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Cinétélébouquins / Aventures livresques, le retour
« on: 28 March 2008 à 9h47 »
... Et pour faire mentir Nao aussi par la même occasion. Certes, avec du retard, mais tout de même. C'est juste que si quelqu'un pouvait me fournir - gratuitement cela va sans dire - la recette pour dédoubler les heures histoire de disposer de tout le temps nécessaire pour réaliser correctement ce que j'ai envie de faire, il ou elle aurait droit à ma reconnaissance et ma gratitude éternelles.
Bref! Dans la série "mes lectures qui n'intéressent que moi mais je suis sympa, je partage", un retour sur "Gaia" de Partick Monget en version pavé.
Traduction: peu d'entre vous arriveront jusqu'au bout, je m'en fiche... j'ai l'habitude.
Vous avez du temps à perdre? Et bien mettez le à profit pour autre chose. Sincèrement. Une telle déception "littéraire" en dépit d'un quatrième de couverture alléchant a de quoi vous transformer en paranoïaque des librairies.
Roman d'anticipation écologique, le récit de Yannick Monget se déroule à notre époque et traite d'un dérèglement généralisé du fonctionnement de notre planète, un dérèglement qui a pour particularité de se produire et de s'auto-alimenter sur un laps de temps extrêmement court, à savoir quelques semaines. La fréquence des éruptions solaires s'accélère, les technologies de communication deviennent inutilisables et la Terre se transforme en une forêt amazonienne géante. Le tout, bien entendu, agrémenté de la disparition mystérieuse de la quasi-totalité de l'humanité à l'exception de quelques êtres humains dont le lecteur est appelé à suivre les pérégrinations dans un monde devenu plus qu'hostile.
Ceci posé, et à l'issue de la conclusion, la question qui vient à l'esprit est la suivante: quel était l'objectif de l'auteur en rédigeant cette histoire? Ecrire un roman d'anticipation pur jus? Se targuer d'un pamphlet écologiste? Les deux? Quoi qu'il en soit, ce qui a priori est censé se réclamer d'un pavé visionnaire dans la mare de l'aveuglement général fait... ploc. Et sans la moindre éclaboussure aux alentours.
Quelle belle et noble intention que cette volonté de vouloir transmettre un message... Non, vraiment, ça part d'un bon sentiment. Et sans doute d'une profonde conscience écologique. Mais on ne s'arroge pas une telle quête en prenant les lecteurs pour des imbéciles (et encore, je suis polie). A deux reprises qui plus est.
Tout d'abord, la caricature outrancière que l'auteur a choisie comme support à son discours dessert complètement l'objectif visé. En est-il conscient ou pas, ça c'est une autre histoire, il n'en reste pas moins que dès les premières pages, on reste estomaqué par l'amoncellement des clichés égrenés. Le lecteur en vient même à se demander si quelques chose de plus profond ne se cacherait pas derrière de telles énormités, d'ailleurs ce doit être la raison pour laquelle il poursuit sa lecture. Il est tout bonnement impossible qu'on puisse être à ce point trompé... et pourtant. La fin du livre tente bien de rééquilibrer le tout mais non seulement la théorie est vaseuse en plus d'être alambiquée et totalement invraisemblable, mais aussi et surtout, il est bien trop tard.
Pour faire simple: d'un côté, on a le vilain industriel méchant-pas-beau, père indigne, requin de la finance et plein aux as, de l'autre, la gentille et mignonnette biologiste très impliquée dans son travail, pleine à ras bord de beaux sentiments dégoulinants sur les jolis animaux sauvages et s'exprimant dans de grandes envolées lyrico-scientifiques martelant ses vérités péremptoires et paradoxalement vides de sens à grands coups de points d'exclamation. Pas besoin de beaucoup se forcer pour l'imaginer en train de trépigner comme une gamine de douze ans qui pique son caprice dans sa cour de récréation (en l'occurrence, la jungle).
Crédibilité? Proche du zéro absolu. Et c'est bien là que le bât blesse. On n'y croit pas une seule seconde. Pas à un seul instant on ne se sent concerné par ce qui arrive aux personnages. Pire encore: on ne s'y attache même pas, tant ils sont creux et prévisibles. De là, il apparaît bien difficile de faire adhérer le lecteur à un message - aussi important soit-il - quand le support lui-même est à ce point bancal.
Ensuite, au delà du point final du roman, on a droit à... la note de l'auteur. Et la déception - déjà bien ancrée - se mue en colère. Parce que non content de nous avoir asséné son discours lénifiant pendant 363 pages, Yannick Monget estime nécessaire en sus de nous prendre par la main pour nous détailler la symbolique de son histoire. C'est vrai quoi. On ne sait jamais. Les lecteurs d'aujourd'hui sont très certainement dotés d'un cerveau si atrophié qu'il faille prévoir une assistance 24 heures sur 24 pour leur expliquer ce qu'ils viennent de lire. En bref, une blague de mauvais goût qui clôt un roman sans grande saveur.
Vous me direz qu'on peut faire dans la caricature et produire une oeuvre tout à fait honorable. C'est vrai. Mais pour parvenir à un tel résultat, il convient de s'appuyer sur un style maîtrisé et une certaine richesse du langage. Là encore... Raté. Stylistiquement très pauvre, la prose est ennuyeuse pour ne pas dire rasoir. Les scènes d'action sont en ce sens très représentatives de cette pauvreté: le cheminement en est heurté, il ne s'agit que d'une simple description de faits sans mention des personnages impliqués et notamment de leurs réactions, le rythme est inexistant, et pour la fluidité, on repassera. De la même manière - et j'en reviens à l'impossibilité de s'attacher aux personnages - les rares tentatives de l'auteur en terme d'introspection psychologique tombent à plat. Idem pour la représentation des états d'âme des protagonistes. D'un vide inter-sidéral.
Et enfin, parce que je ne peux décemment pas passer à côté, l'auteur devrait apprendre à se servir d'un dictionnaire des synonymes. Ce n'est pas tant qu'il ne s'en sert pas... mais plutôt qu'il s'en sert trop. Quand je vois trois fois le verbe "tarauder" dans les 43 premières pages (format roman, voyez ce que ça peut faire sur un écran d'ordinateur... une petite vingtaine?), je me gondole de rire. Dans le même genre, on a droit, notamment dans les dialogues, à l'emploi de termes en total décalage avec notre époque, le plus souvent bien trop soutenus et qui rendent le discours totalement artificiel.
Bref, vous l'aurez sûrement compris, j'ai détesté ce livre. Je me suis profondément ennuyée et l'impression de perdre mon temps ne m'a pas lâchée une seconde. Quant au discours écolo en lui-même... Oui, cela partait d'une bonne intention mais ce n'est pas de cette manière que le message passera. Trop grossier. Trop téléphoné. Trop martelé jusqu'au point de le vider totalement de son sens. Réfléchir à la place des gens a de tout temps montré ses limites. Par contre, offrir les éléments, objectivement, sans jugement hâtif, sans leçon moralisatrice, et laisser tout un chacun se forger sa propre opinion et sa propre philosophie sur le sujet est autrement plus constructif.
Un "Ravage" de Barjavel, ça vous dit?
Bref! Dans la série "mes lectures qui n'intéressent que moi mais je suis sympa, je partage", un retour sur "Gaia" de Partick Monget en version pavé.
Traduction: peu d'entre vous arriveront jusqu'au bout, je m'en fiche... j'ai l'habitude.
Vous avez du temps à perdre? Et bien mettez le à profit pour autre chose. Sincèrement. Une telle déception "littéraire" en dépit d'un quatrième de couverture alléchant a de quoi vous transformer en paranoïaque des librairies.
Roman d'anticipation écologique, le récit de Yannick Monget se déroule à notre époque et traite d'un dérèglement généralisé du fonctionnement de notre planète, un dérèglement qui a pour particularité de se produire et de s'auto-alimenter sur un laps de temps extrêmement court, à savoir quelques semaines. La fréquence des éruptions solaires s'accélère, les technologies de communication deviennent inutilisables et la Terre se transforme en une forêt amazonienne géante. Le tout, bien entendu, agrémenté de la disparition mystérieuse de la quasi-totalité de l'humanité à l'exception de quelques êtres humains dont le lecteur est appelé à suivre les pérégrinations dans un monde devenu plus qu'hostile.
Ceci posé, et à l'issue de la conclusion, la question qui vient à l'esprit est la suivante: quel était l'objectif de l'auteur en rédigeant cette histoire? Ecrire un roman d'anticipation pur jus? Se targuer d'un pamphlet écologiste? Les deux? Quoi qu'il en soit, ce qui a priori est censé se réclamer d'un pavé visionnaire dans la mare de l'aveuglement général fait... ploc. Et sans la moindre éclaboussure aux alentours.
Quelle belle et noble intention que cette volonté de vouloir transmettre un message... Non, vraiment, ça part d'un bon sentiment. Et sans doute d'une profonde conscience écologique. Mais on ne s'arroge pas une telle quête en prenant les lecteurs pour des imbéciles (et encore, je suis polie). A deux reprises qui plus est.
Tout d'abord, la caricature outrancière que l'auteur a choisie comme support à son discours dessert complètement l'objectif visé. En est-il conscient ou pas, ça c'est une autre histoire, il n'en reste pas moins que dès les premières pages, on reste estomaqué par l'amoncellement des clichés égrenés. Le lecteur en vient même à se demander si quelques chose de plus profond ne se cacherait pas derrière de telles énormités, d'ailleurs ce doit être la raison pour laquelle il poursuit sa lecture. Il est tout bonnement impossible qu'on puisse être à ce point trompé... et pourtant. La fin du livre tente bien de rééquilibrer le tout mais non seulement la théorie est vaseuse en plus d'être alambiquée et totalement invraisemblable, mais aussi et surtout, il est bien trop tard.
Pour faire simple: d'un côté, on a le vilain industriel méchant-pas-beau, père indigne, requin de la finance et plein aux as, de l'autre, la gentille et mignonnette biologiste très impliquée dans son travail, pleine à ras bord de beaux sentiments dégoulinants sur les jolis animaux sauvages et s'exprimant dans de grandes envolées lyrico-scientifiques martelant ses vérités péremptoires et paradoxalement vides de sens à grands coups de points d'exclamation. Pas besoin de beaucoup se forcer pour l'imaginer en train de trépigner comme une gamine de douze ans qui pique son caprice dans sa cour de récréation (en l'occurrence, la jungle).
Crédibilité? Proche du zéro absolu. Et c'est bien là que le bât blesse. On n'y croit pas une seule seconde. Pas à un seul instant on ne se sent concerné par ce qui arrive aux personnages. Pire encore: on ne s'y attache même pas, tant ils sont creux et prévisibles. De là, il apparaît bien difficile de faire adhérer le lecteur à un message - aussi important soit-il - quand le support lui-même est à ce point bancal.
Ensuite, au delà du point final du roman, on a droit à... la note de l'auteur. Et la déception - déjà bien ancrée - se mue en colère. Parce que non content de nous avoir asséné son discours lénifiant pendant 363 pages, Yannick Monget estime nécessaire en sus de nous prendre par la main pour nous détailler la symbolique de son histoire. C'est vrai quoi. On ne sait jamais. Les lecteurs d'aujourd'hui sont très certainement dotés d'un cerveau si atrophié qu'il faille prévoir une assistance 24 heures sur 24 pour leur expliquer ce qu'ils viennent de lire. En bref, une blague de mauvais goût qui clôt un roman sans grande saveur.
Vous me direz qu'on peut faire dans la caricature et produire une oeuvre tout à fait honorable. C'est vrai. Mais pour parvenir à un tel résultat, il convient de s'appuyer sur un style maîtrisé et une certaine richesse du langage. Là encore... Raté. Stylistiquement très pauvre, la prose est ennuyeuse pour ne pas dire rasoir. Les scènes d'action sont en ce sens très représentatives de cette pauvreté: le cheminement en est heurté, il ne s'agit que d'une simple description de faits sans mention des personnages impliqués et notamment de leurs réactions, le rythme est inexistant, et pour la fluidité, on repassera. De la même manière - et j'en reviens à l'impossibilité de s'attacher aux personnages - les rares tentatives de l'auteur en terme d'introspection psychologique tombent à plat. Idem pour la représentation des états d'âme des protagonistes. D'un vide inter-sidéral.
Et enfin, parce que je ne peux décemment pas passer à côté, l'auteur devrait apprendre à se servir d'un dictionnaire des synonymes. Ce n'est pas tant qu'il ne s'en sert pas... mais plutôt qu'il s'en sert trop. Quand je vois trois fois le verbe "tarauder" dans les 43 premières pages (format roman, voyez ce que ça peut faire sur un écran d'ordinateur... une petite vingtaine?), je me gondole de rire. Dans le même genre, on a droit, notamment dans les dialogues, à l'emploi de termes en total décalage avec notre époque, le plus souvent bien trop soutenus et qui rendent le discours totalement artificiel.
Bref, vous l'aurez sûrement compris, j'ai détesté ce livre. Je me suis profondément ennuyée et l'impression de perdre mon temps ne m'a pas lâchée une seconde. Quant au discours écolo en lui-même... Oui, cela partait d'une bonne intention mais ce n'est pas de cette manière que le message passera. Trop grossier. Trop téléphoné. Trop martelé jusqu'au point de le vider totalement de son sens. Réfléchir à la place des gens a de tout temps montré ses limites. Par contre, offrir les éléments, objectivement, sans jugement hâtif, sans leçon moralisatrice, et laisser tout un chacun se forger sa propre opinion et sa propre philosophie sur le sujet est autrement plus constructif.
Un "Ravage" de Barjavel, ça vous dit?