Puisque le sujet a l'air de te brancher, avais-tu lu cet article ? Il y a un paragraphe intéressant sur la recherche d'une altérité. Qu'en penses-tu, toi qui connais bien ce genre ?
Je viens de le lire. Au delà d'un certain nombre de clichés sur la société japonaise et de raccourcis faciles, il y a quelques éléments pas trop faux, dira-t-on. Mais avant toute chose, je voudrais juste préciser que la culture et la société japonaises nous sont tellement éloignés, "étrangères", que je doute qu'établir une comparaison entre notre vision occidentale du sujet, et la vision japonaise puisse être réalisé. Donc, je vais donner mon point de vue d'occidentale
A mon sens, il ne faut pas trop se prendre la tête et construire des hypothèses psycho de comptoir longues comme un jour sans clope. Voir deux mecs s'empapaouter pour des filles, c'est grosso merdo l'équivalent de voir deux nanas faire du jardinage mutuel pour des garçons. Oui, c'est un fantasme, et oui, cela reste du domaine du fantasme pour l'immense majorité des uns et des autres.
Mais qui dit majorité, dit aussi minorité et, pour avoir échangé avec pas mal de yaoistes sur pas mal de sujets, je confirme qu'il y en existe certaines qui se projettent dans le corps masculin de leur héros qu'elle font interagir avec d'autres personnages, tous aussi canons les uns que les autres. Au final, ce sont elles qui se retrouvent au coeur de "l'action" si je puis dire ^^, même si c'est de façon indirecte et fantasmée. J'aurais tendance à comparer ça à du
Marysuisme poussé à l'extrême, voire du
self-insert. Donc, oui, ce phénomène de transfert existe bel et bien.
Et donc, par extension, le fait qu'il n'y ait pas de personnage féminin dans le yaoi (ou de façon anecdotique, soit pour servir de prétexte, soit pour aider les héros à conclure^^), est une bonne chose car pour le coup, il n' y pas de "rivale" pour la yaoiste qui se projette dans un corps masculin.
Après, la transposition dans le yaoi d'un certain type de société, plus ou moins machiste, etc... Comme je l'ai dit, je n'en sais pas assez sur la société japonaise pour y voir quoi que ce soit de pertinent. Quant à nos sociétés occidentales, non, vraiment, ça me fait plutôt rigoler. J'aurais tendance à voir le yaoi de base (le seme fort et viril, le uke, petite chose fragile et rougissante) comme un miroir des relations hétéro les plus basiques et c'est d'ailleurs pour cette raison qu'il n'y pas véritablement de public gay pour ce yaoi là, tant le schéma présenté est improbable et caricatural pour ce qui les concerne. Et d'ailleurs, si ce sont des filles qui en sont les auteurs, ce n'est pas pour rien, car au final, ce qui en ressort, ce sont leurs repères hétérosexuels.
A titre personnel, ce genre de yaoi là a tendance à me faire fuir (vous en avez lu un, vous les avez tous lus!), et je le trouve ridicule, d'autant qu'en plus, on se trouve souvent gratifié de kawaisme débile, doublé de passages humoristiques crétins.
Après, ça dépend des gens, mais il y a une évolution naturelle qui se fait chez pas mal d'adeptes du yaoi, qui finissent par devenir d'anciennes adeptes, pour s'orienter vers la littérature gay (plus proche de la réalité, plus crue aussi) et/ou pour écrire des récits plus réalistes et dépourvus (dans la mesure du possible!) des codes yaoi. Des histoires avec des mecs qui sont et restent des mecs, et pas des petites choses qui "gnagnatent".
Chez les japonais, il y a le
bara, qui est un genre de manga gay, destiné aux hommes cette fois. C'est violent, cru, pornographique à l'extrême, et d'ailleurs, cela prend tellement le contrepied du yaoi, que cela en est caricatural, mais dans l'autre sens.
Bref, les z'amours entre messieurs, c'est rigolo, et nous les filles, on aime beaucoup ça. Le yaoi, ça ne vole pas forcément très haut (sauf quelques rares titres), mais ça se laisse lire/regarder, et c'est sans prise de tête. Et ça doit le rester!^^