère de Natassia cherche désespéramment son adversaire. En faisant plusieurs fois le tour de lui-même, il remarque que la fusion dévastatrice progresse vers le palais. Impuissant, les bras ballants, les larmes viennent à Alexer : « Le palais ! Les villageois ! » D’une totale indifférence, la voix de l’Ange lui permet enfin de le localiser : « Ils vont périr eux aussi. Ainsi, la patrie de Blue Graad sera le symbole de la réaction des dieux contre l’insurrection humaine. Soyez fiers de représenter le premier pas vers un nouveau monde décidé par l’Olympe… » Le soldat d’Héphaïstos lévite grâce à ses ailes d’énergie jusque devant Alexer puis poursuit : « … Je suis surpris de te voir toujours de ce monde cela dit. L’homme est un cloporte qui s’accroche désespérément à la vie. Une vie si éphémère que je ne comprends pas les raisons d’un tel acharnement. Face à tant de soucis, je ne peux donc décemment pas laisser cette base athénienne défier plus longtemps l’Olympe. » Enfin, ignorant totalement la présence du Sibérien condamné, Idaios poursuit son chemin jusqu’à devancer la progression de la lave. De son refuge clandestin, il ne reste à Alexer que le toit qui lui sert de barque peu à peu dévorée par la lave.
Idaios, lui, lévite jusqu’aux premiers postes avancés de surveillance où Rung et Ullr observent avec terreur l’étrange phénomène. _ « Rentrez tous à l’intérieur, s’écrie le second à l’assistance ! Barricadez toutes les portes ! Et veillez sur la Princesse Natassia ! » Parmi la foule, la bien nommée s½ur d’Alexer distingue à travers l’escorte qui la ramène de force à l’intérieur, son frère qui dérive sur, maintenant, un minuscule morceau de bois.
Avec grâce, l’Ange pose ses pieds sur le pont de pierre qui lie les deux tours où les deux Blue Warriors étaient en observation. Intéressé et curieux de la réaction qu’il juge en premier lieu stupide de la part de Natassia, il réalise que celle-ci lutte contre son escorte pour se lancer avec insouciance au secours de son frère. Il pointe alors son bras dans la direction prise par la troupe et les villageois, décidé à mettre un terme à cette civilisation au plus vite : « Comment peut-on attacher autant de passion pour un autre humain, un autre être faible, fragile, insignifiant, et ne pas vouer une adoration à la volonté olympienne ? Je vais faire cesser cette hérésie. Vulcanus Gash. » La vague de lave qu’il libère emporte le pont et les tourelles sur lesquels il était positionné. La déferlante de magma et de cosmos s’élargit pour dévorer l’aile où la cité se regroupe.
Quand, inopinément, la bulle incandescente stoppe tout mouvement. D’abord immobile, elle perd sa teinte rougeoyante. Bientôt pierreuse, elle finit par blanchir de froid puis elle gèle d’un coup avant de voler en des milliards de particules de cristal. Cette pluie de givre apporte d’abord surprise puis enthousiasme chez les Sibériens qui découvrent devant eux, dans le dos de l’Ange, Alexer. L’armure rayée et fissurée sur toute sa surface, mais debout, avec à ses côtés Rung et Ullr encore en position d’attaque pour survivre à la destruction de leurs tours, Alexer se contente de répondre à une des précédentes questions de l’Olympien : « C’est parce que nos vies sont éphémères qu’on s’acharne à les rendre les meilleurs possibles. »
Droit, maintenu dans les airs par ses ailes, l’Ange observe les morceaux de glace qui fondent puis s’évaporent en s’approchant de lui. Consciente du risque que prend Alexer, Natassia se ravise. Galvanisée par son retour héroïque, elle accepte de rentrer au palais avec les citoyens pour ne pas le déranger. D’un hochement de tête, Alexer intime à ses deux guerriers de couvrir les arrières du peuple.
Seul à seul, au milieu d’un clash permanent de vent polaire et de souffle volcanique, les deux rivaux restent immobiles. Alexer accepte enfin de résoudre la seconde question d’Idaios. _ « Cette folie dont tu parlais, celle de protéger autrui. Ça s’appelle l’amour. Il n’existe aucune croyance, aucune passion plus puissante que l’amour. C’est ce qu’Athéna a compris, c’est cette valeur qu’elle prône. Et c’est pour celle-ci que nous nous battons tous. _ Il semble que cette croyance t’a revigoré. Pour briser mon Vulcanus Gash il a fallu que tu emploies le zéro absolu. Cela demande une concentration extrême et une cosmo énergie très poussée. Seras-tu capable de reproduire le même exploit ? Seul qui plus est, maintenant que tes sujets sont partis se cacher ? » En guise de réponse, le Blue Warrior défiguré s’élance jambe en avant. Contré, il tente une droite à nouveau parée. Idaios tente à son tour de lever la jambe, mais Alexer réussit un mouvement acrobatique qui lui permet de frapper à nouveau. Idaios esquive encore et réussit du tranchant de la main à lui donner un coup sec en pleine mâchoire. Toutefois, l’enchaînement suivant reste inefficace tant Alexer parvient à bloquer chaque coup. Seulement, l’endurance de l’Ange devient de plus en plus difficile à supporter. Alexer finit par être déstabilisé en encaissant un coup de coude, suivi d’une reprise du pied en plein visage, ponctué par un renvoi au sol avec une majestueuse retournée. _ « Tôt ou tard, l’insecte finit toujours par être écrasé. Il a beau se débattre. Il n’y a aucune échappatoire, aucun espoir. » Bras tendu, à bout portant, Idaios concentre ses forces pour invoquer l’Entaille de Vulcain. Au devant de son palais, servant de rempart, Alexer refuse de céder et accroît son cosmos pour libérer lui aussi son arcane. _ « Vulcanus Gash. _ Blue Impulse ! » L’effluve de glace d’Alexer s’étend tel un mur contre lequel fonce un tsunami de magma. Le rideau gelé est cogné de plein fouet mais Alexer parvient ainsi à annihiler chaque flanc de lave et donc à protéger son peuple. Hélas, le c½ur de glace n’est pas suffisamment résistant pour contrer le noyau brûlant. Très vite le Sibérien est parasité par la cosmo énergie de l’Ange. Le mur protège la cité mais fond en son c½ur pour frapper de plein fouet Alexer. A genoux, Alexer refuse d’abdiquer. _ « Tu es déjà mort. Tes organes sont rongés de l’intérieur, tes nerfs, tes tendons, tes muscles… Tout en toi est calciné. Ton sang bouillant demande à jaillir de ta peau qui suffoque. Tu n’auras pas eu de seconde chance. Maîtriser le zéro absolu est un niveau que seul des entités d’exception tels que les Olympiens peuvent se vanter d’avoir. Les humains, même les plus puissants, ne peuvent que caresser l’espoir de l’entrapercevoir. » Les yeux fermés, à l’agonie, Alexer affiche un sourire niais : « Alors l’espoir est de mon côté. » Instantanément, Idaios se cramponne de douleur tandis que les jambières de sa Glory ainsi que ses épaulettes et les flancs de son buste se craquèlent. Pire, le givre lui ronge l’épiderme : « Malheur ! Il ne s’est pas contenté de protéger les siens. Il est parvenu à m’atteindre sur les côtés en faisant diversion avec cette attitude protectrice ! » Se tortillant, touché par la morsure du froid, Idaios perd son calme olympien : « Misérable larve humaine ! Tu m’as souillé ! Je n’oserai pas me présenter devant mon maître dans cet état sans lui ramener ta tête ! Non ! Ta tête ne suffirait pas ! Je lui ramènerai celle de tout ton peuple afin de lui signifier la disparition totale de la moindre lignée de Blue Graad ! » D’un ton calme, résigné, Alexer balbutie : « Qu’importe. Je peux mourir en paix. J’ai réussi à te prouver que l’homme pouvait s’extraire de sa condition pour frapper même les cieux. En te blessant, je t’ai transmis un sentiment qui plus jamais ne te quittera. La peur. Et cette peur tu la ressentiras désormais aussi bien en voyant tes maîtres qu’en voyant un simple être humain. Je t’ai anéanti psychologiquement. » Idaios écarquille grand les yeux. Fou de colère, meurtri par cette révélation, transcendé par la folie, il dégage toute sa cosmo énergie au point que tout autour de la cité, les plaines gelées disparaissent. Les terres chutent dans les abysses enflammés, le magma encercle le palais. Des colonnes de laves, véritables tornades en fusion, grignotent peu à peu les remparts.
Résigné, des larmes coulent sur les joues d’Alexer. Alors même qu’Idaios le frappe avec une intense violence en plein visage élargissant encore un peu plus ses plaies, le roi choit dans la neige réchauffée. Très vite, cette flaque d’eau bouillante, mêlée à son sang, s’évapore sous l’incandescence qui émane de l’Ange. Les reins, la colonne vertébrales, les côtes… L’ennemi d’Athéna rosse avec acharnement son adversaire en libérant un fou rire psychotique : « Ah, ah, ah ! Tu ne seras déjà plus de ce monde lorsque les femmes et les enfants de cette cité verront leur chair se détacher de leurs os sous l’horreur de feu que je leur réserve ! Ah, ah, ah ! » Totalement absorbé par cette peur qui le dépasse, Idaios déclenche une violence exacerbée. Quand tout à coup, une petite lame en croissant de lune vient brusquement dans sa direction depuis la droite. Il parvient d’un simple regard à la faire fondre et à bloquer le coup d’un intrus surgit de là où est venue l’arme. L’avant-bras droit de l’étranger est forgé dans le même métal que le bouclier qu’il porte au bras gauche. Des genouillères d’un gris bleuté, semblable à l’acier qui barde ses épaules, son plastron et son casque à cornes, attribut à ce renfort une apparence nordique différente de celle des Sibériens. Son pantalon et sa tunique sont de la même couleur que la fourrure bordeaux qu’il porte sous sa protection. Fourrure qui ressort de ses bottes. Cette tenue donne une allure certaine à cet homme aux longs cheveux bruns et aux yeux verts. _ « Utgarda, s’étonne Alexer ! » Le poing droit bloqué, le messager d’Asgard sort de derrière son dos avec son bras gauche un glaive. Il n’a pas le temps de le dégainer que d’un crochet du gauche, chargé de cosmos ardent, Idaios lui explose l’arcade et la pommette droite. Le héros éphémère atterrit à côté du Sibérien. _ « Utgarda ! Mais enfin, pourquoi ? » Utgarda ôte son casque déformé par le coup reçu. Malgré son piteux état, il se relève et sort de derrière sa ceinture une autre lame ovale : « Parce que, si je ne suis pas de Blue Graad, je reste un guerrier du Grand Nord. Asgard et Blue Graad sont de nouveau des nations unies. Et même si je ne suis qu’un simple messager d’Asgard, je refuse de laisser ce fléau de l’humanité s’en prendre à cette planète. A commencer par cette patrie qui nous est chère ! » Face à tant de détermination, Alexer tire sur la tunique d’Utgarda pour s’aider à se relever. Maintenu par l’Asgardien, le roi réussit tant bien que mal à rester sur pieds : « Ce que tu me dis me rend courage, messager d’Asgard. Je ne suis plus seul. Je ne suis pas seul. Je me suis égaré, j’ai été manipulé, mais aujourd’hui j’ai des alliés, une patrie qui m’aime, ma s½ur, l’honneur de mon père. Je ne peux être égoïste et attendre que la mort vienne me prendre, alors que j’ai désormais des gens qui comptent sur moi. » Côte à côte, les guerriers du froid commencent à intensifier une dernière fois leur cosmo énergie. _ « Je ne pourrai pas empêcher son cosmos de dévaster Blue Graad si je l’attaque de front. Nous savons tous les deux que tu n’es pas qu’un simple soldat. _ Disons que j’ai côtoyé certains grands d’Asgard tels que Sigmund et Siegfried de Dubhe ou encore Syd de Mizar. Je ne dirai pas être aussi fort qu’eux, mais je peux peut-être ralentir cet enfer volcanique le temps que vous vous concentrez sur lui, Roi Alexer. »
A Asgard, derrière le temple Walhalla, extrêmement surveillé, les geôles du royaume semblent animées depuis hier, tandis qu’elles sont restées muettes pendant des années. Les murs teintés de givres, le froid enrouant les voix, la prison d’Asgard se remplie de minute en minute. Là encore, deux soldats balancent dans une cellule un villageois qui refusent de s’engager dans l’armée asgardienne en vue de la conquête du Sanctuaire. Dans celle d’à côté, une femme hurle sous la torture de Fafner persuadé qu’elle cache des déserteurs. Le soldat espère lui délier la langue.
_ « C’en est trop, scande Freya ! » La prisonnière d’honneur n’a jamais lâché les barreaux de son cachot depuis qu’elle y a été conduite. Douce, belle et bourgeoisement vêtue, sa présence contraste avec celle du peuple dépassé par les évènements. Lorsqu’un aristocrate et ses enfants sont conduits, haches sous la gorge, à l’échafaud, elle s’insurge en invectivant le géant gardien qui lui a été affectée : « Il s’agit de la famille de Rik. Avec les de Edel, ils font partis de l’une des lignées les plus nobles du château. » Thor n’ose pas affronter le regard de la cadette des de Polaris. _ « Le patriarche de la famille de Rik a déclaré qu’attaquer le Sanctuaire n’était pas respecter la volonté d’Odin et met en danger l’équilibre du monde. Votre s½ur a décrété que comme tout homme défiant sa politique et donc le bien d’Asgard, il ne doit rien rester de lui. Jusqu’à son nom, il doit disparaître de l’histoire d’Asgard. _ Alors même les opposants de haut rang sont conduits ici, marmonne-t-elle désolée… Thor, se reprend-elle ! Ce que dit cet ami de la famille de Polaris est vrai. Si on ne prie plus Odin, c’est l’équilibre du monde qui est en danger. Les glaces fon… » Refusant tout dialogue comme il le lui a été ordonné, Thor l’interrompt : « Princesse Freya, comme je vous l’ai déjà dit, votre statut vous épargne un tel traitement. Soyez raisonnable et révisez votre jugement. Je suis sûr que votre s½ur comprendra. En attendant je m’engagerai à vous laisser en vie ici et à vous nourrir comme il se doit… »
A Blue Graad, la fusion brûlante entame les maisons et les appartements du château. A l’intérieur, la Princesse Natassia est entourée par son peuple. Peu à peu, ils sentent l’incandescence magmatique faire trembler le sol et rendre l’air irrespirable. Les yeux fermés, laissant leurs fronts perler de sueur, ils prient tous Athéna tandis que Rung et Ullr déploient leurs cosmos de glace pour ralentir la progression de la chaleur.
Dehors, Alexer et Utgarda accroissent leurs cosmos devant un Idaios frénétiquement hilare. Les blessures infligées par le Blue Warrior ont décuplé sa folie mais aussi sa puissance. Avant de tenter le tout pour le tout, Alexer doute quelques instants. _ « Utgarda, Odin, ton dieu, t’est-il déjà apparu ? _ Chaque fois que je le prie. Chaque fois que j’ai peur. Comme en cet instant. Je sens un étrange réconfort au fond de moi. Le même que me procure la Princesse Hilda de Polaris lorsque je suis auprès d’elle. J’en suis donc convaincu, il m’apparaît. _ Quelle bénédiction. Je n’ai jamais ressenti Athéna. En même temps, je ne l’ai jamais prié. Tout petit déjà, je haïssais cette destinée odieuse conférée à cette contrée. Je me suis détourné d’elle et j’ai même comploté contre elle. Natassia, ma s½ur, m’assure qu’en la priant j’obtiendrai son pardon. Mais j’ai trop honte, même si je suis aujourd’hui la voie qu’elle a choisi pour notre peuple, j’ai peur de me présenter à elle après les crimes que j’ai commis. _ Athéna ne juge pas. Et si tu refuses de l’implorer pour toi, joins-toi aux prières de ton peuple qui en cet instant l’invoque pour toi, ta protection et ta victoire. » Les yeux injectés d’exécration, Idaios interrompt ce bref échange en écartant grand les bras pour réunir sa cosmo énergie : « Blue Graad est entourée de lave ! Je vais désormais l’en noyer ! Vulcanus… » Sans se concerter davantage avec Alexer, Utgarda s’élance sur l’Ange pour l’empêcher de libérer son arcane. Dans sa course, il libère de courtes lames arrondies encore attachés à son ceinturon. Encore une fois, l’aura olympienne d’Idaios suffit à faire fondre les lames. Mais cela à l’effet escompté par Utgarda, l’ennemi focalise son attention sur lui. Arrivé nez à nez avec son adversaire, l’humain balance sa jambe en direction de son visage. Avec animosité, Idaios la bloque d’une main et frappe avec l’autre contre son genou, le lui brisant avec sa genouillère et pliant sa jambe dans le sens inverse permis par l’anatomie. Le hurlement de douleur de son allié permet à Alexer de se surpasser davantage. L’essence cosmique qui l’entoure, oscillant entre un blanc immaculé et l’or, commence à geler la lave alentour : « Encore ! Il me faut encore me surpasser ! Je suis loin d’atteindre les limites de l’homme ! Allez ! Encore ! » Plus loin, ne désespérant pas, Utgarda, sur une jambe, décoche une puissante gauche parée par l’Ange. Ce dernier réitère le même mouvement en lui brisant le coude et son bouclier. Bloqué par l’ennemi, tiraillé par la douleur, Utgarda essaie de garder un sourire provocateur : « Tant qu’il me reste un bras, ça sera suffisant. En attendant qu’Alexer soit prêt, je peux toujours sacrifier ma dernière jambe ! » Sans même craindre un nouvel acte de barbarie, Utgarda se résigne à frapper sur le flanc l’Ange mais cette fois-ci, le poing de l’ennemi lui brise totalement le tibia. Face à ce spectacle désolant, Alexer n’en peut plus. Il s’élance de tout son être, libérant non pas un orbe mais une véritable comète de glace : « Blue Impulse ! » Sentant une brise glaciale approcher en même temps que la boule d’énergie ennemie, Idaios balance comme un vulgaire morceau de viande Utgarda sur le côté et libère à son tour son effroyable puissance : « Vulcanus Gash ! » Une autre déferlante, mais de magma cette fois, vient rencontrer celle d’Alexer. Les deux concentrations, continuellement alimentées en cosmos par leurs expéditeurs, s’entremêlent. Elles se frictionnent. Elles se déchirent. Elles luttent pour prendre le dessus sur l’autre. Pris d’une détermination sans faille, Alexer parvient à maintenir à distance la force d’Idaios. Dans leurs dos, tout autour, au palais comme dans les plaines, la lave devient pierreuse. Le mouvement de feu est ralenti. Interdit par cet état de fait, Idaios écarquille grands les yeux et abandonne dans ses bras tout ce qui lui reste : « C’est tout ce que tu peux faire ?! Voilà maintenant le fossé qui sépare la Terre de l’Olympe ! » Aussitôt, la balance tourne en la faveur d’Idaios. Alexer est peu à peu repoussé. L’échange des deux forces s’amenuise pour ne laisser progressivement que l’énergie de l’Ange. Acculé, n’étant plus qu’à un mètre de la dévastation, Alexer puise dans ses réserves, sacrifiant peu à peu sa vie. Aux alentours de Blue Graad, la lave ne repart pas, mieux, la pierre blanchit sous l’effort d’Alexer. _ « Je sacrifierai ma vie sans hésiter mais Blue Graad restera intacte, décrète-t-il ! » Prêt à se donner lui-même en pâture à la boule de cosmos pour encaisser à lui seul la destruction de l’Entaille de Vulcain, il reconnaît sur le flanc d’Idaios le corps démantibulé d’Utgarda. Dans une extrême souffrance, le messager d’Hilda tend le seul bras qui lui reste de valide en souriant : « C’est parfait. Exactement ce que je voulais. Je vais maintenant pouvoir libérer le fruit de toutes ces années passées aux côtés de Sigmund et des autres. Ils me disaient toujours que cet arcane était capable de renverser la tendance. C’est l’occasion où jamais de vérifier qu’ils ne me flattaient pas par gentillesse ! Hallucination Loup ! " De son seul bras tendu, il projette une meute de loups de cosmos sur son adversaire. L’Ange, focalisé sur la fin imminente d’Alexer, continue de libérer sa cosmo énergie sans remarquer le heurt imminent. C’est seulement lorsque sa Glory commence à se craqueler à l’approche de la meute illusoire qu’il relâche sa concentration. Il libère son bras gauche pour tenter de retenir les loups qui foncent sur lui tels des faisceaux de lumière qui s’entrecroisent. A sa gauche Utgarda, en face Alexer, Idaios est partagé et maintient en suspens les deux arcanes ennemis. C’est alors que sur sa droite jaillissent les deux Blue Warriors qui ont laissés les Sibériens aux bons soins de la Princesse Natassia. Idaios ne remarque leur présence qu’après être frappé par surprise par les boomerangs tranchants de Rung sous chacune de ses aisselles. Par conséquent, les bras engourdis par le coup, l’émanation d’énergie qu’il confronte contre Alexer diminue. Immédiatement, galvanisé par l’ultime tentative de son camarade, Alexer tend de plus belle les bras en avant : « C’est maintenant ou jamais ! Athéna je vous en prie ! Pour mon peuple ! Pour Blue Graad et pour la Terre, prêtez-moi la force de le vaincre ! » Contre toute attente, l’image d’une jeune femme aux cheveux mauves et aux yeux resplendissants de bonté traverse son esprit. A des milliers de kilomètres, depuis le Japon, le cosmos d’Athéna vient réconforter l’homme qui l’appelle. Dès lors, l’effluve énergétique d’Alexer resplendit autant que l’or. Ses jambes tiennent fixement dans le sol, tandis que ses bras ne tremblent plus. Parfaitement tendus en direction d’Idaios, ils rééquilibrent la balance. Pris entre les trois, Idaios subit le contrecoup de son acharnement. Trop occupé à essayer de reprendre l’ascendant sur Alexer, il est incapable de se protéger de l’onde cosmique projetée par Ullr dans son épée aux flammes bleutées. Cogné sur le flanc, il ne maintient plus l’équilibre entre les forces ennemies et la sienne. La balance penche en la faveur des Nordiques. Ses membres sont pris de spasmes. Remontant le long de ses bras et de ses jambes, sa Glory commence à se désagréger. Petit à petit, c’est son corps qui se désintègre. Les yeux fermés, au bord des larmes, touché par la grâce d’Athéna, Alexer murmure : « Tu auras été l’adversaire le plus coriace que j’ai eu à affronter. J’ose à peine imaginer le nombre de tes semblables en Olympe. Alors, par respect envers Athéna qui a su me laver de mes péchés, je jure de survivre à mes blessures et de renouveler cette victoire contre les tiens aux côtés de ma Déesse de la Sagesse. Adieu. » Enfin, joignant les actes à la parole, il achève de libérer toute l’énergie conféré par la bénédiction de Saori. La vague de glace grossit jusqu’à devenir le double de ce qu’elle était, permettant à Utgarda d’achever ses efforts et à Rung et Ullr de ranger leurs armes. Elle annihile dans une explosion assourdissante la menace céleste. L’onde de choc provoquée cloue les quatre héros au sol. Le souffle chasse définitivement les nuages et le vent aux alentours de Blue Graad.
A l’intérieur du palais, le silence est lourd. La température devient douce. Ni la chaleur ni le froid ne menacent la cité. La cinquantaine d’habitant s’échange des regards dubitatifs. Oscillant entre incompréhension et espoir. La Princesse Natassia est la première à se lever. Instinctivement, le sourire aux lèvres, les larmes coulant sur ses douces joues, elle affirme : « C’est fini. Nous avons gagné. »
En Grèce, au Sanctuaire, dans la ville d’Honkios, Saül est à l’intérieur de son atelier. Le quarantenaire au visage buriné est positionné sur son bureau. Devant lui, un verre vide, sec, et une jarre d’anisette pleine occupent ses pensées. Sous son nez, les plans d’une armure inconnue, lui rappellent la nuit du triomphe d’Athéna il y a trois mois…
Flashback Le domaine sacré était en ébullition ce 21 décembre 1986. On fêtait depuis le matin la victoire d’Athéna. Pleutre, pas concerné par les différentes batailles menées, Saül Saint de bronze de l’Atelier du Sculpteur, se noyait dans son vomi après avoir vidé des litres de son alcool favori toute la journée. Au milieu de la bile et des morceaux d’aciers usagées qui jonchent son parterre terreux, l’Israélien se sent perdre toute vie : « Je vais partir, misérable comme je l’ai toujours été. C’est mieux ainsi. De toute manière, en quoi serais-je utile à Athéna ? » Soudain, il sentit de petites mains lui soutenir sa tête aux cheveux mi-longs châtains. La voix fluette d’un enfant espérait lui venir en aide : « Tenez bon chevalier ! Tenez bon ! » Derrière Kiki, la voix plus âgée et plus féminine de Filia soufflait d’exaspération : « C’est un lâche. Un bon à rien. Ces dernières années il s’est juste contenté de forger les armes qui ont servies aux hommes de Gigas. On devrait faire la fête au lieu de perdre notre temps avec cet incapable. » Ce rappel à la réalité fut pour Saül aussi dure que le quotidien qu’il traversait jusqu’alors.
Le lendemain matin, alors que la lueur de l’aube frappait les lucarnes de son grand entrepôt qui lui sert de domicile, ses mains cornues vinrent gratter sa mâchoire couverte d’épaisses pattes drues. Sa bouche pâteuse lui faisait remuer son menton en galoche et seule la vue de cette splendide jeune femme à la poitrine généreuse pressée dans son court maillot l’aida à revenir à lui. Se relevant difficilement, il identifia celle qui ne fit que le railler durant toute la nuit. La belle demoiselle était endormie contre un établi pendant que le garnement sautillait plus haut sur l’estrade, où sont entreposées quelques Pandora Box recouvertes par des bâches trouées. L’enfant, roux et marqué au front par les deux points distinctifs des Muviens, remarqua le réveil pénible du Saint : « Il faut être un rude forgeron pour se voir confier même des armures sacrées. » La voix enrouée, l’artisan grommela : « Je ne fais rien d’autre que de les garder ici. Je ne les répare pas. Une Cloth se régénère… » Impoli, Kiki acheva sa phrase : « … toute seule dans sa Pandora Box ! Je sais ! » Le petit garçon se laissa glisser sur la rambarde de l’escalier par lequel il était monté plus tôt et enjamba les morceaux d’armures de soldats ébréchées, les armes cassés et les boucliers percés ou fendus éparpillés partout au sol. En trottinant, il alla sur le mur de gauche agrémenté de trois larges fours chacun accompagné à ses côtés de larges bassins montés en pierres et à l’eau usagée : « Ah ! C’est super.
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« le: 23 Octobre 2023 à 13h53 »
Autant je respecte un tel travail, autant l'univers Saint Seiya en Mugen ce n'est pas ce que j'en attends le plus.
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« le: 25 Février 2023 à 16h32 »
NEWS
Cette version du chapitre 28 est une version rééditée de la publication originale du 3 avril 2012. Bonne relecture aux lecteurs les plus fidèles, et bonne découverte pour les nouveaux.
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« le: 6 Février 2023 à 13h34 »
Chapitre 83
Ce 22 mars 1987, parait semblable à n’importe quel autre jour au royaume d’Asgard. Le vent glacial propage la neige. Elle tombe depuis des heures tout autour du Walhalla. Chacun vaque à ses occupations, à l’exception près que celui qui accompagne la Princesse de Polaris ce jour n’est pas Siegfried mais Alberich. Et c’est bien pour cela que Sigmund rejoint l’Autel du Destin où prie chaque jour Hilda.
Confuse après le trouble semé entre eux par Thétis, Hilda préfère s’éloigner ponctuellement de son bienfaiteur, pour permettre à de Megrez de redorer cette image qu’il a tant de mal à faire valoir. Par précaution, conscient que son aîné, chef des armées d’Asgard, est appelé à devenir God Warrior un jour, Siegfried s’en est trouvé rassuré de pouvoir compter sur son frère pour garder un ½il sur eux.
Pourtant, en ce jour d’apparence ordinaire, une vaste secousse vient avertir les guerriers les plus alertes. L’ensemble du domaine tremble l’espace d’une dizaine de seconde. Renversant l’argenterie que Lyfia nettoie dans le grand salon. Menaçant de plusieurs avalanches les promeneurs, comme par exemple Freya qui peut compter sur Hagen pour la secourir. Ou mettant en exergue les combattants les plus vaillants comme Balder le vagabond, ou Fenrir et sa meute. Faisant s’écrouler les logis les moins bien lotis, que Thor maintient afin d’éviter à une famille toute entière d’être prise sous les décombres. Assisté de Syd il donne l’alerte aux plus démunis et évacue Helena et ses jeunes frères et s½urs. Faisant choir sur son postérieur la cohorte qu’entraîne Héraclès, son supérieur, dans l’enceinte d’une caserne. Inquiétant le malhonnête Fafner, encore impliqué dans une bagarre de taverne. Brisant quelques vitres du palais dont les éclats auraient défiguré ses habitants, si Frodi n’avait pas été présent…
Tout proche de l’Autel du Destin, alors qu’il voit la garde personnelle d’Alberich attendre à proximité, Sigmund est ébranlé par le tremblement. Comptant sur des réflexes capables de lui assurer le statut de God Warrior le jour de la résurgence de ce corps d’armée, Sigmund réussit à se maintenir sur pieds en bondissant de bloc de glace en bloc de glace, avant que chacun d’eux ne se brise suite au mouvement des plaques terrestres. Dans sa course, il devance la garde d’Alberich. Ce dernier n’apparaît plus à la vue de ses hommes. _ « Que s’est-il passé, leur emboîte le pas Sigmund ? _ On ne sait pas, répond le premier. _ Il y a eu un grand choc et la mer s’est soudain agitée, complète mieux le second. _ Il faut secourir Hilda, s’enquiert Sigmund ! » L’Asgardien presse davantage le pas lorsqu’il découvre la Princesse de Polaris étendue inconsciente au pied de l’autel, sans même remarquer le fourbe Alberich dissimulé en retrait dans une enclave de la falaise. _ « Hilda, s’époumone le frère de Siegfried ! » Alors qu’il peut se sentir rassuré en voyant Hilda se remettre de ses émotions, il n’en a guère le temps qu’il ressent un cosmos d’une étrange noirceur émaner d’elle. _ « D’où vient ce cosmos maléfique ? » Pour seule réponse, l’anneau des Nibelungen balaie l’aspirant God Warrior et les hommes d’Alberich. Ils sont encastrés contre la falaise qui s’écroule ensuite sur eux.
D’abord impuissant face au raz-de-marée, puis ambitieux lorsqu’il comprend que la mer lui a rendu Hilda porteuse de l’anneau des Nibelungen, Alberich se montre enfin. Croisant le regard malsain de la Prêtresse d’Odin, il se dirige alors vers les trois intervenants. Sigmund reprend difficilement conscience comme l’un des deux soldats. L’autre est mort sur le coup. Alberich n’hésite alors pas à fracasser le crâne de son sujet rescapé en abattant avec rage son talon dessus. Sentant Hilda s’approcher dans son dos, il n’a pas le temps d’achever Sigmund et s’incline stratégiquement. _ « J’ai vu comme leur réaction a provoqué votre courroux. _ N’est-ce pas ton cas Alberich ? _ Je ne suis là que pour vous satisfaire Princesse Hilda, ricane-t-il avec perfidie. _ Très bien, dit-elle en faisant scintiller l’anneau et tout en levant les yeux vers la Grande Ourse… »
En Grèce, au Sanctuaire, le printemps offre au domaine sacré un temps doux et clément. Bien que cela fait deux mois et demi qu’Athéna ne soit pas revenue, les oiseaux chantent avec entrain et égaillent même les visages sceptiques de deux camarades.
Assis tous les deux à examiner pièce par pièce les morceaux éparpillés des cinq armures de bronze des héros de la traversée des douze maisons, Aldebaran est confronté au constat que lui confirme Mû : « Il semble que comme leurs corps, leurs armures n’ont pas survécu à la bataille. » De nature optimiste, le Brésilien assure : « Il existe pourtant un espoir de ramener leur armure à la vie, tout comme la Source d’Athéna a pu soigner leurs plaies. » Circonspect, Mû se redresse en balançant désabusé le bouclier fendu en deux du Dragon : « Malheureusement, bien qu’ayant reçus tous les soins possibles, Seiya et ses compagnons ne se sont toujours pas réveillés. » Le Saint d’or du Taureau marche les bras croisés. _ « Je ne m’inquiète pas pour eux. Ils ont surmonté de lourdes épreuves. Ils reviendront à eux en temps voulu. Ce qui m’étonne surtout, c’est que tu n’abordes pas le sujet toi-même. Il existe une solution pour ces armures. _ En effet. Mais tu sais aussi bien que moi, que notre sang n’est pas suffisant pour réparer ces cinq armures. Même l’armure du Phénix, capable de renaître de ses cendres, est inutilisable. Il faudra beaucoup, beaucoup de sang. _ Nous ne sommes pas non plus les seuls Saints d’or survivants. Nous ne sommes pas non plus les seuls à avoir reconnus Seiya et ses amis à leur juste valeur. _ Tu suggères qu’il faut réunir Aiolia et les autres ? » Un simple sourire permet au Saint du Taureau de répondre par l’affirmative.
Plus loin, à la Source d’Athéna, devant le temple, là où les feuillages dissimulent le grand jardin fleuri qui encercle ce dispensaire miraculeux, une jeune femme rousse aux collants rouge et aux guêtres blanche observe un bijou. Sous son masque de femme chevalier, Marin détaille les symboles de Pégase et de la Chouette qui s’entremêlent : « Seiya… Je viens de réajuster ton Jonc à ton poignet. Je garde celui de ta s½ur précieusement. Peut-être m’aidera-t-il à retrouver la Chouette. »
Elle sert fort dans son poignet couvert de sa Cloth l’artefact lorsque, inopinément, une image holographique apparaît devant elle. L’apparence d’un homme jeune, robuste, brun, torse nu, aux pieds chaussés de ballerines, ne la laisse pas coi : « Pourquoi vous présenter à moi dans votre véritable apparence, Saint d’or de la Balance ? » Affûté, le Chinois projette depuis les Cinq Pics l’image de sa réelle apparence. _ « Simplement parce qu’après que tu te sois réellement présentée auprès d’Athéna, j’ai compris que mon subterfuge n’était pas nécessaire auprès de toi. _ En effet, j’ai toujours pu voir que votre apparence était volontairement vieillie. Le don que vous a fait Athéna est incroyablement puissant. _ Bien sûr. Néanmoins, je doute qu’il soit suffisant pour accompagner Seiya, Shiryu et les autres dans cette Guerre Sainte que tu prédis contre l’Olympe. Je mourrai sûrement avant. » L’Aigle tend le Jonc de la Chouette en direction de l’hologramme. _ « J’imagine donc que vous venez pour ça ? _ Bien sûr. Il est difficile de pouvoir te parler seul à seul alors que tu passes ton temps à parfaire l’entraînement des aspirantes Saintias. Je pense savoir qui est la Chouette d’Athéna. Depuis la nuit des temps, elle est liée à Pégase. Lors de la précédente réincarnation d’Athéna, elle s’était réincarnée en la mère du chevalier Pégase. _ Seiya et sa s½ur sont orphelins. Je peine à croire que sa mère soit… A moins que vous ne pensiez à… _ Sa s½ur ! Ça peut être une piste. _ Si c’est bien le cas, vous ne me facilitez pas la tâche, Seika a disparu lorsque Seiya est parti en Grèce il y a plus de six ans maintenant. _ J’ai beaucoup réfléchi à ta discussion avec Athéna et Mû. Et j’ai également suivi ton affrontement contre Hestia. Quelque chose m’est alors venu à l’esprit. Ce cosmos olympien dégagé par l’Ange. Je l’ai ressenti à plusieurs reprises. Y compris il y a six ans. Ce n’était pas le même, mais il était relativement proche. _ Si la Chouette est bien Seika, un Ange l’aurait abattu c’est bien ça ? _ Pas forcément. Mais j’ai souvenir d’avoir ressenti cette cosmo énergie semblable à celle de l’Ange que vous avez affronté avec Apodis, dépassant celle des Saints d’or, à proximité du Sanctuaire. Sur les frontières Sud. Qu’elle soit vivante ou morte, peut-être retrouveras-tu des traces de la Chouette, ou de Seika, ou conjointement des deux, là-bas ? _ Même si c’est très maigre, ça reste une piste. Il est vrai que Seika a quitté le Japon pour partir à la recherche de son frère. A force de détermination, elle a très bien pu arriver jusqu’aux portes du domaine sacré. J’essaierai de poursuivre mes recherches tout en veillant sur Seiya. Cependant, Athéna m’a confié la formation des Saintias et j’aimerai vraiment me rendre auprès de Nicol et Mei également pour les aider dans leur quête. _ Je suis à distance l’avancée de leurs recherches. Hélas, je piétine autant qu’eux. Athéna t’a demandé de substituer le rôle de la Chouette en veillant sur Seiya jusqu’à nouvel ordre tout en formant les Saintias. Je m’occupe de te faire dispenser l’apprentissage des Saintias. En deux mois et demi de temps, avec les bases qu’elles avaient, je pense qu’elles en ont assez pour prendre leur envol. Tu peux te focaliser sur Seiya et sa s½ur. Et pour ton Pendentif de Zeus, tu auras le temps de le chercher une fois de nouveaux indices recueillis. »
A Asgard, au temple Walhalla, après que l’immense vague de Poséidon a emporté Hilda pour l’ensorceler à l’aide de l’anneau des Nibelungen sous le regard d’Alberich, la Prêtresse d’Odin a réuni ses hommes sur la terrasse de son palais. Tous les nouveaux Guerriers Divins sont agenouillés et en tenue de guerre. Ils apprennent la prétendue volonté d’Odin, dictée par une Hilda sous l’emprise de Poséidon.
Esseulé depuis des mois, Bud a vu l’espace d’un instant l’espoir d’une vie meilleure lorsque l’armure double de Zeta se présenta à lui. Hélas, une fois arrivé auprès d’Hilda, ses rêves de retrouver légitimement Bedra de Edel et de faire valoir son rang de God Warrior, furent anéantis en réalisant qu’une fois de plus il n’était que l’ombre de ce frère qu’il hait. Face à la statue d’Odin, dissimulé derrière une colonne de marbres, Bud d’Alcor découvre le projet de conquête du Sanctuaire. Alors, lorsque la Princesse de Polaris achève son discours et demande à ses Guerriers Divins de rassembler les soldats du domaine, il profite de la savoir seule pour la rejoindre à ses appartements.
La suivant furtivement dans ses jardins privés, il ne prend pas la peine d’admirer les sculptures recouvertes de givres et de stalagmites lorsqu’elle lui confirme son rôle. _ « Moi ? L’ombre de Syd ? Je ne suis donc pas un Guerrier Divin ? » Elle le lui certifie en renvoyant dans le ciel un oiseau venu chercher l’accueil de ses mains. _ « Le Guerrier Divin de l’étoile de Zeta est et restera Syd de Mizar. Tu es son ombre, personne ne doit te voir. _ Majesté Hilda, je ne pense pas être inférieur à Syd en puissance. Je le surpasse même ! Alors pourquoi ? » En se retournant pour exposer un sourire sadique que personne ne lui connaissait avant aujourd’hui, elle conclut : « Odin, notre dieu, en a décidé ainsi. Veux-tu désobéir à Odin ? Si tu n’es pas satisfait de ton sort, tu peux partir. Cependant, si Syd devait faillir un jour, toi seul pourrais lui succéder en tant que Guerrier Divin de l’étoile de Zeta. » Résigné, Bud prend congés en s’assurant de n’être vu par personne. Avant qu’il ne soit parti trop loin, Hilda lui prouve une fois de plus son tempérament implacable : « En étant l’ombre de ton frère, tu constateras que je ne tolère pas la trahison à Odin. J’ai fait emprisonner Sigmund de Grani pour diffamation. Syd le conduit à l’heure qu’il est en cellule en compagnie de Thor. » Bud ravale sa morgue et fait profil bas.
Pourtant, Hilda ne parvient pas à aspirer au plaisir de la solitude qu’elle s’est découverte depuis la possession de l’anneau. Elle devine au pas pressé d’un des fidèles guerriers d’Asgard qu’il s’agit d’un noble qu’elle connaît bien : « Surt ! Ne devrais-tu pas être avec ceux rassemblés en bas, sous les ordres des God Warriors ? » Le jeune homme aux cheveux couleur feu ne tient pas en place. Malgré qu’il se soit incliné, il trépigne d’impatience : « Princesse Hilda ! Cette Guerre Sainte que vous déclarez au Sanctuaire me parait la plus légitime au monde ! Vous connaissez mon dévouement envers le Royaume d’Asgard et la rage qui m’anime envers les Saints d’Athéna ! Seulement, je me permets de vous poser la question, pourquoi n’avoir réveillé que les God Warriors de la Grande Ours ? » L’ami d’enfance de Camus, animé par sa soif de vengeance après que le Français a tué sa s½ur par accident, soulève un point qu’Hilda s’empresse de préciser. _ « Ton dévouement te rend perspicace mon cher Surt. Odin dispose de deux corps de God Warriors. Celui rassemblé sous l’égide des étoiles la Grande Ours. Et celui sous l’égide des créatures de la mythologie nordique. En bon stratège, il serait imprudent de dévoiler à l’ennemi l’ensemble de mon jeu. La Guerre Sainte sera déclarée par les représentants de la Grande Ours. Ceux-ci défendront le Walhalla, quand Athéna voudra que je lui rende des comptes. Et s’ils ne suffisent pas à assurer ensuite ma conquête, alors je marcherai sur le Sanctuaire avec les représentants de notre mythologie nordique. » Elle glisse sa main sur la tresse que porte Surt en hommage à sa s½ur et le rassure : « Surt d'Eikthyrnir, tel le cerf se tenant sur le Walhalla, tu marcheras avec moi sur le monde lorsque l’heure sera venue et que Odin fasse appel à toi. A présent descends avec les tiens. Et rassure ceux qui aspiraient à devenir comme toi les semblables de Siegfried et des autres. »
Dehors, camouflé dans des dunes de neige à l’intérieur de sa Robe blanche, Bud se tourmente : « Désobéir à Odin ?! Jamais de la vie. Au contraire, je compte bien lui prouver mon dévouement. » Comme si son dieu l’entend, il surprend une troupe de cinq soldats vêtus de fourrures sous leurs armures et portants l’emblème d’Asgard. _ « Que faites-vous ici à traîner, les agresse-t-il ? » Le meneur de l’escouade déclare : « Nous répondons à l’ordre de rassemblement des Guerriers Divins. Nous regagnons le Walhalla. Et toi ? Qui es-tu ? Ta God Rob ressemble étrangement à celle du Guerrier Divin de Zeta ! » Usant d’ingéniosité mais aussi de caractère, Bud ordonne : « C’est parce que je suis… Le second du God Warrior de Zeta, Syd de Mizar. Il m’a ordonné d’aller transmettre un message au Sanctuaire et m’a confié une équipe. Sachez que notre mission sera reconnue par Hilda en personne. Alors ?! » Sans même demander aux siens, le leader confirme pour eux : « Bien sûr que nous en sommes ! » Immédiatement, l’unité suit du mieux qu’elle peut le combattant des glaces qui s’assure déjà du succès de son opération : « D’après ce que j’ai pu comprendre du messager du Sanctuaire envoyé il y a quelques mois par Athéna quand j’épiais Hilda, ceux qui l’ont protégé des Saints d’or sont dans un état critique. Si je débarrasse déjà Hilda de ces gêneurs, je ne pourrai qu’être reconnu par Odin. C’est certain… »
En Grèce, au Sanctuaire, à la Source d’Athéna, la nuit est tombée. Un étrange vent glacial s’est levé. L’occasion pour les deux soldats de garde devant le temple où reposent Seiya et ses amis de discuter de cet étonnant froid. Baillant à l’unisson, ils sont troublés par un inattendu bruissement. Sans même avoir le temps de s’interroger, ils tombent sans vie. Leurs yeux, d’abord embués par le sommeil, perdent tout éclat pendant que leurs corps meurtris et couverts de givre, s’écrasent dans l’herbe devenue aussi fragile que du verre en raison d’une chute brutale de température.
Furtives, cinq ombres surgissent devant les cadavres. En contrôlant sa respiration, l’une d’elles murmure : « Une chance que les effectifs de l’armée d’Athéna se sont amoindris au fil des derniers mois. Sans quoi, nous n’aurions pas réussi à venir ici sans encombre. » Les quatre autres, retenant leur cosmo énergie pour mieux localiser leurs proies, s’introduisent dans le palais. A pas de loup, ils avancent sur le sol marbré dont le reflet glaçant dessine la forme d’hommes aux bottines en fourrure, couverts de plastrons métalliques par-dessus leurs laines épaisses, protégés au bras gauche par un bouclier pointu et ornés d’un casque à cornes. Le blizzard qui les accompagne, gèle en un instant l’eau de l’immense fontaine sculptée dans le même marbre blanc que les colonnes qui tiennent la voûte peinte en marine. Les statues gravées dans la pierre se brisent d’elles-mêmes sous l’effet du froid. Comme s’ils chassaient sur leur terre natale, éternellement couverte de neige, les assassins se positionnent à chaque coin de la pièce comme pour mieux cerner les lits de pierre drapés de linges blancs où sont étendus les Saints de bronze. Néanmoins, le visage d’un des étrangers se fige : « Quoi ?! Comment ?! Un des cinq lits est vide ! » Un rire moqueur réplique à cette surprise. Très vite, sortant de l’obscurité imposée par une statue, la figure spectrale d’un homme accompagne le sarcasme. Malgré son visage creusé, les cheveux bleus d’Ikki permettent à quiconque ayant déjà croisé le chevalier dans sa vie de le reconnaître. Uniquement en sous-vêtements, il expose ses muscles saillants bien qu’encore endoloris. Pour éloigner le danger, le Phénix leur tourne le dos et s’engage vers la sortie en traînant difficilement la jambe. _ « En temps normal, je les aurai éliminé avec précision d’un seul coup. Cependant, c’est un miracle si j’ai déjà pu me lever de ma couche. L’instinct certainement, réfléchit Ikki pendant sa retraite… »
A peine sorti, ses sens sont mis en alerte puisque, sans se retourner, il pressent qu’un des hommes est entrain de dégainer une hache. Il esquive le misérable sans tenir compte de son corps à peine rétabli. Avec une agilité qui le surprend presque, il ramasse au passage le bras de son assaillant et le renvoie auprès des quatre autres tout juste arrivés. Sans plus tarder, peu rassuré, Ikki concentre légèrement son cosmos pour libérer, d’une voix diminuée, un faible, mais suffisant, arcane : « Ho Yoku Tensho. » L’incandescence des Ailes du Phénix, offre une chaleur inédite à ces guerriers du froid. Leurs yeux terrifiés témoignent de la douleur éprouvée par cette attaque qui leur ôte immédiatement la vie. Toutefois, Ikki n’exprime aucune satisfaction. Au contraire, son corps se pétrifie pour une raison étrangère aux stigmates laissés par la bataille remportée trois mois plus tôt. Un cosmos glacé, puissant et dégageant un immense instinct meurtrier, surpassant les faibles assassins tout juste abattus, l’oppresse. Son porteur, une ombre blanche sortie de derrière un arbre, lance un coup à une vitesse à peine perceptible pour un Phénix convalescent. _ « Il se déplace à la vitesse de la lumière comme seul un Saint d’or sait le faire, songe-t-il ! » L’attaque d’une lumière aveuglante fonce sur lui en déchirant la nuit. Dans un tel état et sans armure, Ikki ne peut l’éviter. Résigné, il ferme les yeux et se contente d’envoyer une dernière penser à son petit frère : « Shun… » Lorsque le moment d’être fouetter par le froid meurtrier vient, une étrange enveloppe d’une énergie intense anéantie le choc. Une voix familière au Saint de bronze brise le suspens : « Kan ! » _ « Shaka, reconnaît Ikki ! » A peine le Japonais trouve le temps de se retourner pour reconnaître son sauveur, que l’ombre blanche de Bud d’Alcor disparaît dans la nuit…
Pendant ce temps, à Asgard, dans les couloirs du palais, Freya observe impuissante chaque God Warrior se réunir dans la salle du trône. Fermés, concentrés, tous sont déjà rivés d’un air solennel vers leur mission.
Tourmentée par le comportement de sa s½ur depuis ce matin, elle ne résiste pas au besoin de se précipiter auprès de Siegfried. Ne sachant par où commencer, elle souhaite sensibiliser le plus puissant des Asgardiens en allant droit au but. _ « Siegfried ! Ma s½ur a changé du tout au tout, elle est comme possédée par le démon. Tu t’en es sûrement rendu comptes ? Si on ne fait rien, elle subira le châtiment céleste ! Use de ta puissance pour libérer ma s½ur ! » Tout juste nommé général de l’armée de sa bien-aimée à la place son frère jugé pour haute trahison, encore peiné par cette nuit d’amour chacun passé dans les bras de Thétis, Siegfried refuse de nuire aux projets d’Hilda, ni même de croire que sa volonté d’agir dans l’intérêt de son peuple soit dictée par le diable. Sigmund a profité que son frère baisse sa garde un instant pour tenter un coup d’état que Freya semble suivre. Hors de question pour lui de ne pas saisir l’occasion de revenir dans les bonnes grâces d’Hilda. _ « Dame Freya, je ne peux que protéger Dame Hilda en toutes circonstances. Si Sa Majesté Hilda doit recevoir un châtiment céleste, moi, Siegfried, resterait à ses côtés jusqu’en enfer. _ Siegfried… _ Pourquoi ces doutes maintenant ? Je ne peux plus reculer, j’ai prêté serment. J’ai juré de protéger sa Majesté Hilda, quoi qu’il arrive. » Sans en dire davantage, il prend congés et rejoint ses six frères d’armes déjà positionnés entre le trône de la Prêtresse d’Odin et le grand foyer aux flammes bleutés qui donnent à la pièce aux teintes déjà froides davantage de cynisme.
A la suite du Guerrier Divin d’Alpha, Freya s’immisce dans la pièce, sans que cela ne dérange la Princesse de Polaris, impériale dans son fauteuil entouré de deux griffons en pierre. _ « Je vous ai tous réunis ici pour mener à bien une mission. Notre mission. Celle d’offrir au peuple d’Asgard une vie plus clémente. Là où le soleil brille sans cesse et où la faim ne nous tue pas. Des générations d’Asgardiens ont été suffisamment nombreuses à être sacrifiées. Au nom d’Odin, je demande réparation. Athéna a repris son Sanctuaire. Pourtant, que la Terre soit gouvernée par la Déesse de la Sagesse ou par un imposteur, rien ne change pour nos âmes meurtries. Il n’est que justice qu’Asgard confie cette lourde tâche qui nous a toujours incombés à d’autres. Pour cette raison, je choisis Syd de Mizar Guerrier Divin de Zeta pour se rendre au Sanctuaire et délivrer un message… » Couvert de sa noble God Rob, le tigre viking avance d’un pas pour acquiescer, lorsque la cadette d’Hilda intervient de sa frêle voix : « Attends grande s½ur ! Veux-tu vraiment qu’Asgard conquière le Sanctuaire afin de dominer la planète ? » Sereine, Hilda répond sans sourciller : « Les Guerriers Divins sont de mon côté. Je ne peux pas perdre contre Athéna. » Le regard de son aînée, d’ordinaire si tendre, est chargé d’une noirceur troublante. Si les Guerriers Divins et le peuple, à l’égard de leurs vies pénibles ici, peuvent juger légitime la décision d’Hilda, Freya n’en oublie pas moins les sages paroles d’antan de sa s½ur. Celle-ci l’a toujours destiné à la remplacer si jamais il venait à lui arriver malheur. Pour cette raison, elle connaît toute l’importance de leur rôle ici : « Qu’est-il arrivé ? Qu’est-ce qui t’a changé ainsi ? Réveille-toi, grande s½ur ! » Ne tolérant plus aucune insubordination, Hilda se lève : « Tais-toi ! Thor, emmène Freya. Mets-là donc au cachot ! » Stupéfait, le géant ne sait comment réagir. _ « Mais… _ Obéis-moi immédiatement, Thor ! » Alors que l’immense silhouette du God Warrior de Gamma lui fait de l’ombre, les yeux teintés de tristesse, Freya tente une dernière fois d’interpeller son aînée : « Grande s½ur… » Toutefois, la mine embarrassée, Thor passe devant elle pour l’inviter à quitter la pièce.
En Grèce, au Sanctuaire, à la Source d’Athéna, Ikki regarde Shaka examiner les cadavres des cinq guerriers des glaces devant le temple où il a sommeillé pendant trois mois. Les doigts du Saint d’or caressent les gravures faîtes sur leurs boucliers : « Deux corbeaux autour d’un écu frappé par les sept étoiles polaires… L’emblème d’Odin et du royaume d’Asgard. Mais pourquoi Asgard alors que la Prêtresse de Polaris a assuré allégeance à Athéna lors de son retour au pouvoir ? » Le Saint du Phénix, lui, fixe froidement ses adversaires : « Peu importe. S’il y a bien un moment où le Sanctuaire est fragile, c’est maintenant. Nous nous remettons à peine de la discorde causée par Saga. La réorganisation du domaine est donc friable et surtout, je le perçois, Athéna est loin d’ici. »
Un ton chevaleresque, bien qu’emprunté, répond à Ikki. Réveillé, soutenu par ses trois autres camarades qui ont émergés grâce aux vibrations du récent affrontement, Seiya sort du temple dans la même tenue que les autres souffrants : « Et nous ne pouvons pas laisser Saori seule… Alors qu’un nouveau danger la menace ! » Immédiatement, Shun court jusqu’à son frère pour l’aider à tenir debout. Enfin sur pieds, réunis, les chevaliers de bronze s’échangent fièrement un sourire rempli de conviction. Essayant de nuire le moins possible à ses solennelles retrouvailles, Shaka déclare : « Puisqu’il en est ainsi, allez donc revêtir vos tenues qui vous attendent à vos chevets et rejoignez-nous donc au lever du soleil, nous autres Saints d’or, chez Mû. »
Alors que Shaka les devance, Ikki remarque sur l’armure d’or de la Vierge quelques marques de givre, que l’adepte de Bouddha espérait jusqu’ici dissimuler. Serrant les poings, Ikki grimace : « Cette ombre blanche… Ça devait certainement être un de ces légendaires Guerrier Divin d’Asgard. Alors que même mes attaques les plus puissantes n’avaient pas été capables d’affliger à une armure d’or une simple éraflure, ce défenseur d’Odin y est parvenu. Même si on dit de la Prêtresse de Polaris qu’elle est une femme bienveillante, aimée et respectée de tous, il paraît inévitable que je retrouverai ce Guerrier Divin dans peu de temps… » Ikki devine déjà son prochain affrontement avec Bud d’Alcor…
Dans une dimension qui surplombe la Terre, l’Olympe, à l’extérieur du temple du soleil, dans les jardins du dieu Apollon, l’imposant maître des lieux laisse l’eau d’une fontaine tenter d’approcher sa main. Devant le monument sculpté à son effigie, le frère d’Artémis s’amuse à faire évaporer l’eau grâce à l’insoutenable incandescence de son divin cosmos. Derrière lui, dans leurs Glories, ses fidèles Anges, Helénê et Kassandra observent agenouillées les gesticulations du pitoyable Roloi qui mime à son maître la prise de possession d’Hilda par Poséidon. Ses pitreries amusent les quelques servantes du fils de Zeus, étendues dans le muguet qui couvre tout le parc du palais solaire. Plus loin, reculés, sous l’ombre d’immenses lauriers majestueux, Héra, Hestia et Héphaïstos, les trois autres comploteurs, attendent la fin du récit de Roloi, pour qu’Apollon leur adresse enfin la parole.
Hautain, Apollon susurre ces phrases courtes qui caractérisent son allocution condescendante : « Ainsi tout se déroule selon notre plan. » Le pas saccadé, boiteux, le torse nu, le Dieu du Feu, des Forges et des Volcans s’expose à la vue de tous. Sa voix grondante retentit à travers sa barbe broussailleuse : « Rien n’est encore fait. Il y a beaucoup d’acteurs sur Terre. Qui te dit que personne ne viendra chambouler l’ordre des évènements que nous avons fixé. » Apollon dédramatise : « Poséidon va affaiblir Athéna en utilisant Asgard. Si Asgard ne suffit pas, si Poséidon ne suffit pas, Tezcatlipoca, Loki, Hadès, Eris et Arès feront l’affaire. Athéna mourra ou sera poussée à la faute. » Toute couverte de sa toge immaculée, la Déesse du Feu Sacré et du Foyer, Hestia, s’en extasie : « Dans les deux cas, Zeus ne pourra rester insensible au sort de l’humanité. » Immédiatement, les yeux plissés, impériale dans sa robe pourpre, la Déesse du Mariage, Héra, ramène sa semblable à la réalité : « Si Arès nous fait faux bond ? Si les Alcides de cette garce d’Hébé, ou encore Alexer de Blue Graad, se joignaient à Athéna pour combattre Poséidon et Hadès, ses ennemis légendaires, nos plans pourraient tomber à l’eau ! »
Tournant le dos à ses pairs, chassant d’un simple regard ses domestiques, le Dieu du Soleil attend d’être en toute intimité pour réagir de son ton sournois : « C’est pour cela que je vous ai conviés aujourd’hui. Helénê, la plus puissante de tous les Anges de l’Olympe, a été éloignée de moi trop longtemps. Réincarnée sur Terre sous le nom de Ksénia, elle a mené d’une main de maître notre conspiration. Ensuite, j’ai également mandaté Kassandra pour la lier à Arès. Elle pourra veiller à la bonne exécution des engagements de ce ridicule personnage. Roloi, lui, bien que n’étant un simple Olympien, se charge d’innover sans cesse dans le but que nous dupions du mieux possible Zeus. A votre tour, j’aimerai que vous engagiez enfin quelques forces dans la bataille. » Le menton carré et la large carrure d’Héphaïstos aurait de quoi effrayer quiconque en Olympe, surtout lorsqu’il s’insurge comme il le fait présentement : « Comment ?! Après notre confiance, tu oses nous demander un tribut encore plus lourd ! » Sans même écarquiller les yeux, Apollon ne laisse s’approcher davantage son acolyte. D’une simple émanation de cosmo énergie, il tétanise l’un des plus puissants gardiens du monde céleste. Immobilisé, contraint à courber l’échine, Héphaïstos abandonne très vite toute hostilité dans son regard, forcé de constater la toute-puissance de celui qui a, depuis la fondation de cet univers, toujours été envisagé à la succession de Zeus si d’aventure celui-ci venait à disparaître. Le célèbre adage du calme olympien n’étant jamais mieux justifié qu’ici, le dieu du Soleil suggère : « Est-ce donc une tenue à avoir auprès de moi Héphaïstos ? Je vais répondre logiquement à cette question. Non. Ce n’est pas ainsi que tu dois te tenir. Ce ne sera plus jamais ainsi. N’est-ce pas ? » D’un battement de cils, la titanesque entité valide la supériorité d’Apollon. Ce dernier l’invite : « Tes propos étaient d’autant plus déplacés, sachant qu’Héra est déjà intervenue par le passé pour contrer la Chouette. Et qu’Hestia a éliminé en personne Hébé. » Reprenant son souffle, essuyant du revers de la main la première goutte de sueur froide de son existence qui lui parcoure le front, Héphaïstos demande : « Qu’attends-tu de m… Que puis-je faire ? » Apollon reconnaît : « Héra a été clairvoyante. Il faut se méfier de l’apport des Alcides et des Blue Warriors. Nous ne devons laisser aucun allié à Athéna pouvant nuire à nos plans. »
En Grèce, au Sanctuaire, à l’Ouest du domaine, zone autrefois témoin d’une très grande bataille contre Arès, le village de Paesco reste le seul endroit du Sanctuaire où le chevalier de Pégase se sente réellement chez lui. Autrefois locataire de ce lieu, comme Orphée et Apodis, Seiya y titube. Tout juste remis, accompagné de Shiryu, Hyoga et Shun, il s’installe dans le misérable logis qu’il partageait avec Marin. _ « C’est bien peu, mais je ne me voyais pas passer une nuit de plus dans ce temple où nous sommes restés trois mois, s’installe Seiya sur son ancien lit de pierre. _ Dommage que mon frère ne nous a pas suivi, déplore Shun. _ Tu le connais Shun. Pour rien au monde Ikki ne se mêlerait à un groupe, dit Hyoga en posant affectueusement sa main sur son épaule. _ Il a préféré attendre que d’autres gardes viennent chercher les corps de nos assaillants, ainsi que ceux de nos deux soldats morts, avant de monter la garde en cas d’un éventuel retour, complète Shiryu. » Seiya s’allonge, les bras derrières la tête : « Il ne changera donc jamais ! Mais au moins, toi, Shun, tu as de la chance. Tu as un frère que tu vois toujours et qui ne t’ignore pas. » Ses trois amis comprennent vite où Seiya veut en venir. _ « Tu attends toujours des nouvelles de Marin, demande Hyoga ? _ Tu espérais peut-être la retrouver chez vous. Voilà pourquoi tu nous as menés ici, déduit Shiryu. _ C’est vrai. Depuis qu’Astérion a dit qu’elle est ma s½ur, le doute m’habite. Je ne sais plus quoi penser. Et si elle m’est venue à l’aide durant la traversée des douze maisons, j’aurai au moins voulu lui dire merci et lui demander… » Tout à coup, on frappe à la porte. Manquant de chuter, Seiya se précipite pour l’ouvrir en grand, mais montre involontairement une profonde déception, en voyant que le masque de femme chevalier auquel il fait face n’est pas celui du Saint de l’Aigle : « Ah… June… » C’est Shun qui prend la suite. D’un pas moins pressé que Seiya, il demande de sa douce voix : « June ! Tu es rétablie ! Quand es-tu arrivée en Grèce ? »
Préférant ne pas déranger Seiya plus longtemps, Andromède s’éloigne en compagnie de l’Ethiopienne aux cheveux couleur blé…
Dans la demeure, Seiya, aidé de Shiryu et Hyoga, repart s’effondrer sur sa couche. En se prenant la tête entre les mains, il remarque seulement le Jonc d’Athéna qu’il croyait perdu alors qu’il n’était encore que l’élève de Marin. _ « M… Mais… C’est mon bracelet ! Je ne l’ai même pas remarqué tout à l’heure lorsque je me suis rhabillé. J’ai fixé mes brassards machinalement sans faire attention. _ Cet objet à l’air très important pour toi, un peu comme la croix que Hyoga a reçu de sa mère. _ Oui. C’est un bijou qui me vient de mes parents. Enfin je crois. D’aussi loin que peuvent remonter mes souvenirs, je l’ai toujours eu. Et ma s½ur Seika avait le même. J’ai cru l’avoir perdu lorsque je faisais mon apprentissage de Saint. C’est étrange… » Préférant se ressourcer un peu, Hyoga botte en touche en rigolant : « Encore un bien étrange mystère que le cosmos devra résoudre ! » Les trois compagnons rient aux éclats comme pour libérer leur joie d’être sains, saufs et réunis.
Sur l’île d’Yíaros, dans le Parthénos, Juventas Alcide des Juments de Diomède reste dans la salle du trône. A l’intérieur du temple d’Hébé, vide et terriblement silencieux, la régente de l’île, grande, mince, porte sa Cloth blanche et crème par-dessus sa tunique grenat. Elle fixe à travers son masque de femme chevalier le fauteuil qu’occupait il y a encore quelques mois la Déesse de la Jeunesse. Propre, rénovée après la tentative de coup d’état des hommes de Gigas, la pièce dégage encore l’odeur du ciment et du plâtre frais. Un parfum que le disgracieux ¼dipe ne pourra jamais ressentir. En traînant les jambes, l’hideux Alcide des Oiseaux du Lac Stymphale s’invite par télépathie dans l’esprit de sa camarade. _ « Cela fera bientôt cinq mois qu’Hébé nous a quittés. _ Et mon c½ur saigne depuis. _ Il est évident que nous n’aurons jamais assez de temps pour faire le deuil de notre Grande Hébé. Mais peut-être devrions nous nous rapprocher d’Athéna, pour poursuivre la volonté de notre Majesté ? _ J’ai perdu les deux hommes qui auraient pu rendre ma fille heureuse. Je n’envisage pas de partir à la guerre et d’en faire une orpheline. _ Tôt ou tard hélas il nous faudra agir. Tu as dû ressentir comme moi une étrange cosmo énergie malfaisante planer autour de l’île depuis la mer. _ Crois-tu toi aussi qu’il puisse s’agir de Poséidon ? _ C’est envisageable. En plus du complot de l’Olympe, d’autres dieux ne se priveront pas d’attaquer la Terre. En plus des Olympiens, Athéna devra faire face à ses ennemis historiques. _ Oui… J’en ai conscience… » La guerrière au cheveux couleur taupe traverse la pièce pour prendre la direction des couloirs depuis laquelle elle scrute, grâce aux lucarnes, sa cité originelle : « … Seulement, notre armée se reconstitue à peine. Et pour tous ces jeunes gens, porter la dague hébéïenne sera une première. » ¼dipe la suit péniblement : « Je réalise que l’ultime bataille les conduira à la mort. Tout comme nous. Néanmoins, il en va de la survie du monde. Un monde auquel ta fille appartient. » La veuve d’Iphiclès cesse sa progression et abandonne ses pensées dans l’horizon. Les images bienfaitrices de son époux Iphiclès et de son amant Apodis se bousculent dans sa tête. Pourtant, elle réussit enfin à n’en tirer aucune nostalgie. Au contraire, le Lion de Némée et l’Oiseau de Paradis éveillent enfin en elle un désir de revanche : « Laissons à Athéna le soin de combattre ses ennemis historiques. Nous viendrons à son secours lorsqu’il conviendra de défaire les ennemis de tous les hommes et de tous les dieux qui veulent gouverner la Terre, l’Olympe. »
En Grèce, au Sanctuaire, la tête dans les étoiles, Shun progresse d’un pas lent et ordonné en compagnie de June bien silencieuse. En prenant la direction du Nord du domaine, le Japonais est stupéfait. _ « Je n’aurai jamais cru le Sanctuaire aussi grand. _ Lorsque je suis arrivée hier, j’ai eu du mal à me repérer aussi. Heureusement, Shaina m’a affecté à la surveillance d’une zone bien connue des gardes que j’ai sous mes ordres. _ Je suis content de te savoir heureuse ici. Te connaissant, je savais que la vie au Japon t’aurait semblé monotone. Comment vont Sho, Ushio et Daichi ? _ Très bien. Ils se sont parfaitement occupés de moi. » Instinctivement, s’étonnant après coup d’avoir fait une telle remarque, Shun demande d’un air inquisiteur : « Jusqu’à quel point ? » Confus, dérouté, l’élégant chevalier aux cheveux vert pomme a les joues qui s’empourprent. Seulement, c’est suffisant pour que June ôte son masque. _ « C’est tellement mieux ainsi. L’air est agréable pour cette première pleine lune du printemps tu ne trouves pas. _ June… Ton masque… Tu… _ Tu me l’as ôté Shun lors de notre combat au Japon. Tu sais ce que cela signifie n’est-ce pas ? » Shun peut lire dans les grands et beaux yeux bleus de son amie toute l’émotion qu’elle éprouve en restant rivée vers la lune. Il se contente d’un timide : « Oui. » Heureusement, bien vite, voulant stopper ce silence gênant, June s’exclame : « C’est ici ! » A visage découvert, elle se précipite dans un village où seules quelques ambiances musicales s’échappent des différentes tavernes. Les allées sont libres, quelques chandelles forment les ombres des habitants des petits logis que Shun et June s’amusent à observer en traversant la place : « Voici le village où je réside désormais ! »
Elle s’engouffre dans une modeste mais propre demeure. Au risque de le faire chuter alors qu’il est encore faible, elle tire Shun par le bras pour l’obliger à occuper l’espace. Une pièce principale où domine une grande table en bois sur laquelle l’urne de sa Cloth est posée. Une chambrette à droite, dont l’encadrement de porte est fermé par un rideau. Des peintures colorées et chaudes qui rappellent l’île d’Andromède… Shun se sent aussitôt comme chez lui. _ « Lorsque j’ai perçu ma première bourse de sacres pour m’installer après que je sois promue sergent, j’ai visité plusieurs demeures mais j’ai craqué aussitôt sur celle-ci. » Shun écarte le rideau de la chambrée pour finir son inspection. Il découvre un grand lit déjà couvert d’étoffes par June et un bassin d’un mètre vingt sur deux mètres carrelé avec de magnifiques mosaïques : « Je comprends, en effet, c’est sublime. » Accompagnée par la lumière intense de sa Cloth qui reprend sa forme en totem pour rentrer dans sa Pandora Box, June assure : « Nous serons heureux, ici, tous les deux. » Laissant Shun sans voix, elle défait ses vêtements en exposant sa totale nudité sans la moindre gêne. Elle déverse l’eau qui chauffe depuis plusieurs heures dans une marmite suspendue au-dessus du feu de la cheminée. Intimidé, Shun détourne ses yeux d’elle en se contentant de lui dire : « Tu es magnifique. » D’un ton volontairement hasardeux, alors qu’elle se glisse dans l’onde, elle lance : « Tu ne me rejoins pas ? » Fébrile, Shun se positionne sur une chaise et préfère décliner l’invitation : « Vois-tu, June, j’ai… Je suis… » Le regard perdu d’Andromède s’abandonne sur le sol de la maisonnette. Ne sachant comment s’y prendre, il ne remarque même pas le corps trempé de June venir le chercher : « Tu te souviens de ta promesse avant l’épreuve du sacrifice sur l’île d’Andromède ? » Confus, le chevalier regarde la jeune femme le dominer en se tenant droite devant lui, alors qu’il est complètement affaissé sur son siège. Instinctivement, il contemple le détail de ses courbes sur lesquelles glissent les gouttes d’eau chaude. Par phénomène de condensation, le corps tout entier de June dégage une vapeur qui crée une atmosphère licencieuse. Elle s’accroupit délicatement sur les genoux du Saint convalescent en prenant soin de rapprocher le plus possible son buste du sien, lui offrant au passage le frôlement de son affriolante poitrine contre son visage : « Tu m’as promis que lorsque tu retrouverais ton frère, tu reviendrais auprès de moi. Que crois-tu que j’attende à présent ? » Contraint de faire front à l’attitude avenante de son amie, Shun cesse son regard abandonné et la fixe avec émotion. _ « Je sais très bien ce que tu souhaites, mais d’autres batailles nous attendent encore. Je ne peux t’assurer une vie harmonieuse, tant que je n’aurai pas assuré la paix en ce monde. _ Cette nuit… Juste celle-ci, la paix, elle règne. Pourquoi en vouloir plus lorsque nous pouvons profiter des instants présents ? _ C’est juste que je ne veux pas te promettre des choses que je ne pourrai t’offrir. » Elle lui agrippe fermement les mains pour les lui poser sur ses seins. Ses yeux pétillent d’impatience tandis que machinalement, Shun se laisse guider par les mouvements circulaires que June l’incite à réaliser pour lui faire plaisir. Lorsque les gestes de Shun deviennent autonomes, voire initiateurs, June se penche jusqu’à son visage pour lui baiser le cou. A mesure que Shun poursuit ses cajoleries de plus en plus passionnées, il peut entendre entre chaque claquement de lèvres les petites poussées aigues de la voix satisfaite de June. Très vite leur étreinte devient plus fougueuse et le corps suintant du Caméléon trempe le maillot de Shun qui lui colle à la peau et épouse à merveille son athlétique torse. La vue de ce corps si parfait conjuguée aux mains de Shun qui parcourent dorénavant le reste de sa peau propulse June dans un état de grâce…
Dans une dimension qui surplombe la Terre, l’Olympe, à l’intérieur d’un des onze temples qui protège l’accès au Mont Olympe, son propriétaire entre dans une rage folle. A l’intérieur de la demeure aux pierres ternes et à l’atmosphère suffocante, le Dieu du Feu des Forges et du Volcan boitille en pestant : « Apollon prétend que je ne fais que profiter des risques qu’il prend ! Et que contrairement à Héra et Hestia j’attends que notre courroux contre les hommes se réalise en gagnant les faveurs de Zeus ! Mais c’est faux ! Je vais le lui prouver ! »
Traversant un pont de pierre à l’intérieur même de sa propriété, le maître des lieux passe au-dessus un torrent de lave. Tout autour, sur les plateformes en roches taillés dans un style dorique, les serviteurs du dieu, uniquement des hommes à peine vêtus en raison de la température ambiante, s’activent à présenter le nectar et l’ambroisie partout où leur souverain pourrait être amené à passer.
Lorsqu’il s’arrête en plein milieu du pont, ses yeux, larges et plissés, regardent au loin un atelier, depuis lequel on peut entendre s’entrechoquer quelques morceaux de métaux. Il observe la silhouette frapper devant un fourneau quelques pièces de métal et l’appelle : « Phygée ! » Le susnommé déploie immédiatement ce qui s’apparente à des ailes. Elles apparaissent par l’effluve de la cosmo énergie qu’il dégage.
En quelques secondes, il débarque devant son maître et s’agenouille de façon très solennelle. Couvert d’une Glory, il n’ose même pas regarder son souverain dans les yeux : « Maître, la réfection du char d’Apollon progresse à… » Héphaïstos ne laisse même pas l’Olympien aux longs cheveux azurs coupés en carré plongeant finir sa phrase : « Le char d’Apollon attendra. Fais venir Idaios. J’ai une mission bien plus grande à vous confier. »
Au Sanctuaire, à l’intérieur de la chaumière de June, la buée de son bassin condense sur les blocs de pierre qui forment ses murs. Eclairée par quelques chandelles, celles-ci dessinent les corps entremêlés de Shun et June, désormais étendus, nus, ne faisant plus qu’un, sur la couche aux draps soyeux. La propriétaire de la maison, couchée sur le côté, une jambe enlaçant fermement les cuisses de son amant, entrouvre légèrement les yeux à chaque soupir d’extase, afin de ne rien perdre de la vue alléchante du visage de Shun en plein effort. Appliqué, concentré, doux dans ses premiers gestes et fougueux lorsque la passion l’exige, le Saint d’Andromède accélère le mouvement de ses hanches à mesure que sa mâchoire se crispe. Venant en même temps qu’elle au point culminant du plaisir, ils libèrent tous les deux un râle sauvage mêlant bonheur et délivrance.
Cependant, ce soulagement prend des allures d’émancipation pour Shun. Etrangement, si attentionné jusqu’ici, Shun serre plus fort encore contre lui June, au point que la marque de ses bras qui l’encerclent stigmate son corps. En appui, lourde et rugueuse, la main droite de Shun remonte le long de sa poitrine, jusqu’à sa frêle gorge qu’il saisit sans ménagement. Ses mouvements de reins deviennent plus secs, plus violents. Stupéfaite, June écarquille grands les yeux et remarque que les cheveux pomme de Shun oscillent vers le prune. Ses yeux s’embrument et, avec son autre main, il serre fort son collier en forme d’étoile avec l’inscription « Your’s Ever » gravée dessus. Ne voyant pas d’autre solution, elle le gifle violemment pour le ramener à lui. Le choc est si violent que le Japonais en tombe à la renverse et recouvre ses esprits et son physique originel. _ « June ?! _ Shun… Mais… Enfin… Qu’as-tu ? Qu’est-ce qu’il te prend ? » Devinant sa mauvaise conduite, influencée par ce cauchemar qui le poursuit sans cesse, Shun baisse les yeux : « Je… Je ne sais pas. Je ne comprends pas… » S’entourant des étoffes pour couvrir son corps qui se refroidit après avoir intensément brûlé jusqu’ici, June s’inquiète. _ « La dernière fois que je t’ai vu ainsi, c’était avant que tu choisisses l’épreuve du sacrifice. Tu étais devenu fou de rage contre Reda et Spica. Ta colère te consumait à tel point que tu aurais pu détruire l’île entière. _ Je… Je suis désolé. Je ne sais pas pourquoi je deviens ainsi. Plus le temps passe et plus je me sens comme changeant. Je hais la violence. Pourtant ce cauchemar permanent d’une petite fille me portant, moi bébé, dans ses bras, chaque nuit, renforce en moi ce sentiment de colère. Il ne m’est pourtant pas apparu durant la bataille des douze maisons. Mais il faut croire que d’être resté trois mois dans le coma a eu un effet néfaste. Cette vision a décuplé en moi cette peur et cette haine que j’abhorre plus que tout. _ Tu devrais en parler à Athéna. _ Non. Ni à Athéna, ni à mon frère. Je ne veux pas les perturber avec ça. Des choses plus importantes les concernent. » June vient alors se coller contre lui et l’enlace amoureusement. _ « Dans ce cas, nous combattrons ensemble ce mal qui te ronge. _ Si seulement c’était si simple, sourit-il gentiment. _ Oui, bientôt tu retourneras auprès d’Athéna et tu seras à nouveau loin de moi. »
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« le: 22 Décembre 2022 à 16h02 »
NEWS
Cette version du chapitre 27 est une version rééditée de la publication originale du 29 janvier 2012. Bonne relecture aux lecteurs les plus fidèles, et bonne découverte pour les nouveaux.
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« le: 4 Décembre 2022 à 13h38 »
Chapitre 82 Sur la plus septentrionale des quatre îles principales de l'archipel du Japon, Hokkaido, se matérialise la silhouette de Kyoko. Légèrement vêtue de sa jupe et de son chemisier, la jeune femme progresse dans le plus haut relief montagneux de l’île. Alors que quiconque ne tiendrait pas une minute dans ce climat, elle prend le temps de progresser dans la tenue scolaire qu’elle a choisi pour rendre visite à Mars en Grèce. D’apparence chétive, elle avance sans difficulté, caressée qu’elle est par les bourrasques de vent gelé, sur les sentiers sinueux. Tout à coup, au-dessus de sa tête, le bruit de raie d’hélices perturbe son allégresse. Un drone s’infiltre dans cette zone inhabitée et inexplorée depuis trois ans maintenant que le Jardin d’Eden a rejailli des entrailles terrestres. En débouchant en sortie de forêt sur le flanc de la montagne, elle s’en amuse : « Ils ne comprendront donc jamais. » A cet instant, morceau par morceau, l’appareil se disloque puis explose pièce après pièce. Elle observe alors devant elle des vestiges de la Grèce Antique taillés à même la roche. _ « Ils ne parviennent plus à accéder à ce lieu. Les barrières naturelles sont insurmontables. Alors ils tentent par leur technologie, sans jamais accepter qu’ils ne peuvent pas tout s’approprier sur cette Terre, d’atteindre ce lieu qui les rejette. La limite des hommes est atteinte là où le choisissent les dieux. »
Revenue de son escapade en Grèce avec Arès, Eris profite du soleil levé de ce 22 mars 1987 pour admirer en plein Japon de hautes colonnes de la Grèce antique. Elles érigent divers prieurés avec en sommet de flanc de montagne un temple plus imposant. Son ascension commence en slalomant les monceaux de roches retournés par la résurgence du Jardin d’Eden où se mêlent piliers effondrés et pierres brisées. Aussitôt, quelques Dryades aux Leaf noires et amarantes sortent des décombres pour prendre en étau la jeune femme jusqu’à ce que celles-ci reconnaissent leur déesse. Toutes s’agenouillent instantanément tandis qu’un Ghost Saint apparaît. D’un claquement de doigt il chasse les Dryades. _ « Rigel, quel plaisir que tu viennes m’accueillir. » Le Fantôme pose genou à Terre. Un voile flou couvrant ses yeux, Rigel, imposant dans sa Leaf d’Orion, démontre toute sa dévotion : « Quoi de plus normal Kyoko. » En passant à côté de lui, elle lui caresse affectueusement le visage en forçant à hauteur du menton pour le forcer à se relever : « Rigel… Je t’ai déjà demandé de ne plus me nommer ainsi en ce lieu… » Il la laisse passer devant et la fixe reprendre la route. Son regard s’éclaircit alors, reprenant la vigueur qui était la sienne avant qu’Eris ne lui ôte la vie sur l’Utérus. A cet instant, lui reviennent les souvenir du meurtre de Mayura et du baiser mortel qui le firent rentrer dans le camp de la Déesse de la Discorde… Il devina aisément l’affliction de ses anciens camarades il y a trois ans après la bataille sur l’Utérus…
Flashback Au Sanctuaire, les prêtresses, des aspirantes Saintia, allaient et venaient entre leur temple au sommet des douze maisons et le camp des femmes chevalier au Sud Est du domaine. Seules autorisées à pénétrer le camp, elles apportaient à Shaina, Marin et Geist l’aide nécessaire pour nettoyer les corps et les charrier dans les cimetières des villages alentours à l’aide de quelques b½ufs.
Là-bas, Erda, choquée de sa rencontre avec Deathmask qu’elle gardait pour elle, participait à l’effort malgré ses nombreuses blessures. Elle refusait de se faire soigner malgré les remontrances de ses aînées. Préoccupée à rendre à ce camp sa pureté d’antan, Erda repoussait chaque prêtresse alors que Shaina en renvoyait chaque fois une nouvelle à son chevet. Xiao Ling, elle, en retrait, recevait les soins sans perdre des yeux Erda. Traumatisée par cette journée sanglante, elle restait admirative du caractère bien trempé de sa camarade. Si bien qu’elle voyait à travers elle la défunte Saint de Cassiopée, Rebecca. D’ailleurs, Geist referma dans sa Pandora Box la Cloth de Cassiopée. _ « J’étais de passage au Sanctuaire pour rendre compte d’une mission au Pope, enfila-t-elle l’urne par-dessus son épaule. Il ne reste plus grand-chose à faire ici. La terre finira par absorber le sang qui jonche le sol. Les nouvelles recrues hisseront de nouveaux abris avec les débris de temple qui se trouvent ici, comme nous autrefois, s’adressa-t-elle à Shaina et Marin. Je m’en retourne accomplir mon devoir auprès du Pope. J’en profiterai pour lui restituer cette Cloth. » Comme pour refuser de dire adieu à sa maîtresse, Erda préféra ne pas poser ses yeux sur l’armure de Cassiopée et s’attela davantage à la tâche. Tandis qu’au contraire Xiao Ling s’embua les yeux en voyant le souvenir de Rebecca les quitter. Alors qu’elle claquait le cul d’un b½uf pour faire partir le char de celui-ci avec une prêtresse, Erda resta bloquée un instant sur la pile de cadavre. Le rire sarcastique de Deathmask retentit alors dans son crâne. Depuis sa rencontre avec lui, l’image de l’odieux Saint d’or restait gravée dans son esprit : « Pourquoi… Pourquoi Athéna a-t-elle fait de lui un de ses Saints ?! Je dois savoir pourquoi, ressassait-elle. » A cet instant, restée accrochée sur la feuille d’un arbre, une Evil Seed de l’Utérus tomba sur elle. Une graine maléfique se planta aussitôt en elle sans qu’elle puisse s’en rendre compte. Subjuguée par sa camarade, Xiao Ling admirait chacun de ses mouvements. Si bien qu’il fallut l’insistance d’une prêtresse qui répéta pour la seconde fois sa question pour qu’elle revienne à elle : « Vous allez donc faire partie de la nouvelle génération d’apprentie Saint ? » La vestale avait de grands yeux verts, de grands cheveux mauves coiffés d’une longue tresse et agrémentés d’une pince en or. Celle qui deviendra plus tard Lilith, la captive de Deathmask, faisait preuve d’intérêt pour son prochain et d’entrain à l’idée de parler à une rescapée qu’elle considérait comme héroïque. _ « Nous, prêtresses, et aspirantes Saintias, nous devons comme vous faire preuve de maîtrise martiale et de courage pour être dignes d’approcher Athéna. Malheureusement, je suis plus douée en tâches ménagères qu’en manipulation du cosmos, poursuivit-elle en souriant gênée. » Traumatisée et pleurnicharde, Xiao Ling craqua à l’idée qu’on puisse la voir comme courageuse. A l’inverse, les mots de la future Lilith parvinrent à Erda comme une évidence. Les Saintias peuvent approcher Athéna. Elle a les connaissances de guerrière. Ne reste que les bonnes grâces d’une gouvernante à savoir dispenser à sa déesse. Marin vint sortir Erda de ses songes en posant sa main sur son épaule. _ « Tu étais une des favorites de Rebecca. Tu as fait preuve de beaucoup de force aujourd’hui. Tant durant la bataille, qu’après. Par respect envers Rebecca, je peux achever ton instruction. J’ai ressenti ton cosmos lors des combats. La Cloth de Cassiopée irradiait et veillait sur toi quand nous vous avons rejointes ici. Il s’agit de ta constellation. Si tu le désires, cette Cloth t’es toutes destinée. _ Je n’ai plus de maître. Je refuse de suivre l’enseignement d’un autre professeur, répondit sèchement Erda. » Sa réaction ne passa pas inaperçue. Marin resta droite devant elle. Sans insister. Xiao Ling était pendue aux lèvres d’Erda qui poursuivit : « Je suivrai ma propre voie. Après aujourd’hui, beaucoup de questions me viennent. Seule la prière m’aidera à trouver les réponses. A compter de maintenant, je consacrerai ma vie aux prières afin qu’Athéna me guide. Je décide de devenir Saintia. » Après un long temps de pause, Marin comprit que des doutes profonds habitaient la jeune femme. Elle conclut : « Si tel est ton destin… Après tout, si la Cloth de ton maître t’est réellement destinée, alors elle te reviendra lorsque tu seras sacrée Saintia. » En entendant cela, Xiao Ling tourna la tête en direction de sa soignante : « Puis-je moi aussi devenir Saintia ? » La future esclave de Deathmask sourit : « Katya, notre Saintia en chef, et Mii, son assistante, sont très exigeantes lors du recrutement d’une aspirante. Il faut être serviable et prédestinée à un fort potentiel martial. Si je crains hélas de devoir un jour être renvoyée puisque je ne progresse pas, je pense que pour ton amie et toi, après vos exploits de ce jour, aurez droit à une dérogation du Grand Pope en personne. » Choquée par la bataille, la Chinoise voit l’opportunité de profiter de ses prédispositions au combat pour se cacher dans ce Sanctuaire en se rangeant au service de la déesse que chérissait Rébecca. L’occasion aussi pour elle de rester auprès d’Erda. Cette nouvelle rassura Xiao Ling qui inconsciemment vint toucher du bout des doigts ses lèvres en se souvenant du baiser malencontreux échangé plus tôt avec Erda. Elle comprit enfin que cela a déclenché quelque chose en elle. Que cette attirance soudaine qu’elle éprouve envers Erda est aussi forte que l’amitié qu’elle éprouvait pour Yufa. C’est alors, qu’une autre Evil Seed restée cachée de l’éradication faite plus tôt par Deathmask vint s’insinuer dans son c½ur. Ignorant l’affection soudaine de Xiao Ling à son endroit, Erda garda un instant de dignité lorsqu’elle chargea le dernier corps resté dans le camp, celui de Mito. Elle ferma les paupières solennellement. Ses adieux à sa camarade signifiaient pour elle ses adieux à ce camp où elle passa tant d’années…
Plus loin, à Honkios, avant la montée des marches des douze maisons, sur le flanc Ouest, Mirai pleurait devant la stèle de Mayura. Alerte, l’apprenti du Saint d’argent sentit un noble cosmos approcher dans son dos. Il lui dit sans même se retourner : « Le cimetière est à peine remis de l’éboulement provoqué par l’éruption de l’Utérus qu’il accueille déjà de nouvelles tombes. » Derrière lui, Shaka, Pandora Box du Paon sur le dos, présenta ses condoléances : « J’ai appris que ta condisciple, Shinato, avait héroïquement donné sa vie elle aussi. Tu peux être fier d’avoir été entouré de deux femmes d’une telle abnégation. » D’un revers de la main, Mirai essuya ses yeux afin de présenter une mine fière au Saint de la Vierge. _ « Shinato… Elle était apprentie… Sa place ne sera pas dans ce cimetière aux côtés des Saints et de notre maître… Sa place ne sera d’ailleurs nulle part… Tout au mieux, une pierre à son nom dans un cimetière isolé dans le Sanctuaire… Nous n’avons même pas retrouvé son corps… » Shaka pouvait deviner le tourment de l’élève à propos de Shinato. Il ressentait le même à l’endroit de Mayura. Malgré la distinction de celui-ci, impérial dans son armure d’or, Mirai pouvait lire sur le visage de Shaka une profonde affliction à l’endroit de son professeur. _ « Par respect envers mon amie, j’ai obtenu du Grand Pope le droit de conduire sa Cloth à Jamir afin qu’elle y soit réparée. J’aimerai que tu m’y accompagnes ? _ Pardon ?! _ Mayura me parlait souvent de Shinato et toi. Tu concoures à la Cloth de bronze du Petit Chien. Et Mayura ne tarissait pas d’éloges à ton endroit. Pour sa mémoire, le Grand Pope m’a autorisé à achever ton enseignement. A notre retour de Jamir, si tu es parvenu à surmonter les épreuves que je te ferai surmonter, tu seras promu Saint de bronze du Petit Chien. Qu’en penses-tu ? » Mirai, à la fois peiné de poursuivre sans Mayura et Shinato et conscient de l’opportunité de parfaire son apprentissage auprès d’un des plus réputés Saint d’or, hésita l’espace d’un instant. Shaka lut en lui comme dans un livre ouvert : « Le chemin pour devenir Saint est semé d’embûches. On supporte toutes sortes d’épreuves physiques et mentales. Les plus émérites les surmontent. Mais c’est seulement la vérité du champ de bataille, la mort, l’adrénaline qui en découle lorsqu’on la donne, mais également le chagrin qu’on éprouve lors de la perte de camarades, qui permet de déterminer vraiment si on est capable de devenir un chevalier. Aujourd’hui tu es face à ce dilemme. Et tu n’auras pas d’autres chances qu’à cet instant. As-tu traversé toutes ces épreuves pour arrêter maintenant ? Te crois-tu capable de surmonter la perte d’êtres aimés ? Sauras-tu supporter de perdre à l’avenir à nouveau des camarades ? Seras-tu prêt à mettre à chaque combat ta vie en péril maintenant que tu connais l’issue d’une Guerre Sainte ? » Mirai tourna les talons une dernière fois en direction de la tombe de Mayura. Il prit une profonde aspiration et dressa son poing : « Je souffre. Je souffre terriblement. Les stigmates sur mon corps ne sont rien par rapport à la déchirure de mon âme en cet instant. Durant toute notre formation, on l’entend, et on se croit prêt à vivre de tels désastres. Mais il n’en est rien. Pourtant, Shinato n’a pas tremblé au moment de partir secourir les femmes du camp. Elle n’a jamais baissé les bras même lorsqu’elle a découvert que la Cloth à laquelle elle aspirait, l’Oiseau de Paradis, était déjà portée par un Saint émérite. Elle était prête à tout pour servir le Sanctuaire et s’imaginait mercenaire s’il le fallait. Elle a même été jusqu’à dissimuler sa féminité pour être considéré comme l’égal de n’importe quel autre apprenti, sans traitements de faveur d’un côté ou brimades de l’autre. Et tout ça, c’est à Maître Mayura qu’elle le devait. Moi j’étais là, à les admirer toutes les deux, sans prendre au sérieux l’opportunité qui était mienne. Car c’est bien de ça qu’il en retourne aujourd’hui. Je suis en vie, moi. Et j’ai l’opportunité de pouvoir devenir Saint, moi. Je ne peux plus tricher, me cacher. La vérité m’a sauté aux yeux et le destin me fait face. Devant la tombe de Maître Mayura, en mémoire de Shinato, je ne peux me dérober… » Il se retourna vers Shaka, déterminé comme jamais et scanda : « Je deviendrai Saint sous votre enseignement ! Partons pour Jamir Seigneur Shaka ! »
Plus haut, sur le flanc droit entre le palais papal et la maison des Poissons, Katya veillait au chevet de Shoko dans le temple des prêtresses. Alors qu’elle ruminait encore l’accession de Shoko au statut de prêtresse, Mii changeait malgré elle les bandages de la souffrante. _ « Allons Alicia, l’appela Katya de son vrai nom, ne peux-tu pas ravaler quelques instants ta ranc½ur ? Cela transparaît sur ton visage ! _ Je suis désolée, serra-t-elle fermement les bandelettes de papier, mais profiter des circonstances pour faire de cette apprentie Saint une aspirante Saintia alors qu’elle a jusqu’ici toujours loupé les épreuves d’érudition nécessaires à être acceptée parmi nous ça me… » Le bond de son lit de la souffrante interrompit la rustre prêtresse : « Aïe, s’exclama Shoko ! » Katya se mit à rire : « Alicia… J’ai l’impression que tu es si douce que tu en as sorti notre invité de son coma ! » Mii ronchonna en reculant pour laisser de l’air à une Shoko hagarde. _ « Où… Où suis-je ? _ Au temple des prêtresses d’Athéna, vint lui prendre la main Katya. Tu te souviens de ce qui s’est passé ? » Elle profita de l’échange pour glisser dans la paume de Shoko le collier à l’effigie de Pégase que portait Kyoko. Elle le ramassa lorsque Kyoko le perdit quand Eris prit possession d’elle. Sentant le bijou froid au contact de sa peau, Shoko se remémora aussitôt. _ « Kyoko, sanglota-t-elle… _ Tu es restée inconsciente trois jours depuis. » Shoko gardait les yeux rivés sur l’objet. Les paroles troublantes de Kyoko sur son acception à être Eris et sur l’absence d’Athéna du Sanctuaire traversèrent son esprit. _ « Et ma s½ur ? Et le Saint du Scorpion ? Il a sacrifié sa vie pour lutter contre la destruction d’une partie du Sanctuaire. _ Le Seigneur Milo est en bonne santé. Il a participé à la mission destinée à l’éradication de l’Utérus, des Dryades et… _ D’Eris ? _ Oui. _ Et alors ? _ La mission est réussie. » Shoko resserra ses poings et tira ses draps vers elle par le même geste : « Ma s½ur est donc… » Katya se contenta d’hocher la tête d’un signe affirmatif en faisant la moue. _ « La mission est donc un succès, tenta de dédramatiser malgré elle Shoko. _ Si on peut appeler ça ainsi, rétorqua sèchement Mii. Le camp des femmes chevaliers a été dévasté. Seule Erda a survécu parmi les apprenties. Dame Rebecca a également succombé. Les Seigneurs Aeson et Rigel ont trahi le Sanctuaire au profit de ta s½ur ! Et Dame Mayura y a perdu la vie ! _ Dame Rebecca… Toutes les apprenties… Mais… Et… Rumi, mon amie ?! » D’un air sévère, Mii fit un signe négatif de la tête. Shoko sentit son c½ur se fendre à nouveau en apprenant que sa s½ur était responsable d’un nouveau drame. Elle murmura d’une voix triste : « Rumi… » Pourtant, elle refusa de se laisser abattre. Elle desserra le poing qui contenait le pégase de sa s½ur et sortit le sien, le même, de sous son maillot. Elle répondit alors aussi rudement à Mii que celle-ci s’était adressée plus tôt à elle : « Je comprends ce sentiment de trahison qui t’habite. Après tout, ici, Kyoko était ton aînée. Un modèle peut-être même. Toi qui attaches tant d’importance aux protocoles et à la fonction de Saintia, j’imagine à quel point tu dois être dévastée par les conséquences de sa trahison. Mais face à Kyoko… Non, face à Eris, je me suis faite une promesse. Et je vais te l’adresser comme un engagement solennel. Qu’importe que tu m’acceptes comme une semblable ou non. Qu’importe mes maladresses à appréhender mon futur rôle. Mon destin n’était pas d’être Eris. C’est Kyoko qui a choisi cette voie sans lutter. C’est son choix. Le mien est d’être au service d’Athéna. Je veux devenir une Saintia ! Et je deviendrai une Saintia ! Pour laver l’affront que ma s½ur vous a infligé. Pour vous. Pour moi. Pour Athéna ! » Restée en retrait durant cet échange musclé, Katya en garda un sourire convaincu. Mii, par un hochement de tête et un regard assuré, accepta de laisser sa chance à Shoko.
A quelques centaines de mètres de là, devant les grandes portes de la salle d’audience du Pope, Aiolia attendait de faire son rapport. Après Shaka, ce fut à Milo de rendre des comptes sur les évènements de la veille. Le Saint du Lion n’attendit pas longtemps. L’entrée fut ouverte en grand depuis l’intérieur de la pièce par les gardes qui s’y étaient enfermés avec le souverain. Aiolia ôta alors son diadème et attendit que Milo en sorte. Le Scorpion recoiffa ses longs cheveux du sien une fois dehors. Les deux Grecs s’échangèrent un rapide signe de tête au moment de se croiser. _ « Tu repars en mission, questionna le Lion ? _ Tu es perspicace, chambra le Scorpion. _ Pas bien compliqué. Tu portes deux Pandora Box qui ne sont pas les tiennes sur le dos. » En effet, en plus de celle de la Coupe, Milo avait récupéré la Cloth de Rebecca que Geist avait redéposé plus tôt. _ « J’ai obtenu du Pope le droit de rapporter la Cloth d’Aeson auprès de son élève, Crateris. Cela faisait des années qu’Aeson en trouver digne son disciple. Si bien qu’Aeson la sortait de son urne afin que Crateris entre régulièrement en symbiose avec lors de ses séances de méditation. Une sorte de passage de témoin en quelque sorte. _ Le Grand Pope a accepté qu’on respecte les dernières volontés de ce traître d’Aeson, grinça des dents Aiolia. _ Allons, tu sais que notre Grand Pope peut se montrer clément et ne pas s’arrêter uniquement sur les circonstances flagrantes. Il accepte volontiers de voir au-delà des apparences. Tu en as fait toi-même l’expérience par le passé. Et plus d’une fois si je ne me trompe pas. La trahison d’Aiolos. Ton tempérament rebelle lors de la Guerre Sainte contre les Titans… » Vexé par le souvenir de son frère, Aiolia ravala sa morgue. Milo n’insista pas, il conclut en montrant du doigt la Pandora Box de bronze dont il portait les lanières au-dessous de celle de la Coupe : « En échange de l’exécution de la volonté d’Aeson, le Grand Pope m’a demandé de conduire la Cloth de bronze de Cassiopée à Albior de Céphée sur l’île d’Andromède. Avant même le décès de Rebecca, Albior mentionnait dans ses messages à l’attention du Sanctuaire qu’un de ses élèves, Anikeï, était aspirant à cette Cloth. Le temps qu’il achève sa formation, la Cloth se sera régénérée dans son urne. » Aiolia acquiesça. Il songea un instant : « Le nombre d’aspirants est en constante progression en cette ère. Cela annonce de nombreuses Guerres Saintes en notre époque. Le Pope ne perd pas de temps afin de garder une armée importante en nombre. » Au regard inquiet de Milo, il comprit que son compatriote partageait la même pensée. Chacun reprit son chemin et bientôt Aiolia posait genou à terre devant le Grand Pope fermement cramponné à son trône. _ « Félicitations Aiolia. Tes frères d’armes ont tour à tour précisé que notre victoire d’hier n’a pu être possible que grâce à ton succès face à l’Utérus. » Portant encore sur lui les écorchures d’Hysminai et les ecchymoses de Galan, Aiolia restait focalisé sur son avenir. _ « Merci Majesté. Ce fut avec opiniâtreté que j’ai respecté votre plan d’assaut. Vous n’aviez plus fait appel à moi depuis la bataille contre Cronos. Il était important que je revienne dans les bénédictions d’Athéna. _ Ton impétuosité à l’époque a fini par me lasser. Toutefois, ce jour, tu parais bien plus mûr. Bien que je discerne toujours chez toi un tempérament de feu, pouffa sympathiquement de rire Saga. » Aiolia afficha une mine partagée entre flatterie et gêne. Il était rare que le Pope fasse preuve de sympathie. Néanmoins, il se remémora une des circonstances qui l’a rendue plus mature. _ « J’avoue que la révolte des soldats des Titans alors que j’avais obtenu auprès de vous leur grâce lors du climax de la Guerre Sainte contre Cronos m’a profondément atteint. L’enfant que j’étais s’était tant battu pour leur offrir une vie meilleure, comme moi qui me battais pour effacer l’image d’Aiolos qui me collait à la peau. » Sous son masque et son casque en or, Saga sua l’espace d’un instant. Le complot hourdis autour de l’accueil des soldats Titans au Sanctuaire demeurait un succès. A l’entendre, Aiolia n’y avait vu que du feu. _ « Lorsque je revins du Cronos Laburinthos et que je découvris leur tentative d’invasion, ma candeur a pris fin. Tout n’est pas blanc ou noir. L’être humain est complexe. Je compris qu’à mes yeux Aiolos était peut-être un grand guerrier. Il n’en demeurait pas moins un traître. La bataille me fit réaliser qu’ils avaient beau être les assassins de mon frère, les autres Saints n’en demeuraient pas moins mes frères d’armes de confiance. » Saga ne put retenir une larme tant le poids de ses mensonges avaient fini par corrompre l’amour et la foi d’un cadet envers son frère aîné. _ « Si bien que l’exil que vous leur offrîtes sur Death Queen Island était une bien douce punition, acheva Aiolia résigné. » Saga se racla la gorge pour ne pas trahir son émotion : « Il s’agit de la décision d’Athéna. Elle demeurera toujours bonne envers son prochain. Fut-il un ennemi. Athéna t’adresse à travers moi ses remerciements et ses félicitations pour cette mission accomplie Aiolia. Tu peux disposer et bénéficie de trois jours de permission qui t’aideront à te remettre de tes blessures. » Aiolia hocha la tête pour prendre acte et fit volte-face. En se dirigeant vers la sortie, il serra les dents : « Les soldats Titans… Finalement, ils avaient en ce dieu malfaisant qu’était Cronos le dieu qu’ils méritaient… Mais au fond de moi, maintenant que j’ai découvert la vérité à propos de Galan, cette guerre n’est pas finie… Lithos m’a menti… » Tandis qu’Aiolia quittait le palais, le Grand Pope indiqua d’un signe de la main aux deux soldats portiers d’en faire autant. Seul, il ôta son heaume et son masque pour libérer ses longs cheveux bleus et essuyer ses larmes de culpabilité. En se dirigeant vers le balcon qui domine l’horizon, il paraissait très affecté : « Aiolos… Mon ami… Comme je m’en veux de devoir infliger ces mensonges à ton frère… » Seulement, quelques secondes suffirent à sa chevelure pour devenir grisâtre. Les larmes ne coulèrent plus dans ses yeux rouge empreints de folie : « Cependant, cette Guerre Sainte contre les Titans m’aura permis d’achever la formation de nombreux Saints d’or et de découvrir que des entités bien supérieures à Hadès, Poséidon ou encore Zeus menaçaient mon plan de domination. Pontos… J’ai perdu contact avec lui qui fomentait également contre les Titans à l’issue de cette bataille. Il n’a pas pu disparaître ainsi. Sans que mes Saints ne s’en rendent compte, les différentes Guerres Saintes menées contre le panthéon égyptien m’a permis de récolter de nombreux indices. Pas encore assez, hélas. Mais je sais au moins que ce panthéon n’était qu’un leurre. Des marionnettes que l’Olympe a placées pour sceller des forces supérieures. Des ruines plus profondes. Où se terre certainement Pontos aujourd’hui. Le jeune Mirai ira compléter l’équipe de recherche de Retsu du Lynx une fois qu’il sera fait Saint. Dans l’attente, Juan et Georg iront renforcer les rangs également. La réquisition de gens de leur calibre ne devrait pas éveiller trop de soupçons sur mon obstination pour ces recherches… »
Au Sud Est du domaine, sortie du camp des femmes, Shaina se débarbouillait à l’abri des regards de son combat et des tâches harassantes qui s’en suivirent. Son masque, posé sur ses vêtements au bord de l’eau, fut ombragé par l’arrivée d’une camarade dont le cosmos lui était familier. _ « Ton rapport est terminé, demanda Shaina ? » Faisant grossièrement tomber ici et là chaque morceau de son armure de mercenaire, Geist se dépêcha de se laisser tomber dans l’onde pour rejoindre son amie. _ « Je n’eus pas besoin de m’étaler. Gigas m’attendait au coin d’une ruelle d’Honkios afin que je ne sois pas découverte à faire mon rapport au Grand Pope. » La brune se laissa tomber en arrière pour noyer ses longs cheveux. Passant de l’eau sur son visage, Shaina déplora : « Tout de même, quel fait d’arme te faudra-t-il pour avoir de nouveau droit aux faveurs d’Athéna ?! » Geist releva les genoux pour exposer son corps nu tout entier à la vue de l’Italienne qui en connaissait déjà les moindres détails : « Disons que cela est un bon compromis. Mon apparent exil me permet de réaliser des missions que beaucoup refuserait de faire et que j’accomplis sans état d’âme. Ça me permet de défouler cette part d’ombre en moi tandis que je reste dans les petits papiers du Pope Arlès. » Shaina l’imita pour venir la prendre par la taille : « Tout de même… Aujourd’hui c’est Misty le capitaine des armées. Mais si un jour je parviens à me hisser à ce rang, alors je demanderai au Général Gigas de te réhabiliter. » Geist approcha ses lèvres des siennes : « Je te manque tant que ça ?! » En aucun cas Shaina ne voulut se dérober à ce baiser. Elle en profita pour l’étreindre lascivement et sentir sa poitrine frictionner la sienne. A l’issue de cet échange langoureux, Geist la taquina. _ « Tu as pourtant Marin pour combler ta solitude. _ Je la soupçonne d’être attirée par le pestiféré du Sanctuaire, Aiolia. Elle passe dorénavant énormément de temps avec son disciple et lui à ce qu’on dit. _ De tous les hommes du Sanctuaire, il a fallu qu’elle choisisse le moins bon parti, ricana Geist. Néanmoins, je la comprends, elle qui a longtemps été brimée en raison de ses origines, elle doit comprendre mieux que quiconque la souffrance de cet homme, compatit-elle sans vouloir médire davantage. Cependant, ces années où elle s’est isolée après être faite Saint semble avoir été propice au développement d’aptitudes qu’on ne lui soupçonnerait pas. _ Que veux-tu dire ? _ Je ne sais pas… Durant notre combat contre Emony, j’ai senti comme un cosmos… Comment dire… Pas inhumain… Mais supérieur à nous autre en tout cas… Différent tout du moins ! _ Arrête. C’est impossible. Marin n’a jamais démontré un potentiel supérieur à la moyenne de notre caste de Saint d’argent. Et tu sembles oublier qu’après Mayura, j’étais la Saint la plus puissante du Sanctuaire. _ A ce propos, maintenant que Rebecca n’est plus, que Mayura ne pourra reprendre à sa place, j’imagine que le Pope va te confier la remise sur pied du camp, le recrutement et l’apprentissage des nouvelles femmes chevaliers. _ Rendre à ce camp sa beauté d’antan, je l’accepte volontiers. Après tout, nous y avons vécu tant de belles années. Recruter de nouveaux éléments, en visitant régulièrement l’ensemble du domaine, ou en partant en mission dans le monde contemporain, ça doit être possible. Néanmoins, prendre la responsabilité de l’apprentissage, très peu pour moi. Il me reste encore la formation de Cassios à achever. » Geist tourna le dos à son amie et reprit la direction de la berge. _ « Tu m’épates. Malgré tes réactions belliqueuses et ton ambition, tu restes mesurée et raisonnée. J’aurai aimé te ressembler. _ Où vas-tu ? _ Rejoindre mes hommes avant qu’ils ne soient découverts. Nous avons ordre de quitter au plus vite le Sanctuaire. Une nouvelle mission nous attend. _ Reviens-moi vite. _ Promis. Et en attendant, garde un ½il sur Marin. Tu l’as ignoré depuis qu’elle a quitté le camp. Nous étions toutes les trois très proches. A présent elle semble être une parfaite inconnue pour toi. Qui est son disciple ? Mes soupçons à propos de son potentiel sont-ils fondés ? Souffre-t-elle de solitude ? Ou bien, sa relation supposée avec Aiolia ne la met-elle pas en danger ? Autant de mystères que tu ferais bien d’élucider. _ J’ai toujours soupçonné que tu lui trouvais plus d’intérêt qu’à moi, minauda Shaina. _ Tu vas le faire, insista Geist ? _ J’ai peur que l’intérêt et le temps me manque, termina Shaina. _ J’espère dans ce cas que tu ne le regretteras pas ma belle. »
Dans les villages du Nord, Milo traînait des pieds à l’approche du logis où Aeson vivait reclus avec son disciple depuis des années. Il craignait de voir Crateris ouvrir la porte avec le regard rempli de doutes et de devoir lui briser ses derniers espoirs. _ « De toute évidence, il n’est pas dupe, se reprit Milo, en tant que futur Saint d’argent, il a bien ressenti le cosmos de son maître nous quitter. » Le Scorpion sortit de ses pensées lorsqu’il tomba nez à nez avec le prétendant de la Coupe déjà sur le perron. _ « Crateris… Tu m’as senti approcher ?! » Les yeux rougis par le chagrin, Crateris pointa du doigt la Pandora Box de la Coupe que Milo portait par-dessus celle de Cassiopée : « J’ai ressenti l’armure. Elle m’appelait à mesure que vous approchiez. » L’expression de son visage était dure. Il parlait sèchement. Depuis la veille où il était passé ici pour saluer Aeson, Milo avait constaté un profond changement chez Crateris. Il demeurait vêtu d’une tunique grise, gardait les poignets entourés de bandelettes de papier. Ses longs cheveux violets tombaient toujours derrière ses épaules et quelques mèches passaient encore sur son front et devant ses yeux bleu marin. Physiquement il était bien le même. _ « C’est l’émanation qui vient de lui. Cette impression de puissance, de maturité, de détermination qu’on ne trouve qu’en nous autre Saints confirmés. L’armure ne l’a pas encore revêtu qu’il dégage déjà le charisme d’un chevalier. » Crateris ramena Milo à la conversation. _ « Il le sentait Seigneur Milo. _ Pardon ?! _ Aeson. Il avait senti que le moment de mon sacre était venu. On dit qu’on peut voir son avenir à court voire moyen terme en observant son reflet dans l’eau qu’on déverserait dans le totem de ma Cloth. Il savait que cette mission était sa dernière. Et moi aussi. Je me suis vu, juste après lui, porter cette armure. Et je n’ai rien fait pour l’en empêcher. Je l’ai laissé partir. » Milo posa sa main sur l’épaule du jeune homme et déposa à côté de lui l’urne : « Tu n’as pas à t’en vouloir. Il avait reçu son ordre de mission. Il devait accomplir son devoir. Et l’armure avait déjà préparé sa succession. Comme elle la préparera un jour pour toi. » Aeson se plia en avant pour saisir la hanse permettant d’ouvrir la Pandora Box : « Elle n’en aura pas le temps. Car j’ai vu ma promotion… Puis ma mort… » Il tira dessus et libéra l’armure qui vint le couvrir : « Je mourrai des mains de l’ombre infini qui dévore la volonté des morts. Hadès en personne ! » Milo baissa la tête, confus. _ « Je n’en suis pas gêné, reprit Crateris. Après tout, c’est bien en notre époque qu’Hadès se réincarnera n’est-ce pas ? _ En effet. _ Alors, pour la mémoire de mon maître, j’espère faire en sorte que notre génération sera celle qui verra mettre un terme à la répétition de ces batailles. » Aussitôt, dignement, Crateris pose un genou à terre pour effectuer une révérence vers son supérieur qui, en déposa sa main sur le sommet de son crâne, l’adouba : « Je le souhaite de tout mon c½ur. C’est à cela que je suis préparé depuis que je suis fait Saint. Et même si ton appartenance à la chevalerie sera éphémère Crateris Saint d’argent de la Coupe, je te souhaite qu’elle soit honorable. »
Au temple des prêtresses, Shoko ajustait sa toge immaculée à l’instar d’Erda et Xiao Ling, nouvelles venues. Katya les présenta brièvement à leurs cons½urs. Chacune des trois ayant été acceptées pour leurs faits d’armes lors de la Guerre Sainte contre Eris, elles obtinrent toutes de sincères applaudissements chaleureusement menés par celle qui deviendra dans quelques mois la Lilith de Deathmask. Néanmoins, ce succès n’était pas au goût de toutes. Une prêtresse, recluse derrière les autres, applaudissait avec moins de dévouement. Dévisageant sa s½ur Katya qui souriait franchement aux trois recrues, Maria lisait à travers ce geste une reconnaissance qu’elle n’a jamais eue en retour. Elle maudit alors à nouveau sa faiblesse qui ne lui permit jamais d’obtenir un tel respect de son aînée contrairement à ces inconnues. Aussitôt, comme tant d’autres avant elle, une Evil Seed qui virevoltait depuis la veille au gré du vent, infiltra son c½ur. Devant, bien qu’élogieusement accueillie, Shoko n’en demeurait pas moins intérieurement bouleversée par les évènements récents. Tandis que Mii avait pris le relais de Katya pour assurer la visite des locaux, Shoko ne l’écoutait que d’une oreille. _ « … et ce sont les Saintias précisément qui sont les seules autorisées à s’occuper du corps humain de la déesse Athéna. Tâche si essentielle que seules Katya et Kyoko furent promises Saintias. Car elles ont su s’en montrer dignes... » A l’évocation du nom de sa s½ur, Shoko ne put refreiner un souffle d’amertume. Cela la sortit de sa léthargie et lui permit de remarquer qu’elle n’était pas la seule à rêvasser pendant les explications de Mii. En effet, Xiao Ling qui suivait à la semelle Erda semblait plus intéressée par elle que par leur future mission. Bien que cela amusa Shoko, Mii n’y gouttait guère : « … alors que nous autres, aspirantes, sommes uniquement des prêtresses pour l’heure. Et rares sont celles qui reviennent de leurs soins à Athéna ! Certainement bannies car jugées trop impures ou incompétentes pour cette tâche ! Après tout, il s’agit de satisfaire la volonté de la Déesse de la Sagesse ! N’est-ce pas Xiao Ling ?! » La Chinoise sursauta aussitôt, ce qui fit pouffer de rire Shoko. Mii, ignorant tous des m½urs de Saga qui provoquaient tant d’hécatombes dans leurs rangs, apparut bien sévère vis-à-vis de sa camarade asiatique qui s’effaça aussitôt. S’en fut assez pour que Shoko objecte : « Si je comprends bien Mii, toi qui es si passionnée par ton rôle et y mets tant de c½ur à l’ouvrage, tu es du même rang que nous et n’a jamais eu l’honneur de rencontrer sa Majesté Athéna ?! » Cette remarque acerbe ne manqua pas d’assurer un sourire en coin sur les lèvres de la discrète Erda, de soulager Xiao Ling et de renforcer la rivalité entre Shoko et Mii. Tout cela, bien entendu, sous le regard bienveillant de Katya, soulagée de savoir ces nouveaux caractères bienvenus à l’abri pour le moment des mauvaises pulsions de l’homme qu’elle aimait…
Pendant ce temps, dans les villages du Sanctuaire, Aiolia restait à regarder la fenêtre grande ouverte de la demeure où il vivait avec son frère avant que celui-ci n’attente à la vie d’Athéna. Désormais résidence de Lithos, il profitait qu’elle aéra cette maisonnette qu’elle a incroyablement fleurie pour la regarder s’agiter aux fourneaux. Il resta de longues minutes, partagé entre nostalgie de leur amitié passée et colère de lui avoir caché la mort de Galan. Compréhensif mais furieux, il revit l’espace d’un instant ses deux domestiques à ses côtés dans la maison du Lion. Ce tableau appartenant désormais au passé ne devait pas être brisé. Il tourna alors les talons, abandonnant toute dispute éventuelle. C’est alors qu’il se pensait assez loin, que la voix fluette de Lithos l’interpella : « Maître Aiolia ?! » Elle était juste dans son dos. Elle l’avait rejoint. _ « Je vous ai vu vous éloigner depuis ma fenêtre… Vous n’êtes pas venu me voir après votre mission… _ J’ai… C’est... C’est trop difficile… _ Ça ne l’a pourtant jamais été entre nous jusqu’à présent. » Aiolia garda le silence. La phrase de Lithos était volontairement pleine de sous-entendues. Admirative pour son sauveur alors qu’elle n’était qu’une enfant, dévouée à son service en tant qu’adolescente, elle ne pouvait pas demeurer insensible à sa droiture maintenant qu’elle était une femme. Pourtant, Aiolia ne l’entendit pas de cette oreille. Toujours dos à elle, il serrait nerveusement les poings. _ « Vous savez n’est-ce pas, s’hasarda-t-elle ? On dit qu’Eris a corrompu des êtres de bravoures du passé. Vous avez découvert la vérité c’est ça ? » Rompant le silence d’Aiolia, une voix familière répondit à sa place : « Dans les pires circonstances qui puissent être en effet. » Marin revenait alors du camp des femmes et croisa les deux amis. Comprenant que Marin prendrait la défense d’Aiolia, Lithos tenta de s’en expliquer : « C’était… C’était la volonté de Galan… Il m’a fait promettre de ne jamais vous le dire… Il préférait que vous le croyiez heureux et libre… Et… » Aiolia la coupa sans ménagement : « Au lieu de ça il a été mis en terre dans les bas-fonds du Sanctuaire. Torturé par Eris à qui il a refusé de prêter allégeance. Possédé, meurtri, anéanti corps et âme par l’Utérus. Alors que je l’ai toujours cru heureux et libre, oui. La vérité m’est venue de la bouche d’une Dryade. Pendant que j’étais en bonne santé et ignorant, mon ami, acteur de ma réussite, souffrait mille tourments de son vivant puis dans sa mort. » Confuse Lithos lâcha de façon malheureuse : « Nous n’aurions rien pu faire ! » Le visage défiguré par la colère, il se retourna en grondant vers elle : « Qu’en sais-tu ?! Qui es-tu donc pour pouvoir avoir de telles certitudes ?! » Choquée, vexée, profondément blessée par ces paroles, elle recroquevilla ses deux mains devant sa poitrine pendant que ses deux grands yeux ronds se gondolèrent de larmes. Tel un rugissement, la voix d’Aiolia avait attiré les passants. Quelques curieux commencèrent à tendre l’oreille. Hélas tristement connu, Aiolia ne put poursuivre davantage aux yeux de tous, devinant que déjà certains allaient médire à son sujet. D’un bond prodigieux, il disparut dans le ciel. Seule avec elle, Marin enfonça le couteau dans la plaie : « Je t’avais dit que la découverte un jour d’un tel mensonge serait pire que de lui avouer la vérité. » Meurtrie, Lithos dévisagea avec ranc½ur la Saint d’argent. Dans sa poitrine qu’elle cramponnait, une Evil Seed germait en secret. _ « Ne me dis pas que ça n’arrange pas tes affaires ?! » Marin préféra ne pas chercher querelle et tourna les talons. _ « C’est ça, continue à être Marin la juste, la bienveillante, toujours à tomber à pic pour remonter le moral d’Aiolia une fois que Galan et moi avions fini d’essuyer les pots cassés ! _ Alors c’est donc ça, cessa son départ Marin ?! _ Tu nous as pris Aiolia ! C’est toi qui l’as éloigné de nous ! C’est pour ça qu’il nous a renvoyé de chez lui ! _ Tu n’y es pas du tout. Il voulait une meilleure vie pour vous qui aviez tant subi à ses côtés justement. _ Mensonge ! Tu as toujours vu d’un mauvais ½il qu’une autre vive sous son toit ! » Marin avait compris que les années aidant, il y avait bien plus qu’un amour fraternel de Lithos envers Aiolia. Ignorant tout du fait que cet amour était exacerbé désormais par les graines de l’Utérus, Marin repartit comme elle arriva… En chemin, bondissant de roche en roche, elle revit quelques images horrifiques du bain de sang du camp des femmes qu’elle découvrit après la bataille. Animée par sa mission d’Aigle de Zeus, consciente des machinations qui entouraient les dernières Guerres Saintes, elle était davantage convaincue que l’entraînement qu’elle prodiguait à Seiya devait être le plus rigoureux possible. Car ce Pégase sera celui qui aura entre les mains l’avenir de l’humanité face aux dieux…
Dans la partie Ouest de l'Océan Indien, près de la Somalie, Milo n’arrivait pas à apprécier la brise. L’air marin sur l’île d’Andromède demeurait brûlant sur cette terre où une chaleur infernale le jour, dépassant aisément les 50 degrés Celsius, harassait les élèves d’Albior. Fixant la Pandora Box de Cassiopée qu’il a déposé au bord d’une falaise pour profiter par la même occasion de la vue, Milo souffla : « Je n’arriverai jamais à m’y faire à ce climat ! » Son interlocuteur, un homme blond, à la carrure massive et au visage mûr, rajouta : « Et encore, lors de tes visites tu ne t’es jamais attardé la nuit. Tu ignores tout du froid glacial qui s'abat sur l'île une fois le soleil couché. » Milo tourna la tête sur sa droite pour voir Albior le rejoindre. _ « Très peu pour moi. Je ne pensais pas revenir te rendre visite de sitôt mon ami. » Imposant dans sa Cloth d’argent, Albior inclina la tête en guise de respect et s’assit sur un rocher plus bas, juste aux pieds du Grec. Milo l’imita alors. _ « Ton courrier au Grand Pope a été apprécié. Il évoquait les difficultés qu’il avait à te rallier à lui depuis que nous sommes allés combattre en Egypte. _ Si notre présence en Egypte a permis de libérer quelques partisans athéniens du dictat des représentants du panthéon égyptien, combien de morts innocentes cela a-t-il engendré ? Cela justifie-t-il que depuis, les uns après les autres, nous attaquions chaque sanctuaire égyptien pour imposer notre régime ? _ Est-ce ce que tu inculques à tes élèves ? _ Pas le moins du monde. J’ai beau trouver la politique d’expansion du Pope en Egypte anormale, je garde un devoir de neutralité. La preuve, il a su le reconnaître en relevant dans mon dernier courrier qu’un postulant à la Cloth de Cassiopée est bientôt prêt à se rendre au Sanctuaire pour lui prêter allégeance. _ La perte de Rebecca a été l’opportunité pour le Grand Pope de te prouver la considération qu’il a pour toi. Il a immédiatement fait suivre cette Cloth. _ Certainement pour renforcer son armée et mener de nouvelles batailles. _ Si tel est le désir d’Athéna. » Albior soupira et se releva : « Pff… Je t’ai connu plus opiniâtre par le passé. » Milo le suivit vers le centre de l’île. _ « Où veux-tu en venir ? _ A l’époque, tu réfléchissais davantage aux causes et aux conséquences d’une Guerre Sainte. C’est cette sagesse, ton sens de la stratégie et ton acharnement sur le champ de bataille qui m’ont donné plaisir à lutter sous tes ordres, mon ami. _ Nous avons traversé de grandes épreuves ensemble, il est vrai. _ Toutefois, depuis, je te sais être parti de nombreuses fois au combat, exécuter diverses missions. Et à ton discours de l’instant, je ressens bien que tes agissements ne sont plus autant raisonnés qu’antan. » Les deux alliés arrivèrent au bord d’un précipice en bas duquel les disciples d’Albior s’exerçaient. Ceux-ci, tout en bas, furent interpellés par le reflet du soleil sur la Cloth de l’homme qui accompagnait leur professeur. Parmi tous, curieux et aveuglé, Shun baissa sa garde un instant, ouvrant une brèche que Spica s’empressa d’exploiter pour le renvoyer visage contre terre. June courut immédiatement le relever : « Shun ! Tu n’as rien de cassé ?! » Anikeï le réprimanda aussitôt : « Combien de fois faudra-t-il te dire de ne pas baisser ta garde même lorsque tu combats un camarade ?! La confiance aveugle que tu portes à tes adversaires finira par te jouer des tours. » Mais le futur Saint d’Andromède n’y entendait rien. Il restait fasciné par la vue de ce chevalier qui l’éblouissait et dont il n’arrivait pas à bien distinguer les traits. Reda, venu féliciter Spica pour sa victoire, s’empressa d’être condescendant : « Notre maître reçoit régulièrement des visites de Saints de haut rang venus tout droit du Sanctuaire ! Il a mené de grandes batailles et est respecté de tous. Quel dommage que tu offres un tel spectacle Shun ! A part décrédibiliser le travail accompli par Maître Albior, tu ne sers vraiment pas à grand-chose ! » Plus haut, loin de se soucier des querelles ou des piètres prestations de ses élèves, Milo demeurait vexé par les propos outranciers d’Albior. _ « Tu finiras par empoisonner tes élèves à tenir de tels discours, que tu le veuilles ou non. _ Je te rassure, j’ai choisi simplement d’inculquer mon art. Pour le reste, je fais preuve de neutralité. _ Faire preuve de neutralité c’est ignorer les ordres du Sanctuaire. Le Grand Pope est tout autant magnanime qu’il peut être intransigeant. Au point de faire punir ceux qu’il considère comme des traîtres par leurs proches. Un châtiment traumatisant destiné à marquer les esprits d’éventuelles mauvaises résolutions d’autres sujets. _ Gouverner par la terreur. Le Grand Pope Shion nous a habitué à mieux par le passé. Son frère Arlès n’aurait-il pas une mauvaise influence sur lui depuis ces dernières années ? _ Je crains surtout qu’avec une telle attitude, je ne sois envoyé un jour ici pour te punir en personne. » Albior le regarda alors fixement : « Si ce jour venait alors, par respect envers notre camaraderie, je te demande de me combattre de toutes tes forces. » Bien que droit, Milo grimaça : « Tu sais très bien que j’en serai incapable. Car je sais qu’au fond, tu demeures un Saint digne d’Athéna. Faire l’étalage de toute ma puissance serait alors te condamner sans retour possible. » Albior repartit récupérer la Cloth de Cassiopée en tempérant : « Prions Athéna alors pour que ce jour n’arrive jamais. » Milo le laissa prendre ainsi congé. Avant de repartir d’un bond jusqu’au Sanctuaire, sa récente discussion avec Aiolia et les doutes évoqués par Albior le perturbèrent : « Pourrais-je vraiment condamner Albior ? Après tout, il est vrai que le Grand Pope est très changeant. Par exemple, il accède à la dernière volonté d’Aeson alors qu’il a trahi par deux fois le Sanctuaire. La première fois en enfantant par deux fois avec une Saintia, un parjure envers Athéna. Et pire que tout, la seconde en se rangeant du côté d’Eris. Tout comme il semble accorder ses faveurs à Aiolia qui, même s’il est un vaillant frère d’arme, n’en reste pas moins le frère du traître. Comment garder les idées claires après tout ça ? » Flashback
Perdu dans ses pensées, Rigel demeure dans le sillage d’Eris. Il ne prête guère plus attention aux temples desquels s’écoule sous forme de cascades l’eau des ruisseaux, ni aux pierres blanches qui dallent le sol. Tout ceci, il l’arpente maintenant depuis trois ans au milieu des Dryades et de ses camarades Fantômes, Aeson et Olivia. D’ailleurs, c’est lorsque Kyoko arrive devant un banc de pierre entouré d’anciennes statues d’athlètes et penseurs, qu’elle ramène à lui le Ghost Saint. D’un demi-tour gracieux, elle lui offre un sourire semblable à ceux d’autrefois alors qu’elle était une Saintia et lui un Saint. _ « Cet endroit n’est-il pas magnifique ?! Je veux parler du Jardin d’Eden tout entier ! _ Si, bien sûr, incline-t-il la tête. » Elle achève la traversée de son Jardin d’Eden au sommet d’un escalier de pierre fort marqué par le temps. _ « Il me tarde de pouvoir entrer en scène ! Maintenant qu’Aeson, Olivia et toi êtes à mes côtés, j’ai hâte de retrouver le dernier membre de ma famille. La seule qui n’a pas voulu se joindre à moi. Shoko ! » Cette déclaration pleine de motivation rappelle à Rigel que les trois années passées ici à s’entraîner sont bien destinées à une Guerre Sainte plus sanglante que celle que le Sanctuaire croit avoir remporté contre Eris. Pour preuve, ils débouchent tous les deux sur l’esplanade principale au bout de laquelle autour du trône d’Eris, trois silhouettes l’attendent. Rigel n’avance plus, observant une distance que le rang de ces trois entités inspire. La première d’entre elle, un homme de grande stature, plus mature que les deux autres, s’impose. Blond, l’½il gauche dissimulé par une mèche de cheveu, il a un ton sévère : « Notre père Arès est-il enfin au courant ? » Kyoko fait apparaître entre ses mains sa lance à quatre branches. L’apparition de celle-ci réduit en cendres sa tenue contemporaine d’écolière et la remplace par sa longue robe pourpre. A cet instant, plus que jamais, elle est Eris : « Tout est prêt Deimos ! » Immédiatement, derrière l’athlétique Deimos, Harmonie, rejoint ses deux mains devant elle en entrelaçant ses doigts : « Alors après ces millénaires enfermés dans la Pomme d’Or, nous allons enfin pouvoir assister notre père. » Harmonie a de longs cheveux blonds et onduleux. Ses yeux sont bleus. Contrairement à ses frères, bardés des pieds à la tête comme de sanguinaires soldats, Harmonie est vêtue d'une robe blanche et d'un châle blanc. Enfin, d’apparence plus juvénile que Deimos et Harmonie, Phobos n’apparaît pas moins dangereux. Loin de là. Sa joue gauche balafré et la malice qui se dégage de son ½il gauche donnent au troisième membre de la garde rapprochée d’Arès une allure menaçante. L’½il droit caché comme son frère sous son diadème et sa mèche de cheveux bruns, il se précipite au-devant d’Eris : « Nous, les Ombres, la garde rapprochée d’Arès, allons enfin pouvoir être à ses côtés. Finis ces Berserkers qui n’étaient pour nous que des premières lignes. Ils ont causé assez d’échecs comme ça au Dieu de la Guerre en notre absence ! » Eris passe devant lui sans s’en soucier et s’installe lascivement dans son trône de pierre. D’un mouvement de la main, elle invite Rigel à la rejoindre. Le Saint déchu passe au milieu des trois dieux sans leur adresser un regard et s’agenouille aux côtés de sa bien-aimée. Eris conclut : « L’heure approche. Un peu de patience. En attendant, ça bouge à Asgard. Je viens de sentir le cosmos de Poséidon y interférer… »
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« le: 3 Décembre 2022 à 14h18 »
NEWS
Cette version du chapitre 26 est une version rééditée de la publication originale du 9 janvier 2012. Bonne relecture aux lecteurs les plus fidèles, et bonne découverte pour les nouveaux.
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« le: 16 Mai 2022 à 11h32 »
Chapitre 81
En Argentine, devant le Disfrute, les secours ont fini de prendre en charge les prisonniers de Segador et la clientèle qui a fui les balles. Les forces de l’ordre sont maintenant regroupées autour du night-club, prêtes à l’intervention.
A l’intérieur de la chambre, Vasiliás l’a bien ressenti. Bien que désormais ce soit Peligra qui semble plus envieuse que lui, il devine que son instant de plaisir dans le monde contemporain doit cesser. Peligra, elle, s’est levée sur la chaise pour coller contre le visage mal rasé de l’Américain, le bas de ses hanches. Son souffle devient si envieux, haletant, qu’il étouffe à certains moments la musique qui résonne dans la pièce. Décidée à accentuer son plaisir, elle redescend peu à peu pour s’accroupir contre lui, bassin contre bassin, et mimer un coït en remuant de plus en plus vite. Ne sachant plus résister, elle se lève pour enfin ôter cet ultime habit qui la protégeait du dernier acte. C’est à cet instant précis que Vasiliás choisit de se lever pour ramasser ses vêtements dans l’étonnement le plus complet. _ « Que fais-tu ?! _ Je n’ai plus d’argent. Le spectacle s’arrête là. _ Tu m’as donné plus d’argent qu’il n’en fallait, je t’offre la suite de la prestation. » Malgré toute l’envie qu’il contient, Vasiliás réajuste grossièrement ses vêtements : « Si ce n’est pas déjà le cas, dans les secondes qui suivent tu n’auras plus de patron. Cet établissement ferme ses portes ce soir. Profite justement de l’argent que je t’ai donné, pour te trouver un meilleur job où plus personne n’exploitera tes charmes. » Sans même la regarder, il quitte la pièce et la laisse penaude.
A la sortie de la chambre, il reconnaît les sept surveillants de Segador étendus dans le couloir. La porte de la salle privée de l’établissement est entrouverte. Le corps de l’unique gardien survivant, celui au bras brisé, essaie de s’extraire en rampant. Souffrant, misérable, le videur laisse derrière lui sa trace dans son sang. Vasiliás le regarde avec dépit : « Tu m’as l’air condamné. T’achever serait te rendre service. Autant te laisser crever comme tu le mérites. » Il s’enfonce dans l’appartement aux murs tapissés de sang.
Positionné au centre de son quartier général, Segador présente une apparence méconnaissable. En s’avançant curieusement, espérant l’identifier mieux que ça, Vasiliás bute sur des membres humains coupés, deux pieds et deux jambes, préalablement transpercés puis brisés avant d’avoir été sectionnés. Le tronc humain, se vidant de son sang au niveau de ses organes génitaux arrachés, essaie de survivre en respirant du mieux qu’il peut. Ce n’est pas chose aisée. Il s’étouffe en avalant ses dents et le sang de sa langue arrachée, tandis que son nez est cassé. Les sons qu’il produit semble appeler à l’aide, bien qu’il ne reconnaisse pas l’intrus puisque ses yeux semblent avoir été percés. Son visage et son buste sont peints de sang après que le sommet de son crâne tatoué lui a été scalpé. Le général d’Arès ne peut que constater : « Il agonise. » Jaillit de l’ombre, s’agenouillant pour confirmer sa fidélité à son roi, Tromos déplore : « Trop vite hélas. »
A la sortie de sa chambre, à peine recouverte de son boxer, Peligra découvre les cadavres des six videurs pendant que le septième a réussi à se hisser jusqu’à son niveau. Cependant, le macabre spectacle ne l’accable pas. Cela stupéfait l’homme de main : « Toi la nouvelle ! Comment se fait-il qu’à peine embauchée tu te retrouves au milieu de tout ceci ? Ça ne peut-être une coïncidence ! » Indifférente, son visage séducteur prend une allure bien plus menaçante. Son ton enchanteur devient bien plus autoritaire : « Vulgaire être humain. Comment as-tu pu croire que j’étais réellement venue travailler pour ton patron ? Nous ne faisons pas parti du même monde. » La belle à la peau chocolat ponctue rapidement son aigreur en écrasant de son talon haut et pointu le crâne du malfrat…
En Grèce, Kyoko sautille presque en devançant Mars. _ « Vas-tu ralentir, s’exaspère Arès ! Nous serons bientôt rentrés à l’Aréopage que je n’aurai pas eu droit à la fin de ton récit ! _ Désolé ! C’est simplement que la conclusion est pleine de rebondissement et que je n’arrive pas à me contrôler ! »
Flashback Un bruit sourd résonnait dans la tête d’Erda. Il l’accompagnait à mesure qu’elle recouvrait ses esprits. Repoussée dans la forêt, enchevêtrée dans un arbre plié en deux sous l’impact, la tête lui tournait. Bien vite elle identifia le bourdonnement. Il lui parut plus clair d’entendre que de voir, tant les images autour d’elle tournoyait encore. Un énorme brouhaha ronflait tout autour d’elle. _ « Des vivats ? Des encouragements, croyait-elle reconnaître ? Le Sanctuaire tout entier a dû se réunir autour du camp pour nous soutenir. Geist a dû sortir victorieuse… Hélas… Pour le reste… Mais ! Oui ! Le reste ! Toutes ne furent pas vaincues ! En éliminant le bunyip, les survivantes ont dû réussir à défaire les Dryades, se redressa-t-elle en faisant fi de ses plaies ! » Chancelant d’arbre en arbre, Erda tituba jusqu’au camp, tenant fermement dans sa main le foulard qu’elle avait hérité de Rebecca. Elle slaloma entre les hauts buissons touffus qui masquaient l’entrée du camp. Elle les passait avec hâte. Pressée qu’elle était de retrouver des survivantes. Le dernier obstacle passé, elle déboucha sur le camp déjà prête à crier victoire. Cependant, une vision apocalyptique prit place à l’espoir. Les temples n’étaient plus que ruines sur un vaste champ à la terre retournée et aux arbres arrachés aux abords. Dessous les décombres, des corps innocents, baignant dans leur sang. Le vent emportait les Dryades et les restes du bunyip, tous fanés. De la quarantaine de femmes ici présentes au début de la bataille, ne restait qu’Erda baignant dans le lac de sang de ses amies. Irradiant à la surface, la Cloth de Cassiopée s’était reconstituée sous sa forme totémique devant un bras sortant des décombres. _ « Mito, s’époumona Erda en se jetant dans sa direction ! » Elle leva les blocs de pierre qui retenait son amie déjà condamnée avant cela. Elle était froide, livide, les yeux définitivement vides. Hurlant de détresse, Erda la serra fort contre elle. Le regard perdu vers l’horizon. Ne sachant que dire. Que faire. Seul un grésillement répété, nuisible, irritant, répondait à ses ahanements. Lorsqu’elle leva la tête pour les identifier, elle remarqua que les pétales de l’Utérus ne tombaient plus sur la surface dévastée. Ceux-ci grillaient au contact d’une onde violacée flottant dans les environs. Faisant baigner la surface macabre dans une atmosphère lugubre. En y regardant de plus près, les corps flétris des Dryades libéraient des boules de phosphore, comme pour emprisonner leurs âmes en temps normal soufflées au vent. Également, à bien y observer, le même phénomène se produisait au-dessus des cadavres de ses semblables. C’est alors qu’une voix nasillarde la convainquit d’une étrange manifestation : « Il en restait encore une… C’est qu’elles ont la peau dure ! Seki Shiki Meikai Ha ! » Découvrant derrière une colonnade tenant encore debout une silhouette en armure dorée, Erda se redressa pour la questionner. Néanmoins, son corps ne lui répondit pas. La vue qu’elle avait sur l’intrus devenait de plus en plus éloignée. Jusqu’à ce qu’elle réalise, que comme le phosphore qui flottait au-dessus des cadavres, son âme était extirpée de son corps et aspirée contre son gré… En même temps, les feux follets alentours disparurent en s’enroulant autour de Deathmask. Ils les conduisit au Yomotsu Hirasaka. Ne laissant que le corps inanimé d’Erda, retomber sur le flanc…
Devant le camp, au beau milieu des Saints amassés pour supporter les femmes au combat, une sphère d’énergie se matérialisa. Sept silhouettes prirent forme à l’intérieur. La première identifiable fut celle de Shaka. Suivi d’Aiolia, Milo, Georg, Juan, Apodis et Naïra. Le Saint de la Vierge avait téléporté ses camarades après leurs déferlantes de cosmos contre Eris. Misty le premier brisa le silence que cette apparition soudaine avait provoqué : « Seigneurs Shaka ! Aiolia ! Milo ! Vous êtes de retour ?! La déflagration dans le ciel ?! Cela veut dire que vous êtes vainqueurs ?! » Ce constat amorça la clameur des spectateurs qui vinrent se courber devant les Saints d’or, saluer les Saints d’argent et sauter dans les bras des Saints de bronze.
Dans une vieille demeure abandonnée, limitrophe à la forêt du camp des femmes Saints autour de laquelle le Sanctuaire s’était réuni, trois hommes attendaient à l’abri des regards des autres. Il s’agissait des mercenaires de Geist qu’elle appelait les Caraïb Ghost Saints. Leurs protections étaient différentes des autres Saints et mercenaires. Plus flexibles, elles épousaient davantage le corps de leurs porteurs comme le feraient des combinaisons. L’un d’eux faisait les cents pas. Il stressait un autre assis sur une chaise au bois vermoulu. _ « Allons Sea Serpent ! Calme-toi donc ! Tu ne feras pas revenir Dame Geist plus vite ! _ Tu m’épates Dolphin ! Je ne sais pas comment tu peux rester ici assis à attendre ! _ N’imagine pas que la situation m’amuse. Déjà que d’ordinaire nous n’avons pas le droit de nous promener dans le Sanctuaire, ne crois pas que rester cloîtré ici me satisfasse ! _ Qu’en penses-tu toi Kuraggu ? » Le susnommé restait fixé à la lucarne depuis quelques minutes à observer les autres Saints se regrouper au loin. L’armure aux couleurs pâles teintées de rose et de jaune délavé, Kuraggu serrait les dents en fixant un point particulier. De son casque semblable à un large chapeau en forme de méduse, tombaient ses gras cheveux blancs. Il dissimulait ses petits yeux noirs qui toisaient avec dédain un chevalier. _ « Kuraggu, demanda à nouveau Sea Serpent ? _ Que regardes-tu, le rejoignit alors Dolphin ? _ Je vois, constata Sea Serpent qui fit de même ! » Les trois reconnurent Apodis parmi les nouveaux arrivants, héroïquement salué. _ « Ton fils, souffla Dolphin à Kuraggu. _ Ferme-là, l’empoigna aussitôt Kuraggu ! Ce n’est plus mon fils ! Ce petit salop m’a trahi en fuyant notre chez nous et en m’enlevant ma femme ! _ Allons Frontinus, se défit Dolphin en rappelant Kuraggu par son vrai nom pour le ramener à lui, après tout ce que tu lui leur as fait vivre, c’est de bonne guerre non ?! _ Hum, grognait le Caraïb Ghost Saint à l’emblème de la méduse. _ Dis plutôt que c’est le fait qu’il soit devenu un vrai Saint plutôt que toi qui n’a pu faire mieux que mercenaire qui te froisse, le charrie Sea Serpent ! _ Il me tarde de pouvoir lui faire subir ma vengeance pour m’avoir ainsi humilié ! _ Ne crains-tu pas qu’il te vainque ? On dit qu’il est très doué parmi les Saints de bronze, continua Sea Serpent ! _ Alors je le ferai souffrir d’une bien autre manière en lui prenant tout ce qu’il a de plus précieux ce sale merdeux ! _ Peut-être, reprit Dolphin, mais pas aujourd’hui. Nous n’avons pas le droit d’être sur le sol du Sanctuaire. Nous venons rendre compte d’une mission officieuse avant de repartir. Dame Geist, ayant senti le danger, a volé au secours de son camp. Mais, malgré toute la malice dont elle peut faire preuve, elle n’en demeure pas moins extrêmement protocolaire à propos du lieu qui l’a fait devenir si forte. Nous y rendre pour l’aider, ou nous faire démasquer pour une toute autre raison, signerait notre mort de ses mains. »
Devant, les héros ne goûtaient pas aux plaisirs de leurs camarades. Pas plus que Mirai resté en retrait. Ne voyant pas Mayura au milieu des rescapés, il ne se fit guère d’illusions, lui qui ne sentait plus non plus le cosmos de Shinato. C’est alors que les totems des Cloths du Paon, de la Coupe et d’Orion arrivèrent au milieu de l’attroupement. Suivant les traces de Shaka, elles revinrent auprès des leurs. Algol posa sa main sur l’épaule de Juan : « Mayura… Aeson… Rigel… Vos sacrifices n’auront pas été vains. Ici, ainsi que sur l’Utérus, Eris est vaincue ! » Shaka leva la tête en direction du camp des femmes qui brûlait encore par endroits : « Eris est vaincue… Mais quelle victoire amère… »
Dans le camp, Xiao Ling, remise de ses émotions, espérait comme Erda retrouver quelques rescapées en regagnant le centre. Cependant, c’est à la chute inconsciente de sa camarade Erda que Xiao Ling assista. Sortant à son tour de la forêt où l’explosion l’avait repoussé, elle chancela jusqu’au camp dévasté où elle trouva uniquement Erda ne plus tenir sur ses jambes. Tanguant de gauche à droite puis de droite à gauche, Xiao Ling s’écroula le plus vite possible auprès d’elle : « Erda… Non… Tu ne vas pas me laisser toute seule ici, commença-t-elle à pleurnicher. » Elle la retourna sur le dos et la secoua : « Allez… Réveille-toi... » Rien n’y fit. Elle regarda devant elle la Cloth que portait Rebecca. L’armure manifesta aussitôt son besoin de ramener Erda : « Allez ! Je t’en prie ! Je suis venue ici pour Rebecca ! Aujourd’hui à quoi bon tout ce que j’ai traversé si je finis à nouveau toute seule ? Je t’en prie ! Allez ! Allez ! » Elle la secouait, apeurée et impuissante. Un nouveau coup d’½il sur la Cloth l’inspira. Elle reprit son calme et aligna bien les bras d’Erda le long de son corps. Elle arracha le peu de tunique qu’il lui restait, au risque d’être complètement nue, afin de surélever avec le tissu sa tête. D’un revers de la main elle lui dégagea les courts cheveux qui maquillaient son beau visage, et entama un massage cardiaque…
Sentant son âme être attirée contre son gré dans une obscurité sans fin, Erda eut le sentiment d’être écrasée, compressée, avalée… Lorsqu’elle reprit connaissance, tout n’était que ténèbres dans un monde obscur où elle ne distinguait à peine son ombre que grâce à quelques feu follets gravitant ici et là. _ « Tu es réveillée Erda, entendit-elle ? » Elle chercha tout autour d’elle d’où pouvait venir cette voix qu’elle chérissait tant. C’est alors que, par miracle, apparut dans le plus simple appareil, devant elle, Mito. _ « Tu n’as plus rien à craindre. Nous sommes là désormais. Toutes ensemble. _ Toutes ? _ Oui, toutes, répondit la voix de Rebecca qui se présenta elle aussi totalement nue dans son dos ! _ Fini ce monde de souffrance, lui prit la tête entre ses mains Mito. _ Il ne te reste qu’à rejoindre ce nouveau monde où les envies et les plaisirs ne sont plus honteux, s’approchait d’elles Rebecca. Où tu peux prendre ce que tu veux en l’arrachant à ceux qui ne le méritent pas. _ Comment ça, fronça les sourcils Erda qui ne reconnut pas les préceptes de son mentor ? _ Comme ceci, l’embrassa à pleine bouche Mito. _ Mito, songea Erda qui laissa la langue de Mito venir caresser la sienne dans sa bouche… Comme cela me manquait déjà… Mais, se sentit-elle oppressée, pourquoi cela me donne la nausée malgré tout… _ Oui, vint presser Rebecca le dos de chacune de ses disciples pour que Mito étreigne davantage son corps nu contre celui d’Erda… Comme cela aussi, passa-t-elle ensuite sa main sous le débardeur craqué d’Erda pour remonter jusqu’à sa poitrine… Tout ce que tu as toujours idéalisé peut-être soumis à tes désirs désormais, colla-t-elle son front à celui de ses élèves… _ Non, réagit au fond d’elle Erda, ce ne sont pas elles ! » A cet instant, un claquement de doigt libéra Erda de l’étreinte lascive à laquelle elle était soumise. Ses deux camarades prirent des mines démoniaques avant de se tordre de douleur, prisonnière d’une lumière violette qui les consuma. _ « Vous lui avez fait baisser sa garde en prenant un visage qui lui était familier. Ça fait de vous de pires dépravés que moi Fantômes ! _ Un… Saint d’or, s’exclama Erda tombée à genoux désabusée ! Se pourrait-il qu’il soit celui que j’ai vu au camp ? _ Deathmask du Cancer pour te servir, se présenta le chevalier. _ Fantômes ? Tu as parlé de mon amie et de mon maître en ces termes ? Pourquoi ? _ La scène était très excitante mais totalement trompeuse. Tes camarades sont là-bas ! » Il pointa du doigt une interminable file indienne humaine. Au-devant de la foule, proches d’un précipice où se laissent tomber chacun, Erda put identifier l’ensemble des membres du camp avec, parmi elles, celles qui lui étaient les plus proches. _ « Maître ! Mito, s’époumona-t-elle en commençant à se relever pour les poursuivre ! _ Je ne ferais pas ça si j’étais toi. Elles ne peuvent plus ni te voir ni t’entendre. » Aussitôt, leurs âmes tombèrent dans le puit qui conduit au royaume des morts. _ « Où… Où sont-elles ? _ Tu l’as très bien compris. Nous sommes à la frontière qui relie le monde des vivants au monde des morts. Tous ceux qui tombent dans ce puit sont directement reçus par Hadès. Tes amies étaient d’ores et déjà mortes avant que tu n’arrives ici. En attente de leur jugement. _ Mais ? La Mito et la Rebecca qui m’ont accueillies ici ? _ Des Fantômes. Je te l’ai dit. Tes Fantômes pour être précis. Tu as été contaminée, comme tout le Sanctuaire, par des Evil Seeds, ces pétales qui tombent du ciel aussi jolis que des lucioles. Il s’agit en réalité des graines de la discorde que propageait Eris. Tant qu’Eris n’était pas vaincue, ces graines pouvaient éclore sur les cadavres qu’elles ont contaminés. Certains des miens ont achevé Eris en même temps que je vous ai toutes envoyées ici. Entre les rares survivantes et celles qui ont péri lamentablement, impossible de faire le tri. Il m’a fallu prendre le problème à bras le corps pour empêcher que tout le camp des femmes ne se réveille en Fantômes qui attaquent le Sanctuaire de l’intérieur. D’autant plus que les Dryades étaient déjà en surnombre. _ Vous voulez dire que… _ Oui. C’est moi qui ai rasé le camp. _ Pour… Pour neutraliser les forces en présences et celles à venir d’Eris, le sacrifice du camp était un mal nécessaire c’est ça, demanda Erda crédule ? Mourir pour préserver la paix est le devoir des Saints et de ceux qui se destinent à le devenir. Mais… Il restait encore des rescapées lorsque le bunyip fut vaincu. N’y avait-il pas d’autre moyen ? Ça a dû être pour vous une décision très difficile à prendre pour un chevalier sacré défenseur de la justice ? » L’Italien resta dubitatif devant toute la peine d’Erda, résignée à accepter le sacrifice des siennes si cela était nécessaire. Toutefois il ne put retenir plus longtemps un fou rire sarcastique qui glaça le sang de la dévouée apprentie. _ « Tu es fascinante de bêtise ! C’est parce que c’était la méthode la plus rapide que je vous ai toutes tuées en même temps ! _ Toutes, répéta Erda totalement abasourdie par l’attitude d’un des Saints censé être le plus noble du Sanctuaire ? Tu veux dire que… _ Oui… Toi aussi. Tu m’as vu au camp… Je ne peux laisser de témoin capable de… _ Ce camp était rempli de jeunes filles qui ne maîtrisaient pas encore totalement l’art du combat, s’emporta-t-elle les yeux ardents ! Tu as attaqué en sachant qu’elles se retrouveraient prises au piège, abandonna-t-elle toute marque de politesse ! En bafouant un lieu sacré de ta présence masculine, embrasa-t-elle son cosmos au Yomotsu Hirasaka ! Déterminé que tu étais à ne laisser aucun témoin, dessina-t-elle de son cosmos dans son dos la constellation de Cassiopée ! Est-ce ainsi que doit agir un chevalier sacré défenseur de la justice, avança-t-elle le poing chargé de cosmos ? Greatest Eruption ! » Telle une comète de lave, elle balança le dernier arcane enseigné par Rebecca avant sa mort contre le Cancer, qui l’encaissa de plein fouet sans que cela ne l’altère en rien. _ « La justice… Ça faisait bien longtemps que je n’avais pas entendu ce mot. J’ai patienté le plus longtemps possible que vous trouviez par vous-même la solution avant que je ne risque d’être découvert. J’estime avoir été raisonnable sur ce coup. Mais entre le risque que le Sanctuaire tout entier soit ravagé, sous prétexte que quelques morveuses ont failli et balayer à la fois le danger présent et le danger masqué d’un claquement de doigt, mon choix a été vite fait. _ Pourquoi, tomba-t-elle d’impuissance à genoux… Pourquoi Athéna garde-t-elle une pourriture telle que toi dans ses rangs ? » Deathmask resta à observer l’impuissance d’Erda. Il s’étonna à admirer toute la conviction de la jeune fille envers sa définition de la justice. De plus, les exhortations qu’il percevait venant d’autour du camp commençaient à l’inquiéter. En levant les yeux vers le ciel, Deathmask ressentit les secours en approche de là où il a laissé le corps d’Erda. Il fallait faire vite. _ « Tu devrais commencer à errer vers le Yomotsu Hirasaka normalement. Les âmes fortes qui reçoivent le Seki Shiki Meikai Ha sont prisonnières de cet entre-deux monde et lorsqu’elles finissent à bout de cosmos pour survivre, elles regagnent les rangs de ces files destinées au jugement d’Hadès. Les faibles, elles, meurent sur le coup. Ou ne s’éternisent pas longtemps ici. Malgré que tu ne parviennes pas à m’atteindre, je sens ton cosmos continuer de brûler intensément. Tu veux croire en ta justice. » Pour seule réponse, Erda fixa de ses yeux brûlants Deathmask pour lui témoigner toute sa haine. _ « Écoute, poursuivit Deathmask, je doute que tu rencontres un jour Athéna pour lui demander son avis sur mon sort. Quant au Pope, je ne suis pas sûr qu’il s’inquiète de ce genre de questions. Aucun témoin, aucune trace de ma présence au camp. Une autre rescapée vient d’arriver. Elle ne pourra que croire que la mort de Bunyip a ravagé le camp. Vos aînées approchent. Elles ne croiront pas qu’un Saint d’or est responsable de tout ceci, alors que ses frères d’armes se battaient sur l’Utérus, dit-il en s’approchant d’elle. Ta foi en ta justice mérite que tu la confrontes un jour à la mienne, la releva-t-il en la tirant par le bras. J’ai hâte de te voir te débattre vainement contre ma toute puissance, conclut-il en lui arrachant un baiser sans même qu’elle ne puisse réagir. » Elle ferma les yeux. La pogne si ferme du Cancer, sa Cloth si dure et froide, l’esprit épuisé après une telle journée, Erda s’abandonna l’espace d’une fraction de seconde à Deathmask…
Lorsqu’elle rouvrit les yeux, elle était étendue au sol. Machinalement, ses lèvres suivaient le mouvement initié par Deathmask… Plongée dans son inconscient, Erda épousait en réalité les lèvres de Xiao Ling en train d’effectuer les gestes de premier secours. La Chinoise, surprise, écarquilla grand et se défit du bouche à bouche devenu un intense baiser. _ « Erda, recula Xiao Ling partagée entre satisfaction et stupéfaction ! _ Xiao Ling, s’empourpra gênée Erda en redressant le buste ?! Ça… Ça fait longtemps que nous sommes ainsi ? _ Je… Je venais à peine de commencer à expirer lorsque tu m’as… _ Alors, pensa intérieurement Erda… Le Cancer… Son baiser… Tout ça était… » D’instinct, elle se redressa et fit le tour d’elle-même dans le but de le distinguer. Néanmoins, seules les silhouettes de Shaina, Marin et Geist arrivèrent. Aussitôt, elle ne put refréner des larmes de honte envers ses aînées, qui baissèrent la tête devant ce spectacle de désolation. Toujours à terre, Xiao Ling restait les yeux rivés sur la Cloth de Cassiopée, l’air abattu. Erda ressentit les derniers pétales de l’Utérus tomber à nouveau sur elle et sur le camp maintenant que le champ de force du Cancer avait disparu…
Déjà au loin, sur les marches de la première maison du zodiaque, Deathmask regagnait son temple. Il stoppa quelques instants, le temps de voir derrière lui la fumée encore apparente s’échapper du camp des femmes et de caresser ses lèvres qui conservaient un goût sucré : « Erda, susurra-t-il en souriant d’un air moins provocateur qu’à l’accoutumée. » Autour de lui, les pétales de l’Utérus grillaient au contact de son cosmos. Il leva la tête : « C’étaient les derniers pétales à virevolter dans les airs. L’Utérus n’est plus. J’ai lutté du mieux que j’ai pu pour que les Fantômes n’apparaissent pas. Comme toujours, Aiolia et les autres passeront pour les héros en ayant éliminé Eris pour que les autres graines semées dans le monde ne germent pas. » Flashback
_ « Et c’est tout, s’indigne Mars ?! » Kyoko et lui étaient arrivés devant le monolithe autour duquel s’amassent d’ordinaire les touristes et qui lui sert de temple, l’Aréopage. Observant autour d’eux qu’aucun contemporain ne puisse constater qu’avec leurs énergies ils peuvent pénétrer dans les catacombes du bloc de pierre par le pont cosmique de l’Aréopage, Kyoko soupire. _ « Tu es fatiguant à râler sans cesse. La bataille était pleine de rebondissement non ? _ Mouais… Mais une fois l’Utérus détruit, où t’es-tu caché pendant trois ans ? _ Là où se trouve mon vrai sanctuaire. _ Le Jardin d’Eden ?! _ Oui. A Hokkaido, au Japon. Dans des lieux escarpés où aucun contemporain ne peut parvenir. Jailli des entrailles de la Terre où il avait été enseveli. Réapparu grâce à tout le cosmos emmagasiné par l’Utérus. _ Ingénieux. _ Oh… Tu n’es pas au bout de tes surprises. Cependant, tes Berserkers ne vont pas tarder à revenir. Avant de repartir d’où je viens, dis-toi que l’enfouissement du Jardin d’Eden n’était pas l’unique punition que nous avait infligée Athéna lors de l’ultime bataille que nous avions lancé de concert toi et moi en des temps immémoriaux. _ Oui, grommelle Arès en grimaçant, mes enfants… _ Tes enfants ! Tes vrais lieutenants, les Ombres ! Ceux qui commandaient aux Berserkers ! _ Harmonie. Deimos. Phobos. _ Le sceau d’Athéna qui les retenait dans mon Jardin d’Eden enfoui, brisé par la toute-puissance offerte par l’Utérus. _ Alors pendant tout ce temps, frétille Mars… _ Pendant tout ce temps, se rapproche-t-elle de lui, nous t’avons laissé reconstruire une armée de chair à canon, afin qu’au moment opportun, les Evil Seeds et tes Ombres rappellent aux hommes qui sont devenus des Berserkers, qu’on ne dicte pas leurs conduites aux dieux, plonge-t-elle son regard déterminé dans le sien. » Elle tourne ensuite les talons et s’éloigne en concluant : « Retrouve ton sanctuaire. Qu’Athéna tombe dans les pièges laissés par les Olympiens. Laisse ton Berserker de la Royauté frapper quand il pensera le moment venu. Tes Ombres te reviendront alors. La discorde enfouie dans le c½ur des hommes où sont déjà semées mes Evil Seeds te permettra de lever une vraie armée grâce aux cadavres amers laissés sur le champ de bataille. Ton succès ne pourra échapper aux yeux de l’Olympe. Tu te hisseras à ton juste titre et assistera à la chute sanglante des mortels sur lesquels je régnerai, moi Eris Déesse de la Discorde, en ton nom, Arès Dieu de la Guerre. L’homme, anéanti, s’en retournera de nouveaux vers de vrais dieux, satisfaisants l’Olympe, et te faisant briller bien plus encore auprès des tiens. »
Ne prononçant plus un mot, rêveur, Mars laisse Kyoko disparaître à l’horizon. _ « Mes Ombres… Une armée de Fantômes offerte par Eris sur les monceaux de cadavres laissés par mes Berserkers submergés à leur tour par ma suprématie retrouvée… L’Olympe qui reconnaît mon rôle dans la foi retrouvée des hommes. Une foi cultivée dans le massacre, le sang… » Ses yeux rouges brillent d’une lueur sanguinolente à mesure qu’il projette ses espoirs. L’aura qui s’en dégage ne laisse aucun doute quant au fait qu’Arès habite en cet instant les profonds désirs de l’homme qu’espère manipuler Vasiliás.
A Buenos Aires, des hordes de policiers et autres forces d’intervention pénètrent dans le Disfrute. Rapide, rhabillée et à l’allure innocente, Peligra sort de l’établissement sans faire remarquer autre chose que sa beauté. Prise en charge par les secours, mise en retrait près d’une ambulance, elle profite que l’attention soit portée sur l’assaut pour s’échapper. Elle traverse l’avenue pour s’engager d’un pas rapide et élégant dans une ruelle déserte. A l’abris des regards, elle bondit alors sur le toit d’un bâtiment de plusieurs dizaines de mètres de haut qui donne vue sur le club investi. Là-haut, l’intrigante demoiselle en trouve une encore plus désirable.
Classe dans sa longue robe pourpre, le visage agrémenté de son tatouage en forme de c½ur, Helénê, l’Ange d’Apollon qui se fait appeler Ksénia, observe avec intérêt la scène. Sans même se retourner, elle sent dans son dos l’arrivée de Peligra et lui demande de son bel accent russe : « Alors ? Qu’en as-tu pensé Kassandra ? » La danseuse portant en réalité le nom grec de Cassandre, la fille du roi de Troie, se laisse aussitôt revêtir de sa Glory en tout point similaire à celle que porte habituellement Helénê et les autres guerriers de l’Olympe. _ « J’ai pu m’approcher d’eux et ressentir l’étendue de leurs cosmos. _ Il était important que tu puisses jauger leurs réelles capacités. » La femme à la peau ébène songe à sa rencontre un peu plus tôt avec Arès…
Flashback Quelques heures auparavant, en Grèce, à l’Aréopage, sur ordre de Vasiliás, Atychia prenait le commandement des troupes pendant que Tromos et lui prenaient la direction du monde moderne.
Esseulé sur son trône, l’esprit absorbé par son verre de vin qu’il faisait tournoyer avec son poignet, l’imposant seigneur du temple en forme de cône ne se souciait pas des matérialisations de cosmos qui se produisaient sous ses yeux. Absolument admirables, Helénê et Kassandra arrivèrent dans le sanctuaire vide de toute présence arèsienne. Toujours aussi familière avec le maître des lieux, Ksénia se permit de déclarer : « Vos hommes sont prêts à la guerre à ce que je vois. Aucun soldat ne reste à l’intérieur du temple. Atychia, cette Berserker du Malheur, semble les apprivoiser dehors. » Kassandra ressentit dans la voix d’Helénê un ton amer. Ksénia se remémorait l’attirance d’Atychia à l’endroit de Vasiliás qu’elle affectionne du plus profond d’elle. Sans même relever la provocation de Ksénia, Arès toisa plutôt la nouvelle venue, aguichante dans sa tenue contemporaine affriolante. _ « Je vois que tu as répondu à mes inquiétudes. _ En effet, vous vouliez un renfort supplémentaire lorsque l’heure sera venue pour vous d’attaquer le Sanctuaire. » L’être réincarné sous le nom humain de Mars, se leva pour dévoiler son imposante stature et mieux se rapprocher de la nouvelle venue. _ « J’ai envoyé toutes mes servantes dans les thermes. Leur présence me manque, peut-être devrais-je m’occuper de cette… » Spontanément, la fidèle d’Apollon s’interposa : « Je vous présente Kassandra. Un Ange au service de mon maître et rattaché, à la demande de ce dernier, à vos services pour mener à bien votre mission et vous prouver toute la confiance qu’il vous accorde afin de vous réintégrer en lieu et place d’Athéna en Olympe. _ Parfait. J’ai bien conscience que le jour où Vasiliás essaiera d’asseoir sa puissance sur le Sanctuaire, il mettra tout en ½uvre pour m’évincer. Je me dois donc de le devancer en l’ayant par surprise. Même si elle ne dégage pas autant de puissance que toi, cet Ange m’apparaît très puissante. L’avoir à mes côtés dès à présent me rassure… _ Pourtant vous me semblez déjà bien entouré… » Ksénia tourna en même temps la tête en direction de Kyoko restée cachée dans l’ombre... Sous-estimant l’Ange, Mars fut déstabilisé qu’elle ait découvert le rapprochement entre Arès et Eris. _ « Allons Arès… Vous ne pensiez pas que la présence d’Eris sur Terre passerait inaperçue. Après tout, comment croyez-vous que la comète Repulse a pu se rapprocher à nouveau de l’orbite terrestre ? » Kyoko commença à sortir de sa cachette : « Tu veux donc dire que… » Devinant la question, Ksénia anticipa : « Oui, c’est l’attraction solaire qui a reprise et influencé la trajectoire de la comète. La Déesse de la Discorde ne doit son retour sur Terre que grâce au cosmos de mon maître Apollon ! » Les bras en tombèrent à Arès tandis qu’Eris feignit de rester digne. _ « Mon maître vous donne toutes les chances de réussir. Il te propose une place en Olympe, Arès. Et te permet de garder un relais sur Terre par le biais d’Eris. Et tout cela avec l’appui des Anges. _ L’appui ?! Tu veux plutôt dire que Kassandra va rester ici pour nous chapeauter ?! _ Il y a méprise je pense. Le Dieu du Soleil a toute confiance en votre réussite. Je venais seulement faire les présentations et acclimater Kassandra à l’humeur terrestre. Elle va de ce pas à la rencontre de Vasiliás et Tromos pour mieux jauger à qui elle a à faire. Elle ne reviendra auprès de vous que lors de l’instant fatidique sur le champ de bataille. _ Dans cette tenue, douta-t-il devant son apparence très provocante ? _ Si j’ai bien compris, l’endroit où se rendent vos deux Berserkers n’est pas des plus fréquentables pour les hommes. Avec une telle plastique, je doute que Kassandra, que nous renommerons Peligra pour l’occasion, ne se fasse pas vite embaucher dans ce bordel où ils se sont rendus. Elle a tous les arguments nécessaires. » Flashback
Soudain, le bruit d’une trappe sur le toit du Disfrute trahit les souvenirs de l’Ange. Les deux envoyées du monde céleste reconnaissent au loin Vasiliás et Tromos fuir les enquêteurs indélicats. A cet instant, en voyant s’élever de battisses en battisses les deux hommes, et plus précisément celui qui l’accompagnait ce soir, Kassandra ressent cette soudaine chaleur qui lui a pris le bas ventre il y a peu encore. Les paupières à demi closes, elle se sent l’espace d’un instant redevenir Peligra. Les Olympiens, soumis à l’autorité de leurs dieux, sont irrémédiablement séduits par leur charme et leur impériale prestance. Pourtant, bien que différent de celui d’un dieu, le charisme de Vasiliás a bouleversé l’Ange, comme l’a été Helénê avant elle : « Cette confiance exacerbée pourrait passer pour de l’arrogance, néanmoins, à travers ses yeux, j’ai deviné des certitudes en cet homme. Elles m’ont permis de le voir autrement qu’un être quelconque et indigne du sang divin qui coule dans les veines de tout Olympien. » Loin d’être dupe, Helénê sent son c½ur se serrer lorsqu’elle demande : « Comment était-ce ? » Interdite par cette question à laquelle elle ne s’attend pas, et honteuse de ce ressenti nouveau qu’elle a éprouvé au contact du charme de l’Américain, Peligra perd ses mots. _ « Euh… Ils… Oh… Ce fut… Ils renferment une cosmo énergie ahurissante pour des humains. Si Tromos reste largement à notre portée, Vasiliás demeure un mystère. » Ksénia la reprend d’un ton inquisiteur sans forcément insister davantage de peur d’être démasquée elle aussi : « Un mystère ? » Passionnée, l’Ange au teint bruni reprend comme envoûtée : « En tout point… Un mystère ! » A son tour, Helénê se sent retrouver la Ksénia étrangement conquise par celui qui fut l’objet d’une de ses missions sur Terre. Passant discrètement sa main contre sa poitrine, elle éprouve les sentiments qui l’étreignent déjà depuis qu’elle a vu Atychia se rapprocher de Vasiliás. Ranc½ur, peine et jalousie. Refusant que cela n’influe son jugement, elle se concentre à nouveau sur sa mission : « Plus besoin de les retenir davantage. Ils vont pouvoir rentrer en Grèce. Je pense qu’Eris a fini de dévoiler son plan à Arès. Il a maintenant toutes les cartes en main pour agir lui aussi. _ Lui aussi, demande Kassandra ? _ Oui. Le réveil d’Hadès est proche. Et en attendant, cette nuit Poséidon a lancé les hostilités en infiltrant un de ses sujets à Asgard. Une belle sirène qui a fait fondre des c½urs et qui provoquera la fonte des pôles. _ Si avec ça Athéna n’est pas poussée à la faute… »
Justement, à l’autre bout du monde, à l’extrême Nord de l’Europe, le petit matin du 22 mars 1987 se lève plus calmement que la veille après une nuit intense et charnelle au temple Walhalla.
Avant d’éventuelles rencontres fortuites, Thétis s’empresse de fuir sur la pointe des pieds les appartements de Siegfried, enroulée dans ses couvertures.
A l’autre bout du couloir, perturbée par cette nuit passée et le regard qu’elle portera dès aujourd’hui à Siegfried, Hilda reconnaît la silhouette de celle avec qui elle a partagé tant de plaisir la veille. _ « Thétis ?! Siegfried ?! » Tant de question se chamboulent dans sa tête avant de réaliser immédiatement de quoi il en retourne. Un sentiment de colère, puis de jalousie et enfin d’interrogation sur l’effet recherché par Thétis d’avoir une telle liaison s’entremêlent dans l’esprit de la prêtresse. C’est seulement à cet instant qu’elle se tient la poitrine, rongée par la culpabilité et les conséquences d’avoir donné pour une nuit son amour à une autre qu’elle connaît à peine. Honteuse, confuse, c’est Siegfried qui lui vient instamment à l’esprit : « Lui a-t-elle dit que j’ai crié le nom de Siegfried ? Lui a-t-elle dit que je l’aime secrètement ? A-t-il agi de la même manière lorsqu’il était en elle ? »
Au même instant, sort à peine vêtu Siegfried, curieux du départ inopiné de Thétis. En tournant la tête, il reconnaît Hilda et, alors que d’ordinaire il se serait courbé pour la saluer, il fléchit sommairement les genoux avant de s’enfermer, honteux d’être découvert. Mais aussi convaincu que Thétis disait la vérité lorsqu’elle lui racontait qu’elle venait auprès de lui après avoir pris du plaisir auprès d’Hilda. En faisant les cent pas, il s’interroge : « Alors c’était vrai. Elle a fait ça, avec Thétis. Elle ne peut m’en vouloir après tout. Nous pouvons dire que nous sommes quittes… » Il se prend la tête entre les mains et grogne : « Non mais qu’est-ce que je raconte ?! Ce n’est pas un jeu. Thétis dira-t-elle à Hilda avant de partir que j’ai pensé à elle quand nous étions à deux ? »
Soudain, à travers sa porte, il entend Hilda interpeller un autre habitant du Walhalla : « Alberich ! Alberich ! » L’héritier du pourfendeur du Dragon de Fafnir peut discerner à travers la porte les pas pressés d’Hilda pour rattraper son rival.
Dans les allées du château, l’Asgardien aux cheveux d’améthyste s’arrête en soufflant d’agacement. Les deux soldats qui l’escortent, comme c’est le cas pour tout noble du palais, s’inclinent immédiatement envers Hilda. Alors, Alberich grimace en exagérant son dévouement. Un genou à Terre il s’inquiète faussement. _ « Que se passe-t-il Majesté pour que de si bon matin vous veniez me trouver ? _ Lorsque je t’ai vu sortir de tes appartements je me suis rappelée que nous passons hélas peu de temps ensemble. Je voulais savoir si tu consens à m’accompagner ce matin à l’Autel du Destin ? » Cette proposition transperce aussitôt le c½ur de Siegfried et surprend Alberich : « Cette tâche très particulière incombe pourtant à Siegfried d’ordinaire, votre homme de confiance. » Confuse, honteuse à l’idée d’échanger avec Siegfried à propos de leurs soirées respectives avec Thétis, Hilda ne s’étend pas sur le sujet : « Siegfried est occupé pour ce matin. Puis-je compter sur toi ? Oh, je sais qu’il n’y a rien de palpitant. Attendre des heures pendant que je prie Odin… Mais le trajet est assez long et ça serait l’occasion de pouvoir converser ensemble. Après tout… » Ravi de pouvoir éclipser Siegfried, de Megrez ne se fait pas prier sans pour autant ne pas oublier cette défiance qui le lie à la monarchie : « Oui, après tout vous n’avez fait que me rabrouer ces dernières années. Un entretien cordial n’est donc pas de refus. » Suivis par les deux gardes d’Alberich, ils prennent la route.
Seul, dans sa chambre, Siegfried se laisse tomber à la renverse sur son lit défait. En croix, il soupire : « Hilda… Si vous saviez à quel point je vous aime… » C’est alors que par précaution, il ramasse ses vêtements et détale à l’opposé de la direction prise par Hilda et Alberich. Faisant courber l’échine à chaque garde qu’il croise sur son passage, Siegfried presse le pas jusqu’à l’arrière cours où un guerrier de haute stature en domine quatre autres dans une épreuve de lutte. Il ressemble beaucoup à Siegfried. Ses cheveux sont blond vénitien et raides, sauf ses mèches sur son visage qui sont légèrement ondulés. Il les porte courts, à la différence de Siegfried qui les a très longs. Ce détail permet de mieux les distinguer. _ « Petit frère ?! Que viens-tu faire ici ?! Cela fait un moment que nous n’avons pas eu l’honneur d’avoir le grand Siegfried nous gratifier de sa présence ! Mes hommes seront ravis de recevoir les conseils du plus vaillant de nos combattants ! _ Sigmund… » Siegfried n’en dit pas plus. Sa voix empruntée lorsqu’il nomme son frère aîné permet à Sigmund de mieux appréhender l’objet de sa venue. Bien que son frère cadet lui soit supérieur en force, Sigmund a toujours su rester l’épaule sur laquelle son petit frère peut se reposer. Et de ses grands yeux violets, il peut lire sa détresse. En claquant des doigts, Sigmund demande à ses hommes de reprendre leurs tenues de rondes. Tandis qu’ils réajustent leurs plastrons et leurs casques à corne, il éloigne Siegfried des oreilles indiscrètes. _ « J’ai besoin que tu veilles sur la Princesse Hilda aujourd’hui, confesse sans détour Siegfried. _ Tu ne la quittes jamais des yeux. L’arrivée hier de cette étrangère à la voix de sirène ne semble pas être un hasard à cette étrange position, devine Sigmund. _ Thétis nous a mis dans une position délicate Hilda et moi. Je ne peux t’en dire davantage mais… » Lisant en Siegfried comme dans un livre ouvert, mais refusant d’être embarrassant, Sigmund n’insiste pas. Il interrompt son frère d’une franche empoignade par l’épaule. _ « Ça ira ! A cette heure j’imagine qu’elle est en route pour l’Autel du Destin, partie prier Odin. _ Elle est censée ne rien craindre, Alberich l’accompagne. Néanmoins, je serai plus rassuré si tu pouvais garder un ½il sur ce serpent… » Sigmund acquiesce et en quelques bonds, s’empresse de prendre la direction du précipice où Hilda implore quotidiennement Odin…
Au même moment, dans le sanctuaire sous-marin, Thétis approche le parvis du temple de Poséidon. Ses écailles roses dissimulent son intimité qu’elle a dévoilé la veille à Hilda et Siegfried. A peine essoufflée après avoir parcouru sous les océans la distance reliant Asgard au-dessous de la Méditerranée, elle s’avance jusqu’à son supérieur au heaume ombrageux. _ « Je te félicite Thétis. » Vexée de devoir s’abaisser à exécuter la mission qui lui a été confiée, en jouant de son corps et en trahissant les sentiments sincères que se vouent Hilda et Siegfried, Thétis s’incline malgré tout. D’une voix résignée, elle salue celui qu’elle ignore être Kanon des Gémeaux : « Dragon des Mers… Si cela est pour satisfaire la volonté de sa Majesté Poséidon. » Cependant, Kanon reste inquiet du succès de son plan. _ « Tu es revenue bien vite d’Asgard. Es-tu sûr qu’Hilda ira prier seule ? _ Elle ne sera pas seule. Mais elle ne peut pas être mieux accompagnée. Elle sera suivie d’Alberich de Megrez. _ Alberich de Megrez, celui que nous avons observé être fasciné par le pouvoir et qui s’est renseigné sur l’anneau des Nibelungen ? _ Celui-là même. _ Alors en effet. Il est faible et vicieux. Il n’aura pas le courage de se hisser contre Poséidon lorsqu’il attaquera Hilda. Et il gardera sous silence sa possession au vu de tourner ça à son avantage. _ Que devons-nous faire à présent ? _ Rassemble les soldats Marinas pour surveiller le périmètre dès que les hostilités seront engagées. Je vais de mon côté avertir Poséidon qu’il peut se tourner dès à présent vers Hilda. » Thétis acquiesce et s’éclipse pour mieux laisser Kanon apprécier la réussite de son projet.
Le Dragon des Mers défait son heaume pour mieux scruter l’horizon marin : « Oui, je me suis habitué à cette atmosphère salée et ses coraux. Mais la surface me manque. Mon plan va bientôt réussir et j’aurai exploité les pouvoirs de Poséidon sans même l’avoir éveillé totalement. Pour cela je dois continuer mon travail d’éloignement de Sorrento vis-à-vis de Julian Solo. Dès qu’Hilda sera possédée, j’enverrai Sorrento pour la surveiller sur un soi-disant ordre de Poséidon. »
Dans la contrée d’extrême Nord de la Sibérie orientale, à Blue Graad, le vent se lève étrangement. Le royaume qui a rudement souffert ces derniers mois de la Guerre Sainte contre Asgard et des conditions climatiques craint de nouveau les prémices d’une catastrophe.
En tenue de civil, bras et jambes dans la neige, Alexer aide les quelques villageois qui n’ont pas achevés la reconstruction de leurs demeures. Beaucoup plus proche de son peuple après la bataille contre Asgard, le gardien du Grand Nord se sent redevable auprès de lui afin d’expier son crime envers son père. Le parricide lève les yeux vers la brume environnante et déclare : « Cette météo ne me dit rien qui vaille. Les manuscrits de notre bibliothèque ont toujours fait état d’un temps plus clément après une lourde vague de froid. Il est encore trop tôt pour que la rudesse s’attaque de nouveau sur le pays. »
Une voix douce et familière, emmitouflée dans un épais manteau se présente devant lui. Belle, grande, déjà si femme alors que lui n’est que jeune homme, le nouveau roi est en admiration devant sa s½ur Natassia. _ « Peut-être l’annonce d’un triste événement mon frère. _ Je ne sais guère. J’ai reçu hier des nouvelles d’Asgard. Il n’y avait aucune mention du moindre danger dans le courrier de la Princesse de Polaris que m’a fait parvenir son messager de confiance Utgarda. De plus, Athéna a repris le contrôle du Sanctuaire. Nous n’avons pas de raison d’avoir peur. Mon devoir, à moi, c’est de veiller avant tout sur mon peuple. Je vais répondre aujourd’hui à Hilda afin qu’Utgarda puisse repartir avant que les des caprices du temps ne l’en empêche. J’en profite pour l’avertir de nos interrogations. Hilda saura trouver la réponse auprès d’Odin. » Tournant le dos à son frère, Natassia demeure suspecte : « Tout de même, ce temps si rude alors que nous sortons qu’une vraie tempête n’est pas commun. Quelque chose se trame, j’en suis sûre… »
Voyant sa s½ur regagner le palais, Alexer fait la moue. _ « J’aimerai me rendre à Asgard, au Sanctuaire, et garantir la paix pour expier mes fautes. Mais mon salut doit avant tout passer par le pardon de mon peuple. Je suis désolé s½urette. »
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« le: 30 Avril 2022 à 18h24 »
NEWS
Cette version du chapitre 25 est une version rééditée de la publication originale du 27 novembre 2011. Bonne relecture aux lecteurs les plus fidèles, et bonne découverte pour les nouveaux.
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« le: 20 Février 2022 à 11h05 »
Chapitre 80
En Argentine, le night-club appartenant au chef de la pègre est peu à peu encerclé par les secours et les forces de l’ordre. A l’intérieur, il ne reste plus que d’un côté Vasiliás et Peligra, et de l’autre Tromos et Segador.
Dans l’alcôve, où ils se sont enfermés, Vasiliás et Peligra dégustent à tour de rôle sur leurs corps le champagne qu’ils font couler. Ils sont loin de connaître les détails des retrouvailles entre Segador et Tromos. Leurs vêtements jonchent le sol, disséminés aux quatre coins de la pièce. La montre-gousset de Vasiliás, d’ordinaire si chère à son c½ur, abandonnée dans la poche de son pantalon qui traine à ses pieds. Ne gardant que leurs sous-vêtements pour barrière à la concrétisation des envies qu’ils suscitent l’un chez l’autre, ils poursuivent leur corps à corps endiablé. A genoux contre le Berserker assis, Peligra ne cesse d’appuyer sa poitrine en allant et venant sans cesse contre sa taille. Ouvrant même parfois sa bouche comme pour accueillir à travers son boxer blanc l’intimité sacrément manifestée de Vasiliás…
A quelques mètres de là, au fond du couloir, les bras ballants, Segador abandonne sa mine enjouée. Un à un, les os de ses doigts puis de ses poignets, avant ceux de ses épaules et de son coude, ont été brisés. Ses yeux à l’agonie devinent à la fouille qu’opère Tromos dans son bureau, que sa torture ne fait que commencer. Brandissant d’un tiroir une pince, le colossal Argentin se congratule déjà des futurs résultats de ses sévices : « Que penses-tu que je puisse t’arracher avec ça une fois que je t’aurai ôté chacune de tes dents ? » Puis, en refermant le tiroir, il trouve une manivelle dans celui du dessous : « Oh ! J’ai comme l’impression qu’il sera plus amusant de percer lentement tes genoux avant, pour ne pas que tu craches trop de sang après t’être fait opérer le râtelier ! » L’odieux personnage change très vite d’attitude. Désormais anxieux, Segador est défiguré par la folie qui symbolise la souffrance qu’il n’arrive même plus à hurler tant il s’égosille…
En Grèce, au sommet d’une falaise qui surplombe Athènes, Kyoko grimace après sa dernière gorgée d’alcool. _ « Le champagne a vite réchauffé ! _ Le temps passe très vite. D’ailleurs j’aimerai que tu reprennes le récit de tes exploits avant que Vasiliás et Tromos ne reviennent de leur escapade et suspectent quoi que ce soit te concernant. _ Bien, bien… »
Flashback Sur l’Utérus, la structure complète cédait peu à peu depuis qu’Aiolia avait brisé le c½ur de l’arbre nourricier. Les catacombes avaient déjà cédé. Les étages suivants se désagrégeaient tour à tour. Dans l’un d’eux, alors que l’édifice s’écroulait tout autour, Rigel restait les bras ballants. Tremblant, partagé entre la cruelle vérité et son amour indéfectible pour Kyoko. _ « … Voilà la vérité sur ma naissance, mon adoption et l’absence d’Athéna du Sanctuaire. » Une fois qu’elle eut fini, Rigel préféra s’adresser à son maître Aeson devenu Ghost Saint. _ « Et c’est ainsi que vous espérez vous faire pardonner Aeson ?! En vous joignant à Eris ?! » Sagement appliqué à expier sa faute passée, Aeson demeurait silencieux. Kyoko poursuivit alors. _ « Je comprends que cela soit difficile à accepter pour toi. Ton monde s’écroule. _ Non ! Penses-tu ! Mon maître, celui à qui je dois tout, que j’ai toujours cru être un modèle de droiture, a d’abord exécuté sa femme, renoncé à ses enfants, puis aujourd’hui il trahit Athéna ! Athéna qui d’ailleurs a disparu depuis onze ans du Sanctuaire ! Un Sanctuaire qui m’envoie tuer la femme que j’aime qui n’est autre que la réincarnation d’Eris ! _ Mais tu en es incapable n’est-ce pas, s’approcha tout doucement Eris ? _ Recule ! N’avance pas, dit-il en faisant marche arrière ! _ Pourtant je suis là, à ta merci, gorge déployée. Tu n’as qu’à prendre ma vie et rentrer dignement au Sanctuaire où tu seras un héros. Ne le veux-tu pas ? _ Non ! Je me fiche d’être un héros au Sanctuaire ! Pas dans ce Sanctuaire là en tout cas ! Tout ce que je veux c’est que tu quittes le corps de Kyoko et qu’elle me revienne ! _ Mais je suis là, rigola-t-elle amoureusement. Kyoko. Eris. C’est la même chose. Nous ne sommes qu’une. Vivre dans le secret. Dans la menace d’être un jour découvert. Condamnés, par un camp rempli de menteurs. Pour une foi caduque envers une déesse pleutre, cachée et affaiblie. Tout ça peut disparaître en embrassant ma cause. En embrassant ces lèvres que tu connais tant… » Arrivée à lui, Eris saisit dans ses mains le visage fuyant de Rigel, pour l’obliger à plonger ses yeux dans les siens. Le regard de la jeune femme avait changé en effet. Il était plus sournois, ses traits étaient plus tirés. Mais dans le reflet de ses yeux, Rigel voyait encore Kyoko et leurs courses enfantines dans les prairies désertes du Sanctuaire, leurs baisers d’adolescents volés derrière un arbre, leurs étreintes lascives d’adultes au milieu des fleurs d’été. Sa gorge était nouée, sa bouche sèche. Dans le dos de sa bien-aimée, honteusement agenouillé, son maître ne bougeait pas d’un pouce et lui rappelait tout ce en quoi il a cru. Il constata alors combien il fût idiot d’être gêné du crime qu’il commettait en s’énamourant d’une Saintia qu’il avait détourné du droit chemin dans un Sanctuaire mensonger, dirigé par un imposteur. Seulement, son combat contre Jaguar lui remémorait la lâcheté des Ghost Saints, mus d’intérêts personnels, renonçant à leur honneur. Le goût du sang et du conflit d’Eris qu’on leur apprend dès l’enfance au Sanctuaire et la menace que ferait peser Kyoko sur le monde le hantèrent aussi. Pourtant, à bien y réfléchir, les hommes de Gigas sur lesquels elle lui ouvrit les yeux quelques minutes plus tôt ne valaient guère mieux. La sentence subie par Olivia, la mère de son amante, ne pouvait faire croire que le Sanctuaire était un lieu idéal, destiné à protéger un monde de bonté. Enfin, toutes ces légendes horribles à propos d’Eris étaient contées par son maître Aeson. Un maître qui abandonna ignoblement sa famille. Tous ces sentiments s’entremêlèrent une fraction de seconde, le temps qu’il prenne sa décision et qu’il remonte ses bras à son tour pour caresser le visage de sa bien-aimée. En plein conflit avec ses tourments, il profita de son approche pour descendre ses mains du visage de Kyoko jusque dans son cou…. Il commença à serrer fort. Aussitôt, Aeson se releva mais, alors qu’elle pliait en arrière sous le poids de l’étreinte de Rigel, Kyoko tendit le bras pour empêcher son père d’intervenir. Pris de sanglots, Rigel murmurait à répétition : « Je suis désolé, je suis désolé, je suis… » Bientôt Kyoko était couchée sur le dos, le visage bleui, la langue gonflante. Sa vue gondolée par les larmes empêchait Rigel de parfaitement distinguer la mort venir à sa compagne. Lui non plus ne respirait plus. Il y mettait tant de force, tant d’opiniâtreté, qu’il retenait son souffle. C’est lorsqu’il distingua les yeux révulsés de Kyoko qu’il fut frappé de terreur. D’une aspiration profonde, il relâcha sa prise et chuta sur son postérieur avant de reculer à terre de dégoût. Ses yeux étaient grands écarquillés, son visage pris de spasmes. Il regardait ses mains meurtrières avec effroi, bien qu’il savait qu’il n’avait pas été capable d’aller au bout de son geste. Le rire sarcastique de Kyoko le lui confirma. Elle se redressa lascivement et rigola de plus en plus fort. _ « Je savais que tu en étais incapable. Ta culpabilité et le sentiment d’avoir été trahi par tout ce en quoi tu as cru sont plus forts. _ Tout ce en quoi j’ai cru, toi y compris, vociféra-t-il. _ Tu te trompes. Je ne cherche pas à te duper. Ma proposition est intéressée mais sincère. Tuer le temps dans tes bras en attendant que tu combattes pour moi, qu’on le fasse chez Athéna ou ici, où est la différence ? Entre nous, rien ne changera. Pour le monde, rien ne changera. Eris ou le Sanctuaire, il est voué à la destruction. Sauf que tu as la possibilité de disparaître ici et maintenant, ou de le vivre à mes côtés. » Indécis, Rigel n’osa pas la dévisager davantage. Jusqu’à ce qu’un heurt traversa la pièce et frappa Eris par surprise en plein abdomen, l’obligeant à s’écrouler. Faisant bondir Aeson jusqu’à elle. Soudain, depuis l’angle de la pièce d’à-côté, Olivia apparut. Elle suivit la direction empruntée par le coup qui toucha Eris à l’instant. _ « Olivia, grinça des dents Aeson qui se mit en garde ! » Toutefois, Olivia titubait en se tenant sa poitrine, percée, et en agitant d’un signe négatif la tête afin de manifester son innocence avant de s’écrouler. Elle était incapable de parler en raison du flot d’hémoglobine coagulée qui fuyait sa bouche. Derrière elle, la Cloth en miettes, le masque brisé sur la moitié inférieure du visage, Mayura traînait la jambe, déterminée. Elle crachait du sang elle aussi lorsqu’elle conjura à Rigel de se ressaisir. _ « Ne l’écoute pas Rigel ! Ses paroles sont empoisonnées ! » Pensant Kyoko meurtrie par l’attaque surprise de Mayura, Rigel avançait à genoux en direction de son amante. _ « Non, scanda-t-il ! Tu ne sais pas toute la vérité ! » Passant devant Olivia, Mayura fut soudain retenue à la cheville par sa main. _ « Sache que malgré ma liaison avec Aeson et la naissance de mes filles contre la voie chaste des Saintias que j’ai choisi trop jeune, mon amour et ma dévotion pour Athéna étaient sans faille, confessa Olivia. Lorsque je fus découverte, emprisonnée, torturée puis condamnée, je n’ai cessé de la prier jusqu’au dernier instant. Mais elle ne m’est jamais apparue. Même lorsque le Pope me fit arrêter. Lorsqu’il laissa Gigas et ses hommes de mains me passer un à un, plusieurs fois par jour, durant des semaines de détention, sur le corps. Même lorsqu’il délibéra sur mon sort, nommant le père de mes enfants comme bourreau. Elle ne m’est jamais apparue. Je ne priais pourtant pas pour moi. Je priais simplement pour le salut de mes filles. Je lui demandais juste de veiller sur elles. Mais rien. J’allais mourir avec une profonde désillusion. Et tu sais qui m’a répondu ? Eris. Seule Eris me vint. Dès lors que je sentis un coup sec derrière ma nuque puis le néant. Pendant que ma tête roulait au sol devant les pieds d’Aeson et sous ton regard Mayura, mon amertume fut saisie aux portes des Enfers par Eris en personne. Elle fut la seule à m’entendre. » En écoutant cela, Rigel fut davantage décidé à prendre Kyoko dans ses bras pour inspecter sa blessure. _ « Les lois du Sanctuaire sont strictes et cruelles, afin que ses représentants soient justes. Car d’eux dépendent justement la paix et les libertés dont nous nous privons au profit du reste du monde, protesta Mayura. _ Je vais te dire un secret, poursuivit malgré tout Olivia. Ce Sanctuaire si rigide que tu défends. Ce Sanctuaire donneur de leçon, modèle de vertus. Par qui crois-tu qu’il soit tenu ? Allons, n’as-tu pas remarqué depuis ma mort ce symbole à tête de mort parcouru d’un reptile ailé tatoué sur plusieurs soldats athéniens. Cela a commencé à se répandre un an avant ma mort. Le Pope qui m’a condamné, qui a accepté ma torture, qui t’envoie en guerre contre des dieux mineurs pourtant peu menaçants. Il n’a rien du Grand Pope qui nous envoyait en missions de prévention dans les domaines annexés. Le Grand Pope Shion n’est plus. Pas plus que son frère Arlès. Le Pope depuis onze ans est un imposteur. Et cette Athéna pour qui tu es prête à tuer ma fille aujourd’hui n’est pas là-bas ! _ Tu mens, dit Mayura en se défaisant d’un mouvement de jambe de l’étreinte d’Olivia, et je vais te le prouver maintenant, s’élança-t-elle vers Kyoko ! » Le choc qui s’en suivit fut si brutal que les murs du hall furent inondés de plasma. Aeson, devancé, resta statufié, maquillé de sang. Ce sang roulait sur le visage de Kyoko et était absorbé par sa robe écarlate. Incapable de progresser davantage, désabusée par la couardise de son camarade, Mayura se laissa tomber à genoux, les bras le long du corps, ne pouvant retenir les gerbes d’hémoglobine qui jaillissaient de sa trachée. Devant elle, bras encore rigide, main raide et doigts tendus au bout desquels des flammèches scintillaient, Rigel murmura : « Ignis Fatuus… Je suis désolé Mayura… Mais ton obstination même face à la vérité ne peut avoir raison de la femme que j’aime. » Alors qu’il venait de lui trancher la gorge, Rigel tourna le dos à Mayura. Il refusa de regarder sa bouche démasquée tenter de happer l’air, dans un ultime instinct de survie. Agonisant d’asphyxie, le cosmos de Mayura parvint malgré tout à dessiner un Paon d’or par-dessus elle…
Sur terre, dans la forêt qui délimite le camp des femmes Saints, les derniers éclairs du Thunder Claw de Geist cessaient de grésiller dans l’atmosphère. Aveugle, calcinée, Emony s’écroula dans l’herbe avant de devenir une fleur. Epuisée, Geist s’appuya contre la roche où Emony était prisonnière pour ne pas s’effondrer. Une voix connue, étouffée sous un masque, la congratula. _ « Félicitations ! Tu as vaincue une Dryade et pas des moindres. » Geist observa venir depuis l’extérieur Marin dans sa Cloth d’argent. Néanmoins, la mercenaire n’en était pas plus rassurée : « Marin ! Ton renfort ne sera pas de trop ! Une Dryade vaincue fane. Regarde donc celle-ci. » Devant elles, Emony bourgeonnait, poussait, devenait de plus en plus colorée. De fleur, elle devint une plante resplendissante. Immédiatement, les femmes se mirent en garde. Lorsqu’elle eut éclos dans sa Fane, Emony n’était plus une enfant. Elle était devenue femme. Ses yeux maquillés de contours rendaient son regard plus dangereux et s’accommodaient à merveille avec l’émanation provocante de son cosmos. Désormais dépourvus d’épaulettes, ses longs bras nus présentaient un galbe envoûtant, rappelant le charme dont aimaient jouer ses aînées Dryades. Néanmoins, Emony paraissait toujours aussi cruelle et déterminée à en juger le sourire et le regard psychotique qu’elle balançait tour à tour à Marin et Geist. _ « Je vois que nous avons une invitée, s’adressa-t-elle à Marin sur qui elle fit tomber une pluie de lobélie. Tu espérais que cela m’empêcherait de me venger du mal que tu viens de me faire, asséna-t-elle dans une onde de choc envoyée sur Geist. » Cette dernière fut repoussée contre la pierre, impuissante. Marin voulut lui porter secours mais ce fut vint, ses jambes flageolaient déjà. Autour d’elle, virevoltaient des papillons, qu’elle n’avait pas remarqué jusqu’alors. _ « Nightmare Scheme, prononça Emony. Mes lobélies, semblables à des papillons tombent sur toi puis te recouvrent. Ces fleurs vont se servir de ton corps comme de la semence pour pousser jusqu’à se repaître entièrement de tes forces. » Ainsi, les papillons se posaient sur elle et de chaque papillon naissait une nouvelle pousse. Emony abandonna donc Marin, condamnée, et partit rejoindre sa principale rivale. D’un coup de pied retourné, elle plaqua son talon contre la gorge de Geist pour la tenir à sa merci contre la roche. _ « Quand as-tu pu déployer sur Marin ta technique, sans que nous n’y voyons rien, demanda d’une voix étouffée Geist ? _ Ah ! Je ne t’avais pas prévenu ?! Disons que les lieutenants de Mère ont tous le pouvoir de rivaliser avec au moins vos Saints d’argent. Pour ma part, j’ai toujours trouvé grossier de faire preuve d’une grande démonstration de force à moins d’y être obligée. Et tu m’y as obligé, écrasa-t-elle davantage la gorge de son adversaire. Maintenant, tu vas mourir lentement pour ça ! » Dans le dos d’Emony, les lobélies continuaient d’éclore. La mousse au sol était maintenant recouverte et tout autour de Marin des fleurs gagnaient sans cesse du terrain. Si bien que le bleu de leurs pétales irradiait derrière la Dryade de la Méchanceté. Il se reflétait dans le masque de Geist derrière lequel la mercenaire avait le blanc des yeux rempli de vaisseaux sanguins éclatés, mourant d’asphyxie. _ « Comment est-ce possible que les lobélies poussent encore, cessa son étreinte Emony. Je n’ai jamais rencontré d’adversaire détenant une telle source de cosmos. Elle parait infinie ! » Inconsciemment, Marin se releva malgré les racines épaisses gorgées d’énergie qui la clouaient à terre jusqu’alors. Epuisée, Geist se laissa glisser contre le sol, ne soupçonnant pas non plus une telle réserve d’énergie chez sa camarade. Sans même se défaire des sangsues végétales qui la consumaient, la Saint accrut volontairement son cosmos. Si fortement que les tiges grossirent à s’en faire dégorger de sève et que les pétales s’arrachèrent des bourgeons, incapables qu’ils étaient de contenir tant de puissance. C’est là qu’elle recroquevilla son coude droit pour prendre plus d’élan, avant de tendre son poing à la vitesse de la lumière vers Emony : « Ryu Sei Ken ! » Déclenchée plus rapidement que d’ordinaire, l’Attaque de Météores se changea en faisceaux lumineux qui s’entrecroisèrent et martelèrent Emony dont la Fane éclata par endroit. La Dryade reçut ainsi près de cent millions de coups en une seconde sans avoir pu les anticiper. Elle fut projetée contre la roche, par-dessus la tête de Geist, et retomba derrière elle avec la pierre changée en vulgaires cailloux. Epuisée, vidée, Marin profita de son élan pour s’écrouler devant Geist. _ « Marin… Marin, la secoua tant bien que mal la mercenaire… _ Ca va Geist… Je n’ai simplement plus aucune force… Cette Dryade a vidé toutes mes ressources… C’est un miracle que j’ai pu les réorienter contre elle… _ Quelle dommage pour vous, se releva derrière elles Emony furieuse ! » Le visage menaçant, défigurée par la colère de l’échec, elle était maquillée du sang qui perlait de son cuir chevelu où son bandeau avait été arraché par l’impact. Surplombant les deux alliées, elle élança son bras pour les achever lorsqu’elle fut contrée inopinément par la pointe du pied de Shaina. D’un saut acrobatique, la Saint d’argent d’Ophiuchus arriva à leur secours. _ « C’est mon tour de t’en faire voir de toutes les couleurs, décréta l’Italienne qui partit à l’assaut ! _ Encore une femme Saint qui fanfaronne ! Je vais te remettre à ta place ! » Shaina balança ses griffes de façon horizontale. Emony esquiva grâce à une roue arrière pleine de grâce. L’Ophiuchus anticipa son point de réception en arrivant depuis les airs talons en avant. La Dryade para avec son avant-bras gauche mais sa Fane déjà entamée par Marin se fendit davantage sur le coup. Perturbée, elle laissa Shaina poursuivre son acrobatie en tournant sur elle-même pour la cogner en pleine tempe d’un coup de pied retourné. Emony évita de peu en s’abaissant. Elle prit même l’avantage en se redressant plus vite que Shaina ne retombait sur ses jambes pour la cogner du poing en pleine cuisse et ainsi lui contracter les muscles. Ne tenant plus que sur une jambe, Shaina eut du mal à ne pas céder de terrain sur la série de coups de poings que poursuivit Emony. Elle pivota légèrement au dernier instant pour la laisser être emportée par son élan et espéra contre-attaquer en se retournant à une des vitesses les plus rapides parmi les Saints d’argent du Sanctuaire : « Thunder Claw ! » Tandis qu’elle laissa depuis les airs ses Griffes de Tonnerre retomber, Emony réussit à faire volte-face à temps et rasa le sol de son poing pour remonter en direction de Shaina, portant un coup dans le sens inverse de celle-ci : « Ton amie a déjà utilisé cette attaque contre moi, elle n’a plus de secret pour moi. Innocent Glumness ! » Un violent coup de poing contre celui de Shaina, suivi d’une multitude de coups approchant la vitesse de la lumière, brisa la main de Shaina, annihila sa technique et la pilonna jusque haut dans les airs. Tandis qu’elle retombait en direction du sol tête la première, Emony chargeait à nouveau de son autre poing : « Tu m’as l’air robuste toi ! Je vais m’assurer que tu ne te relèves jamais en te plongeant dans un éternel cauchemar ! Lunatic Bind ! » Contre toute attente, ce fut Geist qui devança Emony en apparaissant devant elle : « Cette fois c’est moi qui connaît déjà cette technique ! Thunder Claw ! » Geist la frappa à l’épaule avant même qu’elle n’ait eu l’occasion de déployer totalement son bras. Le heurt à bout portant explosa la Fane à hauteur de la clavicule et arracha l’épiderme de tout son biceps à la Dryade. Pendant ce temps, Marin réceptionna Shaina afin de lui éviter une chute fatale. _ « On a eu chaud, confessa Marin. _ Néanmoins, même si j’ai pu gagner son bras gauche, elle garde sur nous l’avantage de la vitesse, déplora Geist qui reculait jusqu’à elles. _ Et elle semble connaître toutes nos techniques, ragea Shaina meurtrie. _ Pas tout à fait, corrigea Marin. Il nous reste une chance. J’ai une idée. Ecoutez bien… »
Plus loin, à l’intérieur du camp, tandis qu’Erda extrayait Rebecca des branches qui leurs étaient tombées dessus, Mito tentait de voler au secours de chaque camarade. Hélas, pour une élève rescapée, une autre tombait dans son dos par les griffes des Dryades ou la gueule du bunyip. _ « Ca va aller, prononça-t-elle essoufflée à la dernière de ses amies qu’elle venait d’extirper d’un ennemi. » Elle ne se rendit même pas compte que le temps qu’elle tourne la tête, cette camarade secourue fut aussitôt décapitée par l’adversaire suivant. L’instant d’après, une Dryade frappa du plat du pied derrière le genou de Mito pour le lui faire mettre à terre. Une seconde arriva alors pour la frapper de volée en plein visage et l’envoyer choir au milieu de quatre de ses alliés Dryades. Ce fut alors que les quatre guerriers d’Eris furent retenus dans leurs mouvements par une bourrasque qu’ils ne parvinrent pas à surmonter. Bandeau violet, kimono pourpre, Shinato arriva à son tour en libérant tout son cosmos. Juste après, Xiao Ling suivit l’élève de Mayura. Elle vint relever Mito afin qu’elles se regroupent toutes les trois auprès d’Erda et Rebecca. Par petits groupes, disséminés dans le camp, il ne restait qu’une quinzaine d’élèves qui survivaient tant bien que mal. Shinato et Mito se tenaient déjà en garde. Xiao Ling tremblait en faisant le tour d’elle-même au milieu de ce charnier. Rebecca, qu’elle était venue retrouver, était plus morte que vive. Son héroïne du passé était impuissante dans ce présent apocalyptique. Malgré la perte de son bras, Rebecca, avec l’aide d’Erda, devança les jeunes femmes. _ « Toutes ces femmes… Ces filles… Ces enfants… Elles avaient foi en moi, déplora la Saint en voyant tomber sur les cadavres les graines scintillantes de l’Utérus… Je les ai trahis… _ Ne dites pas de bêtises, l’implora Erda qui essaya de la tirer en arrière pour chercher la retraite ! Vous êtes notre guide ! Nous devons nous replier maintenant ! _ Erda a raison, renchérit Mito. Nos forces sont divisées, affaiblies et en minorités. » Rebecca détacha de son omoplate son foulard imbibé de sang qui retenait à peine l’hémorragie de son bras amputé. _ « Oui, je sais, Erda a raison, lui tendit Rebecca le tissu. Vous devez battre en retraite. Les Dryades seront à votre portée une fois le bunyip vaincu. » Elle se jeta sans crier garde contre le monstre. _ « Maître, hurla de désespoir Erda ! _ Nous devons l’aider, convainquit Shinato une Mito déjà prête à la suivre ! » Erda se joignit à eux, laissant Xiao Ling incapable de la moindre réaction. Alors qu’elle s’élançait pour frapper la première, Shinato s’interrompit d’elle-même, prise d’un profond malaise au moment où elle perçut depuis les cimes le cosmos de Mayura décliner. Elle devina le sort de son maître sur l’Utérus. De son côté, après avoir surpris ses élèves, se présentant à l’arrière de Bunyip, Rebecca répéta son précédent arcane : « Burning Lava Rain ! » Pris à revers, Bunyip sentit ses pattes arrière s’écrouler, martelées et brûlées qu’elles étaient par les météores de laves que Rebecca libérait de son bras droit. Son cosmos aussi vert que sa Cloth brilla au firmament avant de chanceler. _ « Rebecca donne tout ce qu’il lui reste, se reprit Shinato ! _ Nous devons à tout prix la sauver, s’obstina Erda ! » Erda se jeta vers son maître avec inconscience. Mito, voyant un tentacule de Bunyip fondre sur sa bien-aimée, dévia la trajectoire d’Erda qui, l’espace d’une fraction de seconde, resta suspendue dans les airs. Coupable d’avoir agi sans retenue, Erda se retrouva à observer son sauvetage par Mito en étant impuissante. Obligée de fixer la sentence irrévocable qui se produisit sous ses yeux. Comme si cela durait une éternité. Si long que Xiao Ling eut le temps de passer ses mains devant ses yeux. Et pourtant, si net et cinglant, qu’Erda n’entendit pas le son déployé de sa gorge en criant le nom de Mito lorsque le fouet de Bunyip trancha en deux, de l’épaule gauche à la hanche droite, celle qu’elle aime, dans un claquement vif et percutant. Erda roula au sol en première, perdant son masque. Le tronc de Mito en second. Ses jambes ensuite. Le bras tremblant, Rebecca succomba au désespoir en voyant une de ses meilleures élèves vaincue. La croupe au sol, Bunyip abattit un tentacule sur la Saint de Cassiopée. Un second tentacule voua le même sort à Xiao Ling. Contre toute attente, alors que tout semblait perdu, Shinato les dévia en libérant sous la forme d’une bourrasque son cosmos. Dans son dos, l’emblème de l’Oiseau de Paradis, sa constellation protectrice et dont l’armure était déjà promue à Apodis, irradié d’un cosmos orangé. Les appendices de Bunyip fendirent le sol en deux à côté de Rebecca et Xiao Ling, épargnées grâce à Shinato. Cependant, les bras écartés de parts et d’autres, Shinato ne perçut pas un troisième tentacule qui lui perfora l’abdomen depuis le dos, sectionnant en deux sa colonne vertébrale. Le craquement de ses os fit frémir Xiao Ling qui, de panique, remplie d’adrénaline, se jeta finalement à corps perdu dans la bataille. Esquivant le quatrième et le cinquième tentacule, elle vit sa route barrée par une douzaine de Dryades. N’écoutant que son courage soudain, elle repoussa la première d’un coup de pied retourné, écrasant du tranchant de la main le larynx du second, enfonça du plat de l’autre main la cage thoracique du troisième, avant d’être submergée par la dizaine restante… Cet acte de courage, galvanisa les dernières apprenties qui la suivirent dans une ultime tentative de révolte contre les Dryades pour venger Shinato venue héroïquement sacrifier sa vie. Mito était à peine consciente, incapable de happer l’oxygène, sentant ses intestins se déverser. Traînant au sol jusqu’à elle, Erda serrait fort dans son poing le foulard de Rebecca. Le tentacule tombé à côté du professeur reprit sa liberté de mouvement maintenant que Shinato était suspendue en l’air par un autre appendice. Il enroula Rebecca et la conduisit vers sa gueule. L’animal désormais rampant, le train arrière démantibulé par l’arcane de Rebecca, se hissa sur ses pattes avant. Bunyip laissa d’abord tomber Shinato, encore vivante, dans sa gueule. A peine la chair de l’apprentie au contact de sa langue, il croisa sa dentition, broyant le corps, quitte à faire pendre de sa gueule un bras et une jambe de la malheureuse. La gueule baveuse de chair et de sang, puante de cadavres en putréfaction, Bunyip répéta son geste à l’attention de Rebecca, résignée. En levant les yeux vers elle, le visage bleui de larme, Erda vit la mine déconfite et blafarde de celle qu’elle a toujours admirée, du jour où elle l’a extirpée de sa condition misérable jusqu’à présent où elle l’a fait grandir et devenir une femme forte. Tandis que Bunyip lâcha d’en haut sa proie pour l’engloutir toute entière, Erda refusa de s’avouer vaincue. D’un bond rageur, les bras croisés devant elle, au milieu des cris et des pleurs de ses condisciples tombant tour à tour, elle réunit ce qu’il lui resta de force et imita la technique de Rebecca qu’elle admirait depuis tant des années : « Burning Lava Rain ! » Frappé à l’arrière par la Pluie de Lave Brûlante, bien que moins impressionnante que celle de Rebecca, Bunyip garda la gueule grande ouverte pour libérer un cri de souffrance. Condamnée à chuter au fond de cette gorge caverneuse et puante, Rebecca transmit alors son cosmos chaleureux et bienveillant à Erda : « Erda… Ma petite Erda… Comme tu as grandi… Comme tu es devenue forte… Guide tes camarades qui auront survécu… Deviens une Saint digne et respectée… Deviens-le grâce à cette dernière technique que je n’ai pas eu le temps de t’enseigner ! Greatest Eruption ! » Sombrant tête la première, Rebecca devint alors une boule de lave qu’engloutit malgré lui l’animal. Ardente à s’en consumer elle-même, elle phosphorait depuis l’intérieur de Bunyip au point d’en être visible depuis l’extérieur par les spectateurs de la scène. Pris en étau, Bunyip écarquillait ses quatre yeux rouges en luttant contre l’avancée de Rebecca qui lui brûlait l’½sophage après lui avoir déchiré la glotte. Donnant tout ce qu’il lui reste, Erda n’abdiqua pas. Elle frappait toujours l’arrière de l’animal pour l’empêcher de lutter en son for intérieur contre la progression de Rebecca. Réalisant le sacrifice de Rebecca, elle accrut son cosmos à son paroxysme au point que celui-ci dessina derrière son dos Cassiopée, l’emblème de son professeur. Au même instant, achevant son treizième adversaire, Xiao Ling arriva pied en avant contre le flanc de Bunyip, là où sa collerette ne couvre pas le reste de son corps. Bunyip en eut alors le souffle coupé, incapable de contenir en son sein plus longtemps La Plus Grande Eruption, attaque ultime de Rebecca. Bunyip recroquevilla sa tête entre ses épaules et replia ses pattes avant contre sa poitrine alors qu’il tombait sur le flanc. A l’intérieur, la lumière de Rebecca était si flamboyante qu’on voyait les organes de Bunyip à travers lui. En boule, martelé par Erda et rongé de l’intérieur par Rebecca qui n’était plus qu’un amas de chair en fusion, Bunyip implosa. Balayant la surface de viscères au liquide gluant et verdâtre. Soufflant plus loin Xiao Ling et Erda. Couchant au sol les dernières apprenties et les Dryades. Pliant en deux les arbres qui délimitaient le champ de bataille. Faisant céder les derniers vestiges du camp qui tenaient encore debout. Bunyip était vaincu. Au prix de nombreux sacrifices. De l’extérieur du camp, la détonation laissa pantois tous les supporters athéniens. Mal à l’aise depuis qu’il avait senti une perturbation dans le cosmos de Mayura peu avant, Mirai se tenait la poitrine de douleur, bouleversé après la disparition soudaine du cosmos de Shinato. Personne ne parlait. Le silence de mort qui planait au milieu du camp après l’explosion, avait eu raison de ses alentours également.
A l’intérieur du camp justement, pendant que les survivants, femmes ou Dryades, reprenaient leurs esprits, une ligne dorée traversa l’horizon. Le silence qui suivit l’implosion assourdissante de Bunyip permit d’entendre enfin retentir un claquement de doigts. Aussitôt, le sol se déchira. L’enfer s’en échappa. Des feux follets jaillirent des entrailles du centre d’entrainement. Ils emportèrent, sans distinction de camps, les âmes des survivants, incapables du moindre réflexe …
Plus haut, sur l’Utérus, Rigel redressait Eris étonnamment bien remise du coup porté par Mayura. Au-dessus de leurs têtes, le plafond s’effritait. Le niveau du dessus les menaçait. Il commençait à s’écrouler. Aeson, lui, portait assistance à Olivia. Le Saint d’argent de la Coupe, désormais Ghost Saint, était dérangé par le Paon d’or que s’obstinait Mayura à faire briller dans ses derniers instants. _ « Que… Que fais-tu, s’enquerra Aeson ? Serais-tu… Serais-tu entrain d’alerter les autres Saints ! _ Ce n’est rien, le rassura Eris, l’Utérus a été détruit de toute façon. Tout est voué à disparaître ici. _ Dans ce cas, par respect envers la Saint qu’elle fut, je vais mettre un terme à sa douleur, conclut-il. _ Non, lui interdit Olivia en lui retenant le bras. Je veux la voir agoniser dans d’horribles souffrances. » Rigel demeurait au sol interdit. Coupable d’avoir trahi Mayura, il fixait avec maladresse Kyoko qui apparaissait sous son vrai jour. _ « Tu n’étais pas blessée… Tu n’avais rien… Depuis le début… Depuis notre arrivée ici, tu n’as pas accru ton cosmos pour ne pas être repérée puisque tu te baladais dans l’Utérus tandis que les Saints te croyaient au sommet. La destruction de l’Utérus était convenue. Seule comptait ta vengeance. _ En effet. Néanmoins, rien de tout ce que je t’ai dit n’était faux, lui cueillait-elle à nouveau le visage. Cette étape est un succès, le Sanctuaire brûle partiellement. Mes graines ont éclos et seront semées au gré du vent mauvais pendant des années. Ma famille est presque au complet. L’Utérus a récolté suffisamment d’énergie pour faire ressurgir mon vrai sanctuaire, le Jardin d’Eden. Et tandis que je vais m’y retirer pour enfin y recouvrer toutes mes forces, le Sanctuaire va se remettre en me pensant vaincue. Joins-toi à moi, s’accroupit-elle jusqu’à coller son front au sien. » A cet instant, depuis l’étage du dessus qui s’effondrait, Shaka et Naïra arrivèrent. _ « Mayura, s’épouvanta aussitôt la Vierge avant que le sol ne se déroba sous ses pieds. » Depuis le flanc, Milo et Apodis les rejoignirent aussi. _ « Aeson, s’indigna Milo ! _ Rigel, s’inquiéta immédiatement Apodis ! » Sur le flanc opposé, Georg et Juan titubaient côte à côte en se protégeant des débris constants sous le bouclier de l’Ecu. Enfin, depuis l’orifice par lequel l’arbre matriciel traversait tout le sanctuaire, Aiolia surgit. Dans son dos, l’arbre tout entier alternait entre la brillance dorée du Photon Burst du Lion et la noirceur de son écorce de plus en plus calcinée. Il menaçait d’imploser, emportant avec lui le reste de la ziggourat dans un nuage de cendres. Chaque Saint envisageait de venir porter assistance à Mayura agonisante. Mais le sol se fissura devant chacun d’eux. Les séparant les uns des autres. Laissant la Saint d’argent du Paon au milieu d’Eris, Olivia, Aeson et Rigel. Se sachant condamnée, Mayura pencha alors sa tête sur le côté afin de voir une dernière fois Shaka. Elle tendit sa main, impuissante, manquant d’air, vers lui. Incapable d’intervenir, le Saint de la Vierge ressassa alors en une fraction de seconde les derniers mots durs qu’ils s’échangèrent avant la bataille. Au milieu de tout ça, ignorant l’ennemi et le sol qui s’effritait sous eux, Eris n’avait pas perdu des yeux Rigel. Elle avait gardé son visage entre ses mains et attendait de lire dans ses yeux sa résignation. Partagé entre la condamnation de Mayura et le danger qui guettait Rigel, qu’il espérait encore pouvoir sauver, Apodis s’époumonait à crier son nom pour le sortir de sa torpeur. Des failles du sol, des murs et du plafond, commençaient en sortir le restant des Dryades qui n’avaient pas pris part aux combats. Elles se réunissaient tout autour d’Eris faisant définitivement abandonner aux Saints l’idée de pouvoir intervenir auprès de Mayura ou de Rigel. Soumis par l’amour qu’il lui portait et la démonstration de force dont elle fit preuve, Rigel se laissa conquérir par l’approche du visage de Kyoko contre le sien. L’Utérus éclata de part en part. Volant en éclat. Morceau par morceau. Rigel pleura de joie de pouvoir embrasser à nouveau celle qu’il aimait. Il passa sa main derrière sa tête pour appuyer son baiser passionné afin qu’il ne s’arrête jamais. Ce geste en fit tomber le long de son corps ses bras à Apodis. Ses camarades baissèrent tous la tête, abattus. _ « Tant de souffrances endurées pour voir ça, pesta Aiolia. » Seul Shaka resta figé vers Mayura. Il avait rouvert ses yeux désormais embués de larmes. Elle avait cessé d’essayer de respirer. Son cosmos ne brillait plus. Autour d’elle, les Dryades espérant échapper à la mort étaient de plus en plus nombreuses. Elles pullulaient. Entre elles, le sol s’ouvrit encore. Il laissa Mayura tomber dans le faisceau de lumière qui en sortit, faisant disparaître son cadavre dans le néant. Eris se libéra enfin du baiser de Rigel et exposa à la vue de tous le filet de sang qui fuyait ses lèvres. Tous découvrirent alors Rigel à genoux, la tête penchée en arrière, s’étouffant dans son propre sang qui jaillissait de ses entrailles. Les Saints comprirent alors qu’il n’y aurait plus d’autre chance de mettre un terme à tout ceci. Shaka, yeux toujours grands ouverts, les enjoignit tous. Il s’adressa à eux par télépathie : « C’est maintenant ou jamais ! Nous devons terrasser maintenant Eris afin d’être sûrs qu’elle meurt emportée dans l’explosion de l’Utérus en compagnie de ceux qui nous ont trahis ! » Tandis que Rigel tombait à la renverse, mort d’un baiser empoisonné, tous les Saints puisaient dans le restant de leur cosmos. Les effluves dorés des Saints d’or, argentés des Saints d’argent, blanches de Naïra et orangées d’Apodis, s’unirent toutes haut dans le ciel pour former un dôme dont la pointe de cosmos retomba au-dessus de la tête d’Eris et ses hommes. La déesse dégaina son sceptre à quatre branches pour dresser un bouclier contre ces émanations. _ « Maintenant, s’élança Milo, Scarlet Needle Antarès ! _ Wing Jikan No Yoyu, suivit Apodis ! _ Typhoon Bullet, invoqua Naïra ! _ Astral Gravitation, frappa Juan ! _ Geistig Blitz, déclencha Georg ! _ Lightning Bolt, libéra Aiolia ! _ Tenma Kofuku, conclut Shaka ! » Encerclés par des déferlantes de cosmos, Eris n’angoissa guère. Derrière elle, Aeson ramassait le corps de Rigel. _ « N’ai crainte, le rassura sa déesse, il s’agissait du baiser de la renaissance. » A cet instant, Rigel rouvrit les yeux. Il eut dans le regard le même flou que celui qui habitait Aeson depuis sa résurrection. L’Utérus implosa au moment de l’impact de tous les arcanes. Le choc fut tel que le bouclier d’Eris se corroda de part en part. Soufflés par les explosions successives, les Saints furent incapables de voir les Dryades être emportées par les salves lumineuses au milieu desquelles elles disparaissaient de leurs champs de vision.
Une onde de choc si puissante fit alors trembler le sol terrestre sur toute sa surface. Ebranlant ainsi le monde contemporain. Un bruit sourd détonant assourdit la Grèce entière tandis qu’un éclat rougeoyant illumina une fraction de seconde le quotidien des Grecs avant qu’un large manteau nuageux, en réalité la poussière de l’Utérus et du temple, ne couvre le ciel européen tout entier.
Au Sanctuaire, la lumière puis la détonation de la destruction de l’Utérus parvinrent. Les Athéniens sautèrent de joie dans tout le domaine. Autour de la forêt, les spectateurs s’échangeaient quelques sourires rassurés. Hormis Mirai qui gardait un mauvais pressentiment.
Dans la forêt, Emony guettait le ciel. Elle ne paraissait pas inquiète malgré la disparition du cosmos d’Eris. Elle essayait de replier les doigts de son bras gauche mutilé, en vain. Abandonnant l’idée d’y avoir recours, elle arracha un morceau de tissu noir qui habillait son abdomen pour bander son bras ballant contre son corps et laisser son nombril à l’air. _ « Bien, mon seul bras droit devrait suffire à vous anéantir. Je vois que vous avez une idée derrière la tête, mais je demeure plus rapide et je connais toutes vos techniques. » Devant elles, les femmes se tenaient déjà en position après avoir écouté le plan de Marin. _ « Tu es bien présomptueuse alors qu’Eris vient d’être vaincue, ricana Geist. _ Tu es seule désormais et une même attaque ne peut marcher deux fois contre un Saint, l’avertit Shaina. _ Et tu as déjà utilisé toutes tes techniques contre nous, ajouta Geist. _ Naïves, pouffa Emony… Mon Innocent Glumness invoqué au paroxysme de ma puissance sera si rapide et puissant qu’il vous sera bien égal de savoir en quoi consiste l’arcane. Un seul coup que vous ne parviendriez pas à esquiver vous sera fatal. » Soudain, les trois femmes furent saisies en même temps d’un étrange pressentiment. _ « Le camp, s’inquiéta Geist. _ Tout à coup… Tous les cosmos ont disparu, confirma Shaina. » Marin, au centre, restait silencieuse : « Maudites soient les Dryades. Malgré la destruction de l’Utérus, elles auraient réussi à nous porter un coup fatal ?! Le temps presse. Le Ku Ken. Avec cette technique je peux faire croire que je porte un coup. Si je le déclenche en premier, en simulant le Ryu Sei Ken, j’obligerai Emony à dégainer aussitôt pour contrer et nous avoir toutes dans le champ de tir. » Elle pivota légèrement vers Geist tout en accroissant ce qu’il lui restait de cosmos : « Tu es prête Geist, il faut que nous soyons parfaitement synchrones. » Geist hocha la tête d’un geste d’approbation. C’est alors que Marin s’élança, poing détendu pour lâcher ses météores. Emony cria déjà victoire : « C’est pitoyable ! Regroupées comme vous êtes, c’en est trop facile ! Innocent Glumness ! » Frappe déployée à son tour, défigurée par la joie de la victoire, Emony relâcha tout son cosmos en ravageant le paysage. Ses coups de poings balancés à une vitesse proche de celle de la lumière pilonnèrent l’horizon, arrachèrent la végétation et les vestiges de la Grèce Antique. Le nuage de poussière levé l’empêchait de voir les corps démantibulés de ses victimes sans que cela ne l’incite à interrompre. Toutefois, un violent pincement à la nuque lui fit perdre l’usage de ses jambes. _ « Eagle Toe Flash, murmura Marin retombée en pic pied droit en avant depuis le ciel dans son cou. _ Thunder Claw, prirent en étau et en ch½ur Geist et Shaina ! » Tandis qu’Emony eut la colonne vertébrale brisée sur ce coup du lapin de Marin, Shaina lui planta de sa dernière main valide ses griffes en plein sommet du crâne, lui brisant ainsi son diadème, et Geist en plein pubis, transperçant la ceinture de sa Fane. Chacune poursuivant son geste, Shaina de haut en bas, Geist de bas en haut, les Griffes de Tonnerre s’entrecroisèrent et déchirèrent verticalement et profondément Emony. Brisant sa Fane, s’insinuant dans sa chair, lacérant son visage. A genoux, entourée des trois femmes, sa gorge arrachée ne parvenant à remplir ses poumons d’air tandis que par gerbes régulières son sang fuyait ses plaies, Emony aspirait dans un douloureux râle. Ses paupières arrachées laissaient crédules ses yeux rougis par le sang. Marin lui apporta alors la raison de sa défaite : « Tu étais persuadée de ta victoire et nous y avons contribué en te laissant admettre que tu étais plus rapide et que tu connaissais toutes nos techniques. Sur le premier point tu avais l’avantage en effet. Sur le second, tu m’as sous-estimé. Il me restait deux techniques non employées. Le Ku Ken est un coup illusoire. J’ai simulé le Ryu Sei Ken que tu connaissais déjà pour engager les hostilités et te faire dégainer. Sauf qu’au même moment, Geist utilisa le Phantom Genwaku Ken pour maintenir une image rémanente de nos positions. En réalité, nous avions déjà quitté nos places en poussant nos cosmos à leurs paroxysmes. Ton Innocent Glumness que tu as lancé avec suffisance n’a rien fait d’autre que de frapper le vide. J’étais au-dessus de toi, prête à retomber en piqué. Geist et Shaina sur chacun de tes flancs, à attendre que mon Eagle Toe Flash que tu ne connaissais pas et ne pouvais pas voir venir te désarçonne pour t’achever de leurs deux techniques, certes connues, mais mortelles et désormais imparables pour toi. » Marin lui tourna le dos tandis qu’elle glapissait. Succombant, sa peau flétrissait, elle commença à faner pour de bon. Geist, cruelle, la coucha au sol d’un coup de pied en pleine poitrine pour qu’elle suffoque dans son sang. Enfin, Shaina resta à la voir agoniser en la blessant psychologiquement davantage : « Certaines Dryades ont peut-être le niveau des Saints d’or. Mais toi tu n’en fais pas parti. » Malgré la douleur et la vexation, Emony resta un sourire aux lèvres. Elle pensait : « Le Jardin d’Eden… Notre diversion a donc permis sa résurgence. Tu as réussi Mère… Ma mission fut un succès… » Le vent balaya la fleur pourrie Emony, tandis que Shaina rejoignait tête baissée ses alliées qui ne pressaient pas le pas. Toutes les trois avaient senti qu’elles ne trouveraient que désolation dans ce qui restait du camp des femmes Saints… Flashback
_ « Je suis désolé de t’interrompre Eris, la coupe Mars, mais il va nous falloir conclure ton récit sur le chemin du retour. Je sens que mes hommes en ont bientôt fini en Argentine. _ Très bien. Une petite marche ne me fera pas de mal, répondit elle friponne. Tu ne seras pas déçu de découvrir ce qui se passa réellement au camp des femmes Saints… »
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« le: 14 Février 2022 à 10h52 »
NEWS
Cette version du chapitre 24 est une version rééditée de la publication originale du 1er novembre 2011. Bonne relecture aux lecteurs les plus fidèles, et bonne découverte pour les nouveaux.
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« le: 28 Janvier 2022 à 14h06 »
Chapitre 79
En Argentine, dans le night-club, Tromos est aux portes de sa vengeance. En poussant la porte gardée, il débouche enfin sur un grand bureau. Celui-ci dispose d’un mur fait de télévisions retransmettant la vidéosurveillance de l’établissement. Affalé dans son siège en cuir, le propriétaire du Disfrute n’en revient pas : « Je ne pensais vraiment pas que tu arriverais jusqu’ici. C’est lorsque tu as vaincu facilement le monstre dans la cave que j’ai commencé à avoir des doutes… » L’ignoble individu dévoile enfin son visage à Tromos instantanément saisi. _ « … Tu as gagné, achève sa phrase le chef de gang. Je t’engage ! Je vais faire de toi un homme riche. Tu auras tout ce que tu veux. _ Tu… Tu n’as pas changé, reste un instant bouche-bée Tromos devant lui. Hormis quelques rides, tu restes le même que dans mes pires cauchemars. Un visage crapuleux, chauve avec tout le crâne tatoué, un menton carré et des dents pointues. _ On se connaît ?! _ Il y a vingt-et-un ans. Je n’étais qu’un petit garçon, frêle et innocent comme tous les enfants de huit ans. Un petit village dans lequel tu instaurais déjà la terreur. Tu obligeais les gens, de courageux ouvriers travaillant pour nourrir leurs familles, à te verser presque l’intégralité de leurs revenus, sous prétexte qu’ils vivaient dans une citée dont tu te prétendais maître. Tu te servais de cette zone résidentielle pour commencer tes basses besognes. Prostitution, trafic de drogues… » Toujours confortablement installé dans son siège, le malfaiteur s’allume une cigarette en se sentant glorifié par cette histoire. _ « Oh tu sais, j’ai commencé jeune à monter mon empire. Je ne me souviens pas de toi. _ Moi je me souviens de cette nuit où tu es venu en personne punir mon père, qui n’avait pas assez d’argent pour payer ta taxe clandestine. J’ai été le seul à avoir eu le temps de me cacher sous le lit de mes parents. Je me souviens de tout. De tes hommes battant mon père. Le laissant tout juste conscient, pour qu’il puisse te voir violer ma mère et déshonorer mon frère avant de les égorger. Je me remémore encore l’incapacité de ma petite s½ur à répondre, lorsque tu lui as demandé lequel des jumeaux d’un mois elle voulait sauver, alors que tu lui promettais qu’elle aussi s’en sortirait si elle choisissait. J’ai encore ses cris gravés dans ma mémoire lorsque tes hommes ont abusé d’elle, alors qu’elle n’était qu’une enfant pendant que tu m’étais le feu au berceau des deux bébés qui pleuraient car ils mourraient de faim. Et chaque jour, je me vois impuissant, à essayer de tirer mon père immobilisé pour le sauver du feu qui se propageait dans la maison. Il n’y a pas un instant, pas un soupir, durant lequel je ne me maudis pas d’avoir échoué et d’avoir laissé cette peur de petit garçon me forcer à prendre mes jambes à mon cou pour échapper au même sort que les miens. _ Mouais, recrache insensible Segador sa fumée… Une de mes aventures parmi tant d’autres. Loin d’être la plus palpitante ! _ Comment, s’avance le poing serré Tromos ?! » Contre toute attente, de chaque côté du large bureau, tapis dans l’ombre, sortent deux derniers hommes de main. _ « Je te présente les plus habiles tueurs de mon gang. Ils manient aussi bien tous les types d’armes que les styles de combats à mains nues. Je sens que tu vas m’offrir un spectacle beaucoup plus digne que celui de ta mère et ta s½ur dont je ne me souviens pas. » Ces mots suffisent à faire basculer définitivement Tromos dans cette soif de justice subjective que véhicule Vasiliás. Sans même laisser le moindre agent réagir, il les terrasse en les tranchant tous les deux en deux à hauteur du buste. _ « Le Berserker de la Royauté, notre Roi, a raison. Le mal doit être éradiqué à la source. Et je vais m’en charger avec toi. » Malgré sa fin imminente et inévitable, Segador se permet de se moquer de ses anges gardiens qui gisent au sol : « Les pauvres. Ils devaient manquer d’entraînement ! » Cette indifférence ne démotive pas l’Arèsien, au contraire. Il bondit sur Segador et se retient du mieux qu’il peut pour ne pas le tuer d’un seul coup. En le callant bien dans le creux de son siège, il lui assure : « Je vais te réserver les pires tourments que tu as commis. Et je te promets, moi, homme de parole, que tu perdras ton sourire narquois avant de rendre ton dernier souffle. » La cigarette lâchée sous le choc, Segador continue d’afficher sa mine sournoise alors que le mégot lui brûle la cuisse, comme pour annoncer que la tâche sera ardue…
En Grèce, les clients de la brasserie sont incommodés par les éclats de voix du couple contaminé par les Evil Seeds d’Eris. En intérieur, ils s’inquiètent des débris de vaisselles produits par la table retournée dans l’élan de colère de l’amoureux éconduit. Tandis qu’il lève la main en l’air pour réprimander sa bien-aimée, le serveur, amant secret de la cliente, se précipite vers lui. _ « Je crois que j’aurai mieux fait de commander un autre verre, soupire Mars. Tu as fait germer trop tôt ta graine, alors qu’il te reste encore beaucoup de péripéties à me raconter. _ Justement, nous avons tout le chemin du retour pour achever cette histoire. » Pris de panique et de colère, le serveur ramasse sur son passage une bouteille en verre. Il la fracasse sur la tête de l’homme irrité qui s’écroule inconscient au sol. Dès lors, sans qu’elle ne réalise vraiment pourquoi, prise d’un excès d’adrénaline en plein tourment, partagée entre la nostalgie d’un amour passé avec son compagnon qu’elle souhaite quitter et la fureur de l’instant, la cliente ramasse un couteau sur le sol. Elle poignarde en plein c½ur son amant, à qui elle en veut d’avoir frappé son petit ami. La foule en reste stupéfaite. Incapable de la moindre réaction. Interdit, ce dernier lâche le tesson de la bouteille qu’il a brisé sous le choc et s’écroule impuissant. Il tombe à côté du conjoint qui reprend ses esprits. Furieux envers sa compagne de son infidélité, il récupère le tesson et transperce à plusieurs reprises sa gorge. Les spectateurs, cette fois-ci, hurlent et fuient dans toutes directions. Seuls restent à proximité Kyoko et Mars qui se délectent du spectacle. L’homme trompé, devenu assassin, réalise son acharnement mais n’en perd pas son panache. Totalement recouvert du sang de sa bien-aimée, il finit par se lacérer son propre visage par culpabilité. Si profondément que lorsqu’il achève son acte, la douleur est trop atroce pour le supporter. Tandis qu’il convulse, Kyoko détendue devant les trois corps sur la terrasse déserte, récupère dans le seau à glace d’une table voisine une bouteille de champagne et deux coupes. _ « Voici ce qu’est la discorde. Voici un échantillon de tout ce que j’ai semé. _ Dans ce cas, entamons le chemin du retour tandis que tu termines de me raconter comment nous en sommes arrivés à un tel niveau de corruption chez l’homme, l’enjoint-il en piétinant le mourant qui se tortille au sol… »
Flashback Sur tout le Sanctuaire, semblable à un nuage de lucioles, les pétales de l’Utérus pleuvaient. Les villageois s’en émerveillaient, les prenaient dans la main, sans en percevoir le moindre effet. A l’Ouest, Marin esquivait ces Evil Seeds tout en écrasant une à une les Dryades qui éclosaient sur son chemin. _ « Le camp des femmes a été ciblé. Qu’on me barre ainsi la route n’est pas anodin. Et cette frappe à cet endroit précis ne peut qu’être un stratagème pour focaliser notre attention. Il s’agit à coup sûr d’une diversion. Ces fleurs feraient-elles parties du plan ? J’aurai peut-être dû prendre Seiya avec moi ! Même s’il a encore beaucoup à apprendre, son niveau actuel m’aurait permis de me déblayer le passage ! » Tout à coup, comme pour exaucer son besoin de renforts, deux voix familières lui parvinrent. _ « Funerary Torments ! » _ Mavrou Tripa ! » Sergent et vétéran du domaine, Circinus du Compas balaya toutes les Dryades encerclant Marin. Son supérieur, Misty du Lézard déblaya l’horizon devant eux. Le Saint de bronze et son lieutenant se joignirent à la bataille. Misty l’encouragea à plus forte raison qu’en qualité de capitaine de l’armée il était le meneur de sa caste : « Allons Marin ! Il faut faire vite ! Nous allons t’escorter ! » Tous trois reprirent la route à grandes enjambées.
Dans la forêt, Emony pleurait devant les morceaux déchirés de son ours en peluche. _ « Quelle méchante dame Mick ! Je t’ai vengé en lui donnant une bonne leçon. » Dans son dos, Geist était inconsciente, prisonnière du Lunatic Bind. _ « Bien. Je vais rejoindre Bunyip maintenant. Heureusement qu’il me reste mon animal de compagnie pour me consoler. _ Attends, lui répondit la tête arrachée de Mick ! _ Mick, s’étonna-t-elle, ce n’est pas possible ?! Tu ne parles pas ?! _ Je ne suis pas censé cracher du feu non plus, articula-t-il les lèvres. _ Mais si tu fais cela, c’est parce que je t’enchante avec mon cosmos ! Donc là, si tu parles, c’est que… » Elle se tourna d’instinct vers Geist toujours étendue. _ « C’est que quelqu’un est capable de produire des illusions avec le sien, poursuivit Mick. » L’ourson lui balança une déflagration semblable à celle reçue par Rumi. Prise à revers, Emony fut balayée dans un cri de souffrance par son propre piège. _ « Phantom Genwaku Ken, se redressa Geist en invoquant son arcane ! » Retombée tête la première, face contre sol, Emony pleurnicha de colère. Comme une enfant gâtée, elle tapotait des poings en se relevant : « Comment peux-tu ?! Comment peux-tu ?! Comment peux-tu ?! Tu as joué avec Mick alors que je ne t’y ai même pas autorisé ! Tu vas payer ! Tu vas payer ! Tu vas payer ! » Aussitôt sa crise passée, Emony fixa du coin de l’½il Geist avant de foncer sur elle à une vitesse que la mercenaire ne lui soupçonnait pas. Elle lui asséna un coup de tête. Reculant d’un pas, Geist voulu réagir mais sa droite brassa de l’air car Emony retomba au sol en tournoyant sur elle-même. A peine elle eut regagné le sol avec ses pieds, elle cogna à hauteur du genou avec sa jambe Geist, afin de la faire plier légèrement. Puis totalement, grâce à un direct du gauche dans l’estomac qui la fit se pencher en avant. Emony n’eut plus qu’à bondir vers l’avant pour frapper avec le sommet de son crâne le menton de Geist, afin de l’étourdir et déclencher sa seconde technique : « Innocent Glumness ! » Cette fois-ci, les lobélies prirent la forme de papillons par centaines qui rossèrent toutes la surface du corps de Geist. Elle retomba plus loin, incapable de réagir. _ « Tu pensais t’extraire facilement de mon Lunatic Bind n’est-ce pas ?! Certes il n’est pas parvenu à te faire plonger dans un cauchemar éternel, mais il a quand même absorbé peu à peu tes forces ! _ Voilà donc pourquoi il m’est difficile de répondre à ses mouvements alors que je parviens à les lire, grommela Geist en se relevant. _ L’Innocent Glumness est une technique de coups plus directs. Maintenant que tu es affaiblie, ce coup à la vitesse du son me suffit. _ J’ai donc perdue en vitesse et en force de frappe. Mon prochain coup devra donc t’être fatal ! Phantom Genwaku Ken ! » Cette fois-ci un varan énorme se matérialisa entre Geist et Emony. En tournoyant sur lui-même, l’animal asséna un coup de queue qu’Emony esquiva sans mal. Dans son geste, elle recula jusqu’au fronton d’un temple en ruine couvert de mousse. C’est là qu’Emony se retrouva immobilisée malgré elle. Geist matérialisa de nombreux avant-bras similaires à ceux de sa protection pour la clouer contre la pierre. Profitant de la restriction et de l’effet de surprise, Geist apparut à la vitesse du son devant la gamine. Elle planta ses griffes dans ses yeux et ses joues avant de libérer tout son cosmos : « Thunder Claw ! » Dans la gerbe de sang qui jaillit de la prise, s’insinua la foudre libérée par les Griffes de Tonnerre. Parcourue au plus profond de ses entrailles par les éclairs, Emony convulsa pendant que sa peau noircissait sous la combustion… A la sortie d’Honkios, dans le canyon délimitant la ville au reste du domaine, Shaina pouvait compter sur la force colossale de son élève pour assurer ses arrières. L’Italienne taillait en pièce chaque adversaire. Comme de la mauvaise herbe, aussitôt une déracinée, trois autres poussaient. Cassios veillait à ce que celle qu’il aimait en secret ne soit pas prise à revers. Ecrasant leurs crânes entre ses mains, broyant leurs os, les repoussant par de grosses charges, il se démenait comme un diable tout en faisant la fierté du Saint d’argent de l’Ophiuchus. _ « Cassios a énormément progressé ces dernières semaines. Néanmoins, sa maîtrise du cosmos reste limitée. Son endurance faiblit. Il s’épuise et bientôt, il n’arrivera plus à me suivre. La route vers le camp est encore longue. J’ai senti le cosmos de Geist brûler intensément avant de faiblir. Je dois vite la retrouver. Mais je ne peux pas abandonner Cassios ici. Il se fera vite submerger… » C’est alors que la voix roque d’un ami la sortit de ses pensées : « Herakles Mo Shu Ken ! » Deux météores immenses vinrent heurter la base d’une falaise et ensevelir pas moins de la moitié des Dryades qui bloquaient le passage. Tombant à en secouer le sol devant son frère les mains sur les genoux, Docrates se joignit à la bataille : « Allons Cassios ! Un peu plus de cran ! Après tout, tu concoures pour devenir Saint ! Tu ne veux pas finir mercenaire comme ton frère ! » Cassios sourit de joie, comme Shaina sous son masque. _ « Docrates ! Ton aide sera la bienvenue, lâcha-t-elle. _ Et les notre ne seront pas de trop non plus, ajouta une nouvelle silhouette postée en haut d’un rocher. _ Algol ! Lieutenant du Nord ! _ Je ne suis pas seul, hocha la tête vers sa gauche le bien nommé. » En effet, trois autres Saints d’argent venus de l’Est tombaient à pic. _ « Dio ! Sirius ! Algethi ! Le trio argenté ! Lieutenants de l’Est ! Vous êtes là aussi, s’enthousiasma Shaina ! _ Tous les guerriers, Saints, soldats ou apprentis, se réunissent autour du camp pour bloquer la retraite des Dryades et escorter les femmes Saints souhaitant apporter leurs renforts, commença Dio. _ Il est donc normal que nous nous rejoignons tous, poursuivit Sirius. _ Nous allons te dégager le passage jusqu’au camp, entrechoqua ses poings Algethi ! »
Sur l’Utérus, au cinquième étage, Georg avait le visage plaqué sur le sol de glace. La fraîcheur du parterre soulageait ses plaies, tandis que l’eau qui ruisselait des colonnes nettoyait son sang en rejoignant l’évacuation au centre de la plateforme. _ « Parmi les Saints d’argent, je sais que je ne fais pas parti des plus rapides, songea-t-il. Mais lui, il fait clairement parti des Saints d’exception de notre caste. Pourtant, la force de frappe de mon éclair peut clairement le vaincre… S’il n’avait pas ce maudit bouclier ! _ C’est presque trop facile, le sortit Jan de ses songes. C’est à se demander ce qu’a donné l’instruction des Saints depuis ces derniers siècles, se tourna-t-il en direction du quatrième niveau. _ Je ne peux pas abandonner maintenant, se résigna Georg. S’il descend par-là d’où je viens, il prendra Juan en étau avec son adversaire ! » Faisant irradier son cosmos dans son dos, dessinant la constellation de la Croix du Sud, Georg reprit sa garde : « Attends ! » Jan se dissimula aussitôt derrière une colonne de glace pour jouer de son reflet. _ « Alors la leçon ne t’a pas suffi ? _ Le combat n’est pas encore terminé, tira-t-il un éclair en direction de Jan en détruisant trois piliers sur son passage. » Jan dégagea l’éclair d’un revers de bouclier avant d’aller se cacher derrière un autre. _ « Mais qu’est-ce que tu veux faire pauvre fou ? Briser tous les piliers de ce niveau ?! Un tel geste ferait s’effondrer le niveau supérieur qui écraserait tous les étages inférieurs et précipiterait tes amis dans une mort certaine. Est-ce ce que tu veux ? » La clairvoyance de Jan le désarçonna. Jan ne se cachait pas par faiblesse depuis le début. Il n’agissait ainsi que par stratégie. Dans le but d’entraver les actions entreprises par Georg. _ « Il a raison, serra les dents Georg de colère. A moins de faire mouche avec un éclair dans lequel j’aurai mis toutes mes forces, je ne pourrai pas éternellement détruire la structure. Mais si je réduis ma force de frappe pour épargner les colonnes, je ne viendrai jamais à bout de lui, baissa-t-il sa garde. _ Puisque tu veux mourir je vais exaucer ton v½u, le provoqua Jan ! » Une goutte d’eau tomba du plafond de glace sur le sommet du crâne du Saint. Ses yeux s’écarquillèrent alors en grand : « Un éclair ne suffira pas ! Je dois d’abord l’immobiliser pour ensuite déchaîner contre lui toute ma cosmo énergie ! » Une seconde, puis une troisième goutte, suivirent la première. Avant qu’un filet d’eau ne s’en suive. Serrant les poings et grondant pour se donner du courage, Georg poussa son cosmos à son paroxysme : « Oh non je ne souhaite pas mourir ! J’ai une mission bien trop grande à remplir pour accepter de mourir en espérant que les générations futures me libéreront ensuite du Cocyte ! C’est aux Saints de cette génération et à moi-même de faire ce qu’il faut afin de ne pas revenir un jour en Ghost Saint fanfaronner sur nos exploits passés qui n’ont pourtant servi à rien ! Alors aujourd’hui, comme demain, je lutterai jusqu’au bout pour ne pas mourir ! Geistig Blitz ! » Alors qu’il attendait dissimulé derrière un pilier cristallin qu’un nouvel éclair balaye l’horizon jusqu’à lui, Jan constata désarçonné que Georg libéra une simple fulgurance en direction du plafond. Plus précisément, sur le filet d’eau qui lui gouttait dessus. Aussitôt, l’étage tout entier resplendit d’éclairs qui se répandaient du sol au plafond, d’un pilier à l’autre. L’effet miroir de la structure électrisa Jan frappé de toute part. Soulevé du sol, pris par d’innombrables spasmes en raison du courant qui traversait son corps, il ne perdit pas pour autant son air narquois. _ « Tu as beau sourire, ton bouclier ne t’est plus d’aucune utilité ici ! _ Qu’importe ! Pour conduire ton électricité sans briser la structure tu en as réduit la force ! C’est bien trop peu pour me vaincre ! _ Alors je viendrai te briser moi-même ! » Gardant son index droit pointé au plafond, Georg fonça le poing gauche chargé de cosmos sur Jan : « Geistig Blitz ! » Malgré ses contractions, Jan demeura plus rapide que le Saint et se cacha derrière son bouclier pour contrer à nouveau le poing d’éclair. Poing contre bouclier, index au plafond, Georg se servit alors de la conduction de l’électricité dans l’étage pour pousser davantage son cosmos contre Jan, tout en prenant soin de localiser l’impact. Les spasmes devinrent alors plus conséquents. A chaque mouvement de membres, les vaisseaux sanguins de Jan bouillonnaient un peu plus, éclatant l’un après l’autre. La Leaf ne tint pas plus longtemps et, à l’endroit même où son corps se meurtrissait, la protection s’ébréchait. Le Ghost Saint abandonna sa mine provocatrice et s’inquiéta plus sérieusement de la situation. L’Ecu, symbole de sa constellation, irradia dans son dos tandis que les éclairs crépitaient sur sa peau. Plus son cosmos émanait de lui, plus les éclairs étaient repoussés. _ « C’est impossible, vit Georg la victoire s’échapper un peu plus ! » Enfin, il dégagea de son être une bulle de cosmos qui lui servit de bouclier contre lequel ricochèrent sans effets les éclairs. Toujours en lévitation, cette fois-ci grâce à l’effet de son blindage, Jan tournoya de plus belle : « Je t’avais dit qu’au-delà de mon armure, j’avais fait de mon cosmos et de mon être un bouclier ! Bone Crush Screw ! » La Vrille Briseuse d’Os retomba sur Georg qui resta immobile, abandonnant sa conduction d’électricité après avoir raidi son corps, comme s’il contractait tous ses muscles pour tenter d’encaisser l’attaque. Au moment du choc, Jan perfora le sol, passant au travers de Georg dont la silhouette apparaissait pourtant encore. _ « Geistig Blitz ! » Georg usa de faisceaux d’éclairs pour laisser dans la rétine de Jan son image rémanente. Jan comprit trop tard qu’il s’était empêtré dans la silhouette résiduelle faite d’éclairs. C’est quand il constata que le vrai Georg était face à lui, prêt à décocher un nouveau coup, qu’il comprit que la crispation de Georg plus tôt n’était en fait qu’une accumulation de cosmos. Jan était prisonnier de son coup le plus puissamment frappé. Dès lors, son cosmos et ses gestes entravés par la cage de foudre, il lui fut impossible de dresser son bouclier devant lui. Jan voyait son autre point fort, après la défense, sa vitesse, être obstrué. _ « Geistig Blitz ! » Héros du passé, au prix d’un effort considérable, s’en rompant les nerfs, le Ghost Saint de l’Ecu réussit au dernier instant à ériger son écu devant lui pour se protéger. Toutefois, c’est un nouveau Georg fantôme d’éclairs qui vint choquer contre. _ « Comment, déplorait d’incompréhension Jan ?! _ Geistig Blitz, relança cette fois-ci juste sous ses yeux le vrai Georg ! » Là, Georg put pallier à sa lenteur en déclenchant sa plus grosse qualité, sa force de frappe. Le poing chargé de tout son cosmos, il libéra une boule d’éclairs. Son coup traversa net l’écu, arracha le haut du bras puis pénétra le c½ur de Jan. Interloqué, reprenant difficilement son souffle, le Ghost Saint eut le regard brisé. Tenant encore debout grâce au poing logé dans sa poitrine, il balbutia : « Plutôt que frapper par violentes ondes de choc… Tu as concentré ta force en des points précis… Pour m’immobiliser… M’affaiblir… Puis amoindrir la résistance de mon bouclier… Tout ça en transformant ton corps en bouclier d’éclairs… Des éclairs qui ont finis par me transpercer… Le meilleur bouclier… Au service de la meilleure attaque… C’est toi qui les as détenus au cours de ce combat… Ma trahison envers Athéna me réservera des châtiments encore pires que le Cocyte à présent… Ne tombe jamais dans mes travers… Ne regrette rien… Et tiens parole… Que ta génération et toi-même alliez au bout de ces Guerres Saintes… Libérez le monde de ces dieux tortionnaires… » Puis, balayé par une bourrasque qui rafraîchit l’étage, Jan s’émietta comme les feuilles d’une fleur fanée emportée au gré du vent. Au bord de l’épuisement, Georg commença à flancher quand soudain un bras au large écu le soutint. Celui-ci était argenté et familier. _ « Heureusement qu’une fois de plus j’étais là, badina Juan ! _ Te voilà enfin arrivé, il t’en aura fallu du temps, grimaça de douleur Georg ! _ Si peu, commença-t-il à flancher à son tour avant que Georg ne le retienne. _ Je pense qu’en nous soutenant l’un l’autre nous arriverons les premiers au palais d’Eris pointa-t-il du doigt l’escalier de cristal droit devant eux. »
En dessous d’eux, au dehors de la salle de l’Utérus où Aiolia combattait, il ne restait plus rien. Le choc de l’affrontement entre Mayura et Até avait emporté tout l’étage. Il n’y avait guère que les colonnes, désormais toutes effritées, qui soutenaient tant bien que mal les niveaux supérieurs. Les nombreux couloirs, les ornements et autres décorations, tout avait été arraché. Les murs emportés. Le jour passait et traversait l’étage par tout son pourtour. Sur le sol de pierres blanchies, creusé comme le plafond par l’explosion, Mayura, fort diminuée, redressait difficilement son buste. Tenant sa tête au masque fissuré depuis son impact à l’½il, elle chercha instinctivement son ennemie. Celle-ci avait repris forme humaine. Du moins, pour ce qu’il en restait. Até rampait à l’aide de son seul bras gauche. L’autre ainsi que ses jambes furent emportés. Ses cheveux avaient brûlé. Ses dents brisées étaient visibles puisque sa mâchoire était fracturée. Néanmoins, elle paraissait plus prompte à achever son adversaire que ne l’était Mayura. Etourdie, engourdie, la Saint d’argent voyant poindre le danger sans pouvoir s’en dépêtrer. C’est alors que la voix salvatrice de Rigel la rassura : « Ignis Fatuus. » Des flammes bleues et blanches encerclèrent alors Até avant de se replier sur elle. Recroquevillée sur elle-même, la Dryade fixait avec désarroi l’amant de Kyoko qui la toisait avec dédain. Carbonisée peu à peu, Até put voir dans les yeux de Rigel sa ranc½ur envers elle après l’assaut du Sanctuaire. Rigel acheva le tas de cendres en le piétinant. Il aida ensuite Mayura à se remettre sur pieds : « Félicitations Mayura, tu es venue à bout de la chef des Dryades. _ Je n’y serai pas parvenue sans toi, assura-t-elle avec modestie tout en touchant l’armure corrodée de son ami. _ Oui, comprit-il, j’ai moi-même rencontré quelques obstacles avant d’arriver jusqu’ici. » Pour accompagner leurs congratulations, un tapotement de main, mimant lentement un applaudissement, les ramena à eux. Vêtue de sa toge de Saintia, dissimulée sous un masque de démon, Olivia se joignit à eux. Le masque noir et amarante contrastait avec la couleur immaculée de sa robe et ses ornements dorés autour de la taille, du cou et dans les cheveux. C’est cela et ses cheveux violets qui induirent Rigel en erreur : « Kyoko, s’éprit-il en avançant spontanément vers elle ! _ Non, le retint Mayura par le bras ! Elle lui ressemble, son aura lui ressemble, mais si tu te concentres bien, tu verras que ce n’est pas elle. » Le Saint d’Orion stoppa sa progression et s’exécuta. _ « En effet. Leurs cosmos sont familiers à bien des points. Mais ce n’est pas le sien. _ Rejoins Eris et vite. Laisse-moi avec elle. Tu ne l’intéresses pas. Pas encore en tout cas. _ Pas encore ?! _ Elle se serait déjà mise en travers de ta route si ça avait été le cas. » Rigel s’exécuta alors. Il prit la direction empruntée plus tôt par Juan et Georg en prenant soin de ne pas perdre de vue Olivia de crainte de subir une attaque dans le dos. Une fois seules, Olivia ôta son masque pour fixer de ses grands et beaux yeux bleus la femme Saint. _ « Je ne sais vraiment pas comment vous faites les femmes chevaliers pour porter un masque à longueur de temps. _ Tu aurais peut-être pourtant dû en porter un à l’époque vu comme tu t’es détourné du v½u pieux des Saintias. Une vie de Saint plutôt que de Saintia t’aurait mieux convenu. _ Toujours à redresser les torts de tes semblables Mayura, souriait-elle de sa mine angélique. Certaines choses ne changeront jamais. _ Contrairement à d’autres. Malgré que tu ais trahi le serment chaste des Saintias, je ne t’aurai jamais cru capable de te lier un jour à Eris en tant que Fantôme. _ Elle est ma fille. C’est tout naturellement que je me suis jointe à elle. Quand dans les entrailles du Sanctuaire l’Utérus m’annonçait le retour d’Eris qui se réincarnerait en une de mes filles, j’ai toujours pensé que Shoko serait choisie mais… _ Mais au final Kyoko était toute disposée ! Après tout, elle suivait le digne chemin prit par sa mère ! » Pour réponse, Olivia arracha sa tunique. Habillant son corps nu, une Leaf fine et moulante épousait son corps. Cette fois-ci couverte de ténèbres et de sang, Olivia garda son sang-froid. _ « Tout à fait. D’ailleurs je trouve qu’elle a meilleur goût que moi pour les hommes. Ce Rigel est très beau et parait bien plus sincère en amour qu’il ne l’est en chevalerie, contrairement au père de mes enfants. _ Aeson n’a fait que son devoir. C’était la pire punition qu’il put recevoir pour expier sa faute. Le fait qu’il l’accomplisse était tout à son honneur. _ Comme tu as accompli le tien mon amie, restait-elle douce. _ Si j’ai accepté de confier tes filles à un soldat du Sanctuaire, c’était justement par fidélité en notre amitié. Nous avons fait nos classes ensemble. Je ne pouvais pas laisser tes enfants, nées d’un péché à l’encontre d’Athéna, être condamnées à mort. La sentence dans ce cas est irrévocable. Et pourtant, en prenant le risque d’être désavouée et en le demandant au Grand Pope, j’ai obtenu pour elles la vie. _ En les cachant à leur vrai père, les condamnant à une vie de misère, tu n’as surtout pensé qu’à sauver ta peau. _ Pardon ?! _ Tu savais très bien pour l’existence de mes enfants. Tu étais présente lors des missions extérieures auxquelles j’ai pris soin de participer, pour vivre secrètement et loin du Sanctuaire mes deux grossesses. Tu savais qu’à chaque retour je les confiais à Aeson et venais les visiter en secret. Et quand nous fûmes découverts par le Pope, tu as surtout eu peur qu’il comprenne que tu étais dans la confidence et que tu sois condamnée toi aussi. _ Tu sais très bien que si cela avait pu t’épargner, j’aurai donné ma vie à ta place pour que ces enfants vivent auprès de leur mère. _ Balivernes ! Au lieu de ça tu es montée dans la hiérarchie au point d’être reconnue de tous ! De devenir la femme Saint la plus puissante du Sanctuaire ! Allant jusqu’à t’attirer les faveurs d’un des plus dignes Saint d’or ! _ Tu es devenue complètement folle. Du moins… Tu l’as toujours été… Par deux fois, à chaque naissance de tes enfants, je lisais dans le ciel qu’elles étaient nées sous la même étoile de mauvais augure. Je pensais que c’était ton parjure qui les avait condamnées. Mais en réalité, c’était l’essence même de ta personnalité qui a empoisonné leur destin. _ Comme nos bons vieux coups de gueule m’avaient manqué. Je sens que notre réunion de famille va être palpitante. _ Notre réunion de famille ?! _ Qui crois-tu que Rigel va trouver sur son chemin ? Son maître Aeson ? Ma fille ? Les deux peut-être ? Il ne manque que toi et moi à la fête ! _ Tout… Tout ceci… Tout ce qui se passe ici… Tout ça n’est donc qu’une mascarade ? _ Je peux te le dire puisque tu n’y survivras pas. C’était l’occasion pour ma fille de régler ses comptes avant que nous ne disparaissions un moment. Il ne manque hélas que Shoko. Mais nous aurons plaisir à la rallier à nous lorsque le vrai moment sera venu pour Eris d’être sur le devant de la scène, en pleine disposition de ses moyens. _ Rallier Shoko ?! _ Comme moi, écarta-t-elle les bras d’un air chaleureux. Comme Aeson le fera, pétri de remords qu’il est. Comme Rigel le fera, amoureux éperdu qu’il est. Bientôt les Dryades ne seront plus que des sous-fifres dirigés par les Fantômes d’Eris, notre famille enfin réunie. _ Tu es complètement folle, je dois t’arrêter coûte que coûte, dit Mayura en se mettant garde. » Tout en paraissant délicate, Olivia concentra sa cosmo énergie. Elle dessina dans son dos une chouette d’un blanc immaculé. _ « Symbole d’Athéna, je ne garde de la chouette que ses chuintements, ses cris stridents, son vol fantomatique et ses cavalcades, afin d’accréditer une présence spectrale. La chouette effraie, appelée communément la dame blanche, va te dévorer ! » La chouette cosmique déploya ses ailes pour faire face au plumage radieux du Paon. Le plumage d’Olivia devenait de plus en plus grand. Menaçant. A mesure qu’il s’étirait, il s’étiolait. Bientôt chaque aile devint un voile, un effluve spectral. _ « Je vais supprimer le poison qui se niche dans ton c½ur : Hisen Hajakuchobuku, s’élança Mayura en première ! » Les yeux noirs de la chouette transpercèrent en plein élan Mayura, perçant chaque épaule pour mieux stopper sa course et l’immobiliser. La tête de la chouette prit forme humaine. Un visage féminin angoissant, laiteux, à la bouche grande ouverte vint engloutir la Saint d’argent à la tentative annihilée. _ « Yokai O Musabori Kuu ! »
Dans la salle du c½ur de l’Utérus, le sang s’étirait du visage d’Aiolia jusqu’au sol sous la forme de filaments. A genoux, commotionné, écorché et estropié, Aiolia distinguait mal ses adversaires de ses yeux gonflés d’hématomes. Hysminai posait sa main sur le torse de Galan pour le féliciter. Le corps du Fantôme profitait des clignotements rubiconds du c½ur de l’Utérus pour résorber ses blessures. Des écorces de bois cicatrisaient ses plaies. _ « Son King’s Roar est de plus en plus fort et de plus en plus développé à chaque utilisation. Eris a gorgé sa vie de plus de puissance, constatait Aiolia. Et l’Utérus le dope continuellement, allant jusqu’à le transformer en monstre. J’ai tellement été abasourdi par la nouvelle de sa mort, que je me suis refusé de le condamner à nouveau. J’aurai tellement aimé l’épargner… Le sauver… Mais là… Il n’a plus rien d’humain… Ce monstre risque de me surpasser. Et avec cette Dryade de haut niveau, je risque d’échouer. » Peinant à se mettre debout, Aiolia redressa d’abord son buste en se forçant à rester à genoux. Galan, pris au piège de l’Evil Seed planté en lui de force, resta admiratif. L’image du jeune Aiolia qui se teintait les cheveux de cuivre il y a presque dix ans, mais qui faisait déjà preuve d’une grande détermination, lui revint en mémoire. Pour taire la douleur, Aiolia fit brûler son cosmos à son paroxysme. Galan ne put refreiner de son ½il humain une larme de compassion. Son geste de courage agrandit les plaies du chevalier. Son cosmos scintillant fuyait son corps en se mêlant à son sang. Prenant du plaisir en admirant la douleur d’Aiolia, Hysminai commenta : « Son corps meurtri ne peut contenir un tel flot d’énergie. Ses hémorragies font s’aggraver. Son sang va s’échapper. Il va se vider de son cosmos. Du coup, il ne pourra concentrer en lui aucune force. Il est à ma merci. » Ne réalisant pas que le cosmos d’or s’extirpait des particules de sang et remontait dans les airs, Hysminai fonça sur Aiolia. Temporairement émancipé de l’Utérus, Galan identifia l’attitude d’Aiolia : « Photon Invoke. » _ « Cette technique est à double tranchant… J’ai besoin d’encore un petit peu de temps… Je ne vois pas d’autre moyen de détruire l’Utérus. Mais il va falloir que je me débarrasse d’Hysminai avant qu’elle ne se rende compte de la supercherie. » Lorsqu’elle arrive à sa portée, il déclencha un Lightning Plasma dont elle ne soupçonna ni la force ni la vitesse. Elle s’écrasa plus loin au sol après avoir été repoussée dans les airs. _ « Ah ! Il te restait encore tant de forces, se rétablit-elle avant de sourire, mais c’est désormais trop peu pour me résister. » Aussitôt, des entailles nouvelles et profondes déchirèrent la peau d’Aiolia qui n’avait rien vu de la contre-attaque : « Elle se relève comme si de rien n’était, s’inquiéta-t-il. Normalement cette attaque aurait dû la diminuer davantage… _ Tu te demandes comme se fait-il que je contre tes attaques et les encaisse si bien, lut-elle presque dans ses pensées ? Regarde tes cuisses, sur lesquelles tu prends puissamment tes appuis lorsque tu attaques. Regarde tes bras, desquels tu fais jaillir ta force. Depuis le début du combat, ces points sont lacérés de plus en plus profondément. Laissant mon cosmos s’insinuer en toi. Il t’empoisonne. Et tandis que ta vie se dérobe, je peux maintenant voir la vitesse de ta technique décélérer et comprendre quels coups encore mortels je dois esquiver et ceux que je peux encore encaisser. Tout en ayant le temps de placer ma technique. Serrated Blade, repartit-elle à nouveau à l’assaut ! _ J’encaisserai tes lames jusqu’au bout ! Tant que je n’aurai pas eu raison de toi ! Lightning Plasma, lui barra-t-il la route de son bras droit ! » Hysminai se fraya un chemin entre les jets de lumière. Ses boomerangs coupants pénétraient sa peau et entamaient chaque fois un peu plus profondément sa Cloth. Quelques heurts ralentirent malgré tout la progression d’Hysminai et, lorsqu’elle arriva à hauteur du Lion pour lui trancher la tête, il lui barra la route en dressant son bras gauche chargée d’une boule de cosmos crépitant d’éclairs. Au contact de la Dryade, ce Lightning Bolt doubla de volume pour avaler sa poitrine puis doubla à nouveau pour engloutir son corps tout entier et la repousser jusqu’au précipice, la Leaf arrachée. Tête baissée, visage ombragé, Aiolia semblait avoir perdu connaissance après un tel exploit. Dans la salle, les particules de cosmos libérées par ses effusions de sang gagnaient encore en puissance et en éclat. Elles demeuraient en suspension dans l’air comme une nuée d’insectes. Bras encore tendu, instinctivement combatif, Aiolia fut ramené à lui par une douleur lui déchirant les entrailles. Son premier réflexe fut de chercher Hysminai. Cependant, celle-ci demeurait étourdie là où il l’avait vu retomber quelques secondes plus tôt sous le coup du Lightning Bolt lancé par surprise. En baissant son visage ruisselant de sang, il identifia la douleur en reconnaissant quelque chose de semblable à une branche qui lui a perforé les côtes droites du dos vers le ventre. Légèrement suspendu dans les airs par le bras difforme et allongé de Galan, il pivota son buste en derrière. _ « Non… Ce n’est pas vrai… Il y en a marre… » Encore une fois, le Fantôme avait un élan belliqueux, l’Utérus l’avait réinvesti. Malgré tout, Galan continuait de reconnaître la technique à venir d’Aiolia : « Cosmo Open. » A cet instant, Aiolia comprit : « Il s’est souvenu des étapes de ma technique. Et l’Utérus en infiltrant sa mémoire anticipe. » De nouveau, le Fantôme développa une dysmorphie encore plus grossière, témoignant de la surenchère de puissance qui rongeait Galan. Pour la première fois, il ne put contenir un hurlement. Véritable rugissement de folie et de souffrance. Son membre végétal grossissait de l’épaule au bout de ses doigts, agrandissant ainsi l’orifice qui maintenait Aiolia suspendu. Tandis qu’il déplorait son impuissance, épargné encore de l’écartèlement grâce à sa Cloth d’or qui s’évertuait dans de très aigus crissements à ne pas se briser davantage malgré la trouée faite dans son buste, Aiolia eut le souffle coupé en voyant Hysminai déjà reparti à l’assaut. Le plastron détruit, le casque brisé, les crans aux bras et aux coudes arrachés, la Dryade brandissait au-dessus de sa tête un morceau de lame de sa Leaf qu’elle ramassa dans la mare de sang où elle gisait plus tôt. A sa merci, Aiolia compta sur des abdominaux quotidiennement travaillés pour se gainer à la dernière seconde et opposer d’un mouvement acrobatique le poing de Galan sortant de sa poitrine plutôt que le sommet de son crâne. Le geste désespéré de la Dryade amputa Galan et permit à Aiolia de s’en extirper dans une vague de sang. Ne pouvant contenir l’hémorragie que maintenait la pression du bras de Galan dans sa plaie, Aiolia fut emporté avec Hysminai par la vague de sève qui fuyait également l’amputation de Galan. Le vert blanchâtre de sa sève roula les deux opposants plus loin, laissant au sol une traînée de liquide visqueux. Très vite, la plaie de Galan cicatrisa pour laisser apparaître par-dessus son moignon de nouvelles pousses déjà prêtes à éclore. En même temps, à terre, la sève s’évaporait sous l’effet de la chaleur du sang doré d’Aiolia. Celui-ci rejoignait en de nouvelles particules toutes les autres déjà en suspens dans l’atmosphère. Au bord du précipice, ruisselant d’hémoglobine, Aiolia commença à se tenir à nouveau sur ses jambes. Quand tout à coup, Hysminai, dépassée par la situation, les lui balaya pour entamer un corps à corps. Meurtrie par ses blessures, elle était devenue trop lente pour mettre en danger le Lion. Ses coups de poings faisaient mouche mais ne parvenait en rien à faire incliner Aiolia. Chacun leur tour, l’un frappait l’autre. Tour après tour, la jeune femme se remettait de plus en plus difficilement de chaque coup encaissé et frappait de moins en moins fort les siens. Condamnée, elle fut sauvée par un dernier rugissement de Galan. Ce qui restait de sa Leaf avait volé sous la pression de son corps aux proportions absurdes. Putréfiée comme un fruit trop mûr, son épiderme craquelait pour laisser couler sur son corps un fluide oscillant entre le vert Véronèse et le marron. Il se jeta sur Aiolia alors qu’Hysminai était à sa merci. _ « Bordel ! Ce n’est pas vrai ! Ça ne va pas recommencer ! _ Oui ! Vas-y Fantôme d’Eris ! Accompli la volonté de l’Utérus et offre-toi une vraie vie bien plus héroïque que ta minable existence humaine ! » Aiolia ferma les yeux un instant, désespérément. Reprenant son souffle. Puis expirant plus posément. Abandonnant toute défense, tenant de sa main gauche son poignet droit qu’il leva en l’air, Aiolia tempéra les propos d’Hysminai : « Galan. Tu as vécu ta vie. Peut-être pas une vie aussi grande ni aussi belle que celle que tu aurais aimé. Mais cette nouvelle existence menace celle d’autres vies prometteuses et innocentes. Comme celle de Lithos… _ Toutes ces particules, remarqua enfin Hysminai les scintillements dans l’air… On se croirait dans l’espace… Au milieu des étoiles, commença-t-elle à tendre la main vers l’une d’elle… » La lumière se posa dans sa main puis pénétra à l’intérieur. Puis d’autres lui tombèrent dessus, sans la moindre douleur. Elles disparaissaient en son sein. En faisant le tour d’elle-même, le phénomène se produisait de même sorte sur Galan et l’Utérus. _ « … Elles traversent la matière, à la manière, écarquilla-t-elle en grand les yeux lorsqu’elle comprit trop tard, de véritables photons ! » Bras au ciel, Aiolia provoquait le déplacement des photons vers ses adversaires. Les bras grands ouverts pour mieux le capturer dans son étreinte, le front suintant de décomposition, Galan bava : « Photon Drive ! » Hysminai aussi commença à se jeter sur le Saint d’or. La menace était si sérieuse que la scène lui parût interminable. Comme bloquée, au ralenti, avec Galan, coupée de cette dimension, élancée dans les airs, elle était suspendue aux lèvres d’Aiolia qui poursuivait sa déclaration à Galan : « … Pour cela, je ne peux te laisser continuer. Mais avant de mettre un terme à cette torture qu’Eris t’inflige, je veux que tu saches que pour moi, ta vie fut grande. Tu fus un grand homme. Par ton sens du devoir, du sacrifice, pour ceux que tu aimes. Pour ta patience et ta foi envers un Sanctuaire qui ne t’a rien épargné. Tu as éduqué et canalisé le lionceau que j’étais. Tu m’as fait devenir lion après que le chaton a marché dans tes pas de grand fauve. Tu n’es pas un lion noir au service d’Eris. Tu es un lion majestueux à la crinière flamboyante. Et c’est des crocs du jeune animal, que tu as épaulé que tu vas pouvoir reposer en paix à jamais ! _ De quelle paix lui parles-tu, vociféra Hysminai toute proche ? Il sera condamné aux Enfers et torturé pour l’éternité si tu l’élimines aujourd’hui ! _ Dans ce cas Galan, ferma-t-il les yeux alors que ses deux adversaires étaient arrivés à un cheveu de lui, je te fais la promesse que nous détruirons le royaume d’Hadès et te libérerons du joug de sa servitude, rouvrit-il les yeux pour le fixer avec détermination ! Que ce soit moi ! Ou un autre Saint de cette génération ! Je l’épaulerai ! Je lui donnerai ma vie pour qu’il y parvienne ! Mais je te le promets ! Et tu sais à quel point je suis un homme de parole Galan ! » Là, dans ses yeux devenus globuleux, Galan reprit dans son ½il bleu une expression chaleureuse. A cet instant, par millions, des trouées de lumière jaillirent de l’Utérus. Des pieds au sommet, d’un côté à l’autre, tel un soleil perçant un fin rideau de soie, les photons explosèrent. _ « Photon Burst, conclut le Saint d’or ! » Comme des lasers qui lui traversèrent les yeux, Hysminai fixa vainement Aiolia avant d’être anéantie de part en part. L’image de son invincible rival restant la dernière chose qu’elle emporta avec elle dans la mort. Irradiant d’un bout à l’autre, Galan acheva sa charge en étreignant Aiolia. Engourdi, incapable de se défendre, le chevalier ne sentit pas ses os se rompre. En effet, Galan ne cherchait plus à le briser. Il l’enlaçait affectueusement. Le poison quittait ses veines à mesure que les radiations jaillissaient de ses entrailles. Il lui murmura à l’oreille d’une voix aussi bienveillante que dans ses souvenirs : « Merci Aiolia. Pour aujourd’hui. Pour hier. Pour demain… » L'accolade devint moins insistante. Aiolia recula son buste et retrouva le Galan qu’il a affranchi. Amputé, borgne… et souriant. Au même moment, depuis les catacombes, une lumière solaire remontait et corrodait l’arbre. Etage après étage, la végétation s’assécha et abandonna le maintien de la structure qui tombait morceau après morceau. A commencer par le sous-sol où Milo vainquit plus tôt Phonos… Face à eux, le n½ud de l’arbre ne clignotait plus comme pour simuler les battements d’un c½ur. Tel un rubis qui avait perdu de son éclat, il se fissurait. De ses craquelures, des rayons solaires baignèrent de lumière les deux amis. Aiolia réalisa que pour Galan, c’était le moment de se dire enfin adieu. _ « … Je suis fier de toi. Et je sais que tu tiendras ta promesse. Pas seulement pour moi. Mais pour tous ceux que tu as fait le v½u de protéger en devenant Saint. » Alors, ne laissant Aiolia lui dire à quel point il l’aimait, il ferma pour la toute dernière fois sa paupière et se laissa tomber en arrière, répandant dans la salle les éclats de lumière qui consumèrent son corps. Il disparut dans l’éclat qui remonta étage par étage et explosa chaque niveau au fil de son ascension. Sans voix, Aiolia n’eut pas la force de regarder dans le vide. Il cligna des yeux pour chasser ses larmes et leva la tête vers les étages supérieurs. Sa mission était accomplie. Il devait se hâter de rejoindre ses compagnons pour achever Eris ou s’assurer qu’elle soit emportée dans l’explosion de son palais…
Plus loin, Shaka, suivi de Naïra, poursuivait l’ascension de la ziggourat par le flanc gauche. Ils arrivèrent tous les deux au sommet de cette pyramide à étages. _ « Magnifique Seigneur Shaka ! Nous sommes parvenus les premiers ici grâce à vous, le congratulait-elle. » Shaka ne faisait pas montre du même optimisme. Marchant calmement, il fit le tour de la plateforme en baissant puis levant continuellement la tête malgré ses yeux clos. Une fois arrivé devant les deux obélisques qui marquaient la montée des marches vers le trône d’Eris, Shaka pointa enfin du doigt l’obélisque abîmé dans lequel fut encastré plus tôt Aeson : « Non… Nous ne sommes pas arrivés les premiers. » La Saint de la Colombe constata alors tout autour du pilier et sur les marches des traces de lutte, de sang, ainsi que des morceaux de Cloth. _ « En effet. A en juger les fractions d’armure ici présentes, au moins Aeson de la Coupe est parvenu jusqu’ici. _ Ce qui est surprenant, c’est qu’il n’est plus là. Il n’y a d’ailleurs plus personne à cet étage, pointa Shaka le trône d’Eris vide. _ Vous voulez dire que… _ Oui. Après avoir accueilli ici Aeson, Eris est ensuite descendue dans l’Utérus à la rencontre d’autres Saints. _ Mais pourquoi ? Ça n’a aucun sens ! _ Peut-être plus qu’on ne le croit. Avant d’être Eris, Kyoko était une habitante du Sanctuaire. Je suis convaincu qu’elle connaît certains d’entre nous ici présents. _ Mais alors… Aeson… _ Oui. Le fait qu’un Saint d’argent soit parvenu jusqu’ici sans même le Saint d’or qu’il accompagnait, et pas des moindres en la personne de Milo du Scorpion, a dû être possible du fait de la volonté d’Eris. Et d’ailleurs, où est-il à présent ? S’il a été défait, où est son corps ? _ Je n’aime pas ça. _ Moi non plus. Descendons. Il nous faut retrouver Eris au plus vite et achever cette mission avant que la situation ne nous échappe totalement. »
Un peu plus bas, Rigel repoussait un nouvel adversaire. Grand et indéniablement athlétique, cet homme Dryade croula sous une déferlante de flammes : « Cosmic Inferno ! » Il accourut jusqu’à la Dryade agonisante qu’il saisit par le col : « Kyoko ! Eris ! Est-elle encore loin ?! » Suffocant à son hémorragie interne, l’ennemi mourut pris d’un fou rire angoissant. _ « Ils ne diront rien. Même sous la torture les Dryades sont fidèles à leur déesse, le résigna une voix connue. » Lorsqu’il redressa son buste, Rigel reconnut son maître, désormais son pair. _ « Aeson ! Alors votre groupe avec Milo et Apodis est parvenu à progresser depuis votre position initiale ! » Le Saint au bandeau rouge demeurait immobile. Silencieux. _ « Allons, pressons-nous ! La direction des étages supérieurs est par… » Rigel ne put finir sa phrase lorsqu’il remarqua la teinte différente de l’armure de son maître. _ « Aeson ! Votre Cloth ! » D’ordinaire argentée, elle brillait cette fois-ci de ténèbres et de sang. _ « Il n’est pas la peine de poursuivre ta route. _ Que dites-vous ? Et que portez-vous sur le dos ? » Pour seule réponse, Aeson, le regard vague, s’agenouilla en sentant dans son dos l’approche d’une silhouette dans l’ombre. _ « Mon père a dit qu’il n’est pas la peine que tu montes davantage, lui répondit une voix de femme. Quant à ceci, c’est une Leaf, caressa Eris de sa main l’épaulette d’Aeson. _ Kyo… Kyoko ?! Aeson… Ton père ?! _ Laisse-moi donc tout t’expliquer avant que n’arrivent mes derniers invités… » Flashback
Assis au bord d’une falaise, Kyoko tend sa coupe à Mars qui la lui remplit. Ne restant qu’un fond, il la finit à la bouteille puis la balance suivit de sa coupe vide vers l’horizon que fixe Kyoko. _ « Tu bois beaucoup ma s½ur ! Ça ne fait qu’interrompre ton histoire ! _ Et toi tu bois mal mon frère ! Ça te rend grossier ! »
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« le: 3 Janvier 2022 à 10h28 »
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Cette version du chapitre 23 est une version rééditée de la publication originale du 2 octobre 2011. Bonne relecture aux lecteurs les plus fidèles, et bonne découverte pour les nouveaux.
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